La Leçon de piano : pourquoi Jane Campion regrette la fin de son film ?

"Je n'avais pas le culot"

La Leçon de piano : pourquoi Jane Campion regrette la fin de son film ?

[Attention, cet article contient des spoilers !] En 1993, Jane Campion connaît un énorme succès critique avec "La Leçon de piano". Des années après la sortie du drame porté par Holly Hunter et Harvey Keitel, la réalisatrice continue de penser qu'il aurait dû se terminer autrement.

La Leçon de piano : la consécration pour Jane Campion

Avant The Power of the Dog et Bright Star, Jane Campion connaît un succès critique retentissant avec La Leçon de piano. Sorti en 1993, le long-métrage débute avec le départ d'Écosse d'Ada McGrath (Holly Hunter) et de sa fille Flora (Anna Paquin), au XIXe siècle. Depuis la mort de son mari foudroyé, Ada n'a plus prononcé un mot selon les récits de la petite Flora. Autrefois chanteuse d'opéra, elle s'exprime désormais par la langue des signes et par le biais de son piano.

À son arrivée en Nouvelle-Zélande, la musicienne est privée de son instrument, difficilement transportable jusqu'à la demeure de son époux Alisdair Stewart (Sam Neill), qu'elle ne connaît pas. Abandonné sur le rivage, le piano est par la suite récupéré par George Baines (Harvey Keitel), ami de Stewart. Ce dernier propose à Ada de venir jouer chez lui et de lui donner des leçons. En échange, elle devra répondre à ses demandes. Peu à peu, une attirance réciproque naît entre eux, sous les regards jaloux d'Alisdair.

La Leçon de piano
La Leçon de piano ©TF1 Video

Récompensé par la Palme d'or partagée avec Adieu ma concubineLa Leçon de piano repart également avec le Prix d'interprétation féminine du Festival de Cannes, décerné à Holly Hunter. La comédienne remporte aussi l'Oscar de la Meilleure actrice, et sa jeune partenaire Anna Paquin celui de la Meilleure actrice dans un second rôle, alors qu'il s'agit de son premier film. Jane Campion décroche quant à elle la statuette du Meilleur scénario original, même si le long-métrage s'inspire du roman Histoire d'un fleuve en Nouvelle-Zélande de Jane Mander.

Le regret de la réalisatrice à propos de la fin

En 2013, lors de la promotion de la série Top of the Lake, la réalisatrice revient sur La Leçon de piano auprès du magazine Radio Times. La cinéaste assure qu'elle regrette la conclusion du film. Dans les dernières minutes du drame, Alisdair Stewart demande à Ada, Flora et George de partir. Le trio embarque à bord d'un bateau et l'héroïne souhaite que le piano, qui n'est plus qu'un cercueil pour elle, soit jeté par-dessus bord. Le pied coincé dans une corde attachée à l'instrument, elle se retrouve elle aussi projetée dans l'eau et alors qu'elle se laisse couler, elle finit par se débattre pour se délier et remonter à la surface.

Ada explique ensuite en voix-off qu'elle a refait sa vie avec George, qu'elle peut continuer à enseigner le piano et qu'elle réapprend à parler. Un épilogue inutile selon Jane Campion, qui déclare à Radio Times, citée par le Daily Mail :

Je me suis dit : 'Pour l'amour du ciel, elle aurait dû rester sous l'eau'. Ça paraîtrait plus réel, n'est-ce pas ? Ça aurait été mieux. Je n'avais pas le culot à l'époque.

Un point de vue que ne partage pas Holly Hunter, qui assure de son côté :

C'est quelque chose que Jane a tourné et retourné dans sa tête, le fait d'en finir là. Et elle y pense encore ! Moi, j'aime que ce soit une rêverie pour Ada, pas un cauchemar ou quelque chose qui la hante. Ça l'apaise.