Harrison Ford et Brad Pitt à l’affiche, Alan J. Pakula à la réalisation… Avec ces trois grands noms du cinéma américain, « Ennemis rapprochés » pourrait sonner comme un grand film des années 90. Malheureusement, le film est surtout resté dans l’Histoire pour son tournage chaotique et un des pires vécus par Brad Pitt.
Ennemis rapprochés : le dernier film d’un grand cinéaste
Alan J.Pakula fait partie des réalisateurs américains majeurs des années 70. Ainsi, dans une époque où le public n’a plus confiance en ses propres institutions, il met notamment en scène un thriller politique culte : Les Hommes du Président avec Robert Redford et Dustin Hoffman. Malgré une « courte » filmographie (seulement une quinzaine de films en 30 ans de carrière), il fut un réalisateur et producteur éminemment respecté à Hollywood.
Sorti en 1997, Ennemis rapprochés est son dernier film, avant qu’il ne décède tragiquement d’un accident de la route le 19 novembre 1998. Le film est marqué par la collaboration entre Harrison Ford et Brad Pitt qui est, à l’époque, un jeune acteur montant de la scène cinématographique.
En ce qui concerne le synopsis d’Ennemis rapprochés, ce dernier suit Rory Devaney, membre actif de l'IRA, qui est chargé par son groupe de récupérer une importante quantité d’armes aux Etats-Unis. Arrivé sur place, il prend une nouvelle identité et se retrouve hébergé chez Tom O'Meara, un policier new-yorkais d'origine irlandaise qui ignore tout des activités de Rory. Alors qu’au départ, une franche amitié naît entre les deux hommes, leurs univers diamétralement opposés vont les amener à inévitablement s'affronter.
Commercialement, le film va bien marcher avec 140 millions de dollars récoltés. En coulisses néanmoins, c’est une autre histoire…
Entre clashs et réécritures
En 1992, Brad Pitt reçoit sur la table le scénario d’Ennemis rapprochés. À l’époque, la star n’est pas encore immensément connue, ce qui ne lui permet pas de faire bouger les choses pour que le projet avance. Trois ans plus tard, le comédien a gagné en réputation, ce qui lui permet de suggérer aux producteurs d’intégrer Harrison Ford. En effet, l’acteur est une immense star, ce qui peut permettre au projet d’enfin démarrer les machines. Le comédien accepte, et l’aventure peut débuter.
Malheureusement, la joie est de courte durée puisqu’une fois à bord, Harrison Ford exige non seulement une réécriture du script, mais également que son personnage soit retravaillé en profondeur. Craignant de devenir un second rôle dans un film que l’interprète d’Han Solo veut visiblement rendre semblable à Le Fugitif (carton dans lequel il a joué), Brad Pitt réplique aussitôt en demandant lui aussi que son personnage soit réécrit.
Cette lutte d’egos prend alors un virage clownesque puisque lorsque le tournage débute, le scénario n'est même pas fini, à force de réécritures en tout genre. Devant ce capharnaüm ambiant, les deux stars vont se fâcher à plusieurs reprises sur le plateau. Pitt va même jusqu’à menacer de quitter le film. Toutefois, il est vite rattrapé par la réalité du contrat puisque son départ équivaudrait à ce qu'il rembourse d’importantes indemnités (on parle de plus de 50 millions de dollars !).
Entre explosions de budgets et scandales
En parallèle, le budget du film va littéralement exploser, passant de 50 millions de dollars à 90 millions de dollars. Les choses ne vont d’ailleurs pas s’arranger par la suite puisqu’à deux mois de la fin de tournage, l’ultime scène doit être intégralement refaite car Pakula n’est pas satisfait du résultat. Un bordel tel que le trailer du film est constitué de plusieurs scènes qui ne font pas partie du montage final. Pas surprenant donc que, lors de la promotion d’Ennemis rapprochés, Harrison Ford et Brad Pitt se montrent très froids pour vendre le film à la presse et au public. D’ailleurs, si les deux hommes vont nier leurs embrouilles sur le tournage, ils ne collaboreront plus jamais ensemble, malgré les bons mots dits par Brad Pitt à l'égard d'Harrison Ford en interview.
Comme si le film n’avait pas été assez usé par les polémiques en tout genre, il s’ajoute un nouveau scandale totalement indépendant de sa volonté. En effet, quelques mois avant sa tragique disparition, la princesse Diana souhaite voir le film en compagnie de ses deux enfants William et Harry. Toutefois, le film étant interdit aux moins de 15 ans, les deux frères ne peuvent le visionner en raison de leur trop jeune âge. Lady Di va pourtant user de son influence pour convaincre un cinéma de la laisser regarder le film avec ses enfants, en dépit de l’interdiction.
La presse mis au courant par l’affaire, la princesse de Galles va subir un véritable tollé, au point de devoir présenter des excuses publiques !