Démineurs : quelle influence James Cameron a-t-il eue sur le film ?

Kathryn Bigelow doit lui dire merci !

Démineurs : quelle influence James Cameron a-t-il eue sur le film ?

Le scénario de "Démineurs" était fait pour être transposé à l’écran par Kathryn Bigelow. Hésitante avant de se lancer dans la préparation de ce chef-d’œuvre de tension et d’épuisement, la réalisatrice a pu compter sur le soutien de son ex-mari James Cameron.

Démineurs : une expérience viscérale signée Kathryn Bigelow

En 2009, sept ans après K-19 : Le piège des profondeurs et quatre ans avant Zero Dark Thirty, Kathryn Bigelow réalise un autre film de guerre avec Démineurs. Le long-métrage dévoile le quotidien de la Bravo Company, déployée à Bagdad. Composée en partie du sergent JT Sanborn (Anthony Mackie) et de l’artificier Owen Eldridge (Brian Geraghty), l’escouade de soldats américains est chargée de désamorcer les bombes trouvées dans le secteur.

Après la mort de leur supérieur, les deux militaires voient débarquer son remplaçant William James (Jeremy Renner). Tête brûlée accro à l’adrénaline, le démineur prend des risques inconsidérés dès ses premières interventions. Rapidement, la tension monte au sein du groupe. Les décisions et l’impulsivité de James effraient de plus en plus Sanborn et Eldridge.

Evangeline Lilly, Guy Pearce, David Morse et Ralph Fiennes complètent la distribution de Démineurs. Du souffle d’une explosion à la pression insoutenable provoquée par la découverte d’un engin susceptible de tout ravager sur plusieurs centaines de mètres, le film décrit de façon viscérale la guerre vécue par ses trois personnages principaux. L’usage de la caméra portée prend ici tout son sens, renforce la sensation d’urgence permanente et laisse le spectateur complètement lessivé.

Mettre en scène la peur

Kathryn Bigelow est une réalisatrice qui s’intéresse souvent à la quête des émotions extrêmes et au besoin irrémédiable d’être en danger pour se sentir vivant. C’est évidemment le mantra de Bodhi, le surfeur incarné par Patrick Swayze dans Point Break : Extrême Limite. Dans Aux frontières de l’aube, Adrian Pasdar ne résiste pas à l’appel des vampires menés par Lance Henriksen. Dans Blue Steel, Jamie Lee Curtis tombe sous le charme d’un agent de change. Ce dernier est en réalité un redoutable psychopathe. Enfin, dans le futuriste Strange Days, des vidéos immersives permettent de vivre tous types de fantasmes par procuration.

Démineurs
Démineurs © SND

Avec Démineurs, la cinéaste s’intéresse à la peur et au pouvoir de l’adrénaline. Durant la promotion, elle explique, citée par Allociné :

La peur a mauvaise réputation, mais je pense que ce n'est pas justifié. La peur permet de clarifier les choses car elle vous oblige à vous focaliser sur ce qui est important, en laissant de côté ce qui est accessoire. Lorsque Mark Boal, le scénariste, est rentré d'un reportage en Irak, il m'a parlé de ces soldats qui désamorcent des bombes en pleine zone de combat – ce qui, de toute évidence, est une mission réservée aux hommes les plus qualifiés qui s'en acquittent au péril de leur vie. Quand il m'a raconté qu'ils étaient totalement exposés et qu'ils n'utilisaient rien d'autre que des pinces pour désamorcer une bombe suffisamment puissante pour faire des victimes à 300 mètres à la ronde, j'ai été sonnée...

James Cameron fair-play

Lors de la préparation de Démineurs, Kathryn Bigelow parle du projet à son ex-compagnon James Cameron. Divorcés en 1991 après deux ans de mariage, les deux réalisateurs restent proches. Ils ont une profonde admiration pour leur travail respectif et collaborent à plusieurs reprises. C'est notamment le cas sur Strange Days, écrit par l’auteur de Titanic.

Interrogée par l’Indian Express en 2010, Kathryn Bigelow assure que James Cameron l’a vivement encouragée à se lancer dans la production de Démineurs. Elle déclare ainsi :

Il m’a aidée à prendre la décision de démarrer ce projet. C’est lui qui est derrière tous ces Oscars.

Malgré son faible score au box-office américain, le long-métrage n’ayant rapporté que 17 millions de dollars pour un budget estimé à 15, Démineurs s’impose effectivement comme le grand vainqueur aux Oscars en 2010. Il repart avec 6 statuettes : Meilleur film, Meilleur réalisateur (remis pour la première fois à une réalisatrice), Meilleur scénario original, Meilleur montage son et Meilleur mixage son. À l’inverse, Avatar demeure à ce jour le plus gros succès cinématographique mondial. Mais le blockbuster décroche "seulement" trois trophées au cours de la cérémonie : Meilleure photographie, Meilleurs effets visuels et Meilleure direction artistique.

James Cameron, qui compare l’affrontement entre les deux films durant la soirée à celui de David contre Goliath, se montre fair-play envers Kathryn Bigelow. Cité par Collider, il affirme à EW :

Je ne lui en veux pas. Je ne pouvais pas penser à un meilleur résultat pour nos vies. J'ai eu mon Oscar. Elle a eu son Oscar.