Gladiator : le jour où Joaquin Phoenix a terrorisé Connie Nielsen

Une improvisation mémorable

Gladiator : le jour où Joaquin Phoenix a terrorisé Connie Nielsen

La fabrication du grand film "Gladiator" de Ridley Scott n'a pas été de tout repos pour ses interprètes, qui devaient composer avec une réécriture permanente du scénario pendant le tournage. Ajoutons à ça un Joaquin Phoenix très inspiré qui a improvisé certaines lignes de dialogues, dont une qui a particulièrement effrayé Connie Nielsen.

Gladiator, l'empereur des péplums

En 2000, Ridley Scott présente un de ses plus grands films : Gladiator. Un film historique éblouissant, un péplum parfait relatant l'histoire de Maximus, général roman déchu réduit en esclavage, puis devenu un gladiateur légendaire et le sauveur de Rome. Un film qui emprunte un peu à la réalité et et beaucoup à la pure fiction, en inventant le personnage de Maximus face aux véritables empereurs Marc-Aurèle et son fils Commode.

Le film est un immense succès critique et commercial, récompensé notamment par cinq Oscars - pour onze nominations -, dont celui du meilleur film et meilleur acteur pour Russell Crowe. Une démonstration de cinéma brillante, d'autant plus qu'on pensait alors le genre du péplum au mieux épuisé, au pire ringard.

Gladiator
Gladiator ©United International Pictures

Joaquin Phoenix, déjà génial

Au premier rang de ses mille mérites, Gladiator profite d'un casting brillant. Russell Crowe compose un héros inoubliable, est récompensé par l'Oscar du meilleur acteur et devient une superstar. Mais il n'est pas le seul à tirer son épingle du jeu puisque Connie Nielsen (Lucilla, fille de Marc-Aurèle et soeur de Commode), et Joaquin Phoenix sont remarqués pour leur performance. Ce dernier, encore peu connu avant d'entrer au casting de Gladiator, y livre une performance majeure et terrifiante. Et la qualité de ses scènes repose en partie sur son don pour l'improvisation. Il incarne dans Gladiator Commode, fils de Marc-Aurèle, ambitieux mais lâche, maléfique et vicieux.

Après avoir précipité la mort de son père très affaibli, parce que ce dernier refusait de lui confier la destinée de Rome, il ordonne d'exécuter Maximus ainsi que sa famille, craignant que Maximus ne devienne son ennemi. En voulant tuer le glorieux général, il fait ainsi naître le gladiateur avide de vengeance.

Gladiator
Gladiator ©United International Pictures

Joaquin Phoenix excelle dans ce rôle, et reçoit une nomination en 2001 à l'Oscar du meilleur acteur dans un second rôle. Il propose dans ce film quelques passages particulièrement effrayants, notamment avec sa soeur Lucilla, dont il est amoureux mais qu'il torture psychologiquement. Jaloux de Maximus, que Lucilla admire, c'est dans leur relation que Joaquin Phoenix déploie toute la noirceur de son personnage, au point même d'avoir terrorisé Connie Nielsen pendant le tournage.

"Am I not merciful ?" : une improvisation très efficace

C'est en effet pendant une séquence-clé, qui précède l'affrontement au Colisée entre Commode et Maximus, que Joaquin Phoenix a plus que déstabilisé l'actrice danoise. Alors que Commode a découvert qu'un complot se préparait contre lui et que sa soeur en faisait partie, il lui explique qu'elle n'a d'autre choix maintenant que de lui obéir en tout point, de l'aimer et de lui donner un héritier, sinon elle mourra. Il lui pose ainsi cette question "am I not merciful ? " ("ne suis-je pas miséricordieux" ? en VF). Il lui caresse le visage avant de s'approcher comme pour l'embrasser, et elle se détourne. C'est alors qu'il répète la question en hurlant, ce qui était une pure improvisation de la part de Joaquin Phoenix (à partir de 1'50 dans la vidéo).

Connie Nielsen offre donc une réaction terrifiée et tout à fait authentique à cette improvisation de l'acteur, rendant cet échange parfait pour symboliser la terreur qu'inspire Commode. Bien loin de lui en vouloir d'avoir pris cette liberté, l'actrice est revenue sur le film à l'occasion d'une interview donnée à Collider en mars 2021, et sur sa relation de travail avec les deux acteurs :

L'expérience de travailler avec des acteurs passionnants comme Joaquin et Russell est quelque chose qui enrichit n'importe quelle scène. On ne sait jamais ce qu'ils vont faire et c'est la meilleure sensation. Comme quand on est un acteur qui ne se soucie pas de savoir s'il en fait trop mais se donne à fond, avec courage, se montre imprévisible, c'est un véritable cadeau pour faire de grandes scènes comme ça.

Un casting devenu légendaire, avec des méthodes de travail formidables, pour un film qui ne pouvait au final qu'entrer de plain pied dans la légende du cinéma.