Les Nerfs à vif : quand Robert De Niro terrifiait Martin Scorsese

Un génie !

Les Nerfs à vif : quand Robert De Niro terrifiait Martin Scorsese

Sorti en 1992 en France, "Les Nerfs à vif" est la septième collaboration entre Robert De Niro et Martin Scorsese. Malgré l’habitude de tourner avec son acteur fétiche, le réalisateur a été terrifié par sa transformation pour incarner le redoutable Max Cady.

Les Nerfs à vif : un monstre à abattre

En 1962, dans l’adaptation du roman Un monstre à abattre de John D. MacDonald intitulée Les Nerfs à vif, Robert Mitchum prête ses traits à Max Cady. Un criminel imprévisible, charismatique et quasiment mutique, dont les mouvements lourds et amples renferment une violence prête à surgir.

Une violence que Robert De Niro n’hésite pas à laisser jaillir de manière outrancière trente ans plus tard lorsqu’il reprend le rôle du tueur fraîchement libéré de prison et désireux de se venger. Dans Les Nerfs à vif, premier remake de Martin Scorsese avant Les Infiltrés, Max Cady compte bien apprendre le sens du mot échec à son ancien avocat. Emprisonné pendant quatorze ans pour viol et violences sur mineure, l’antagoniste estime que Sam Bowden (Nick Nolte) ne lui a pas accordé la défense qu’il méritait.

Malgré des retrouvailles un brin inquiétantes avec son ancien client, Bowden ne s’alarme pas du retour de Cady dans sa petite vie bien tranquille. Mais l’ange exterminateur commence rapidement à le persécuter et à révéler les failles de sa famille. Peu à peu, l’avocat, son épouse Leigh (Jessica Lange) et sa fille Danielle (Juliette Lewis) sombrent dans la peur.

Lors de sa sortie, Les Nerfs à vif s’impose comme le plus gros succès commercial du cinéaste à l'origine de Taxi Driver et Raging Bull. Le long-métrage totalise plus de 180 millions de dollars au box-office mondial. Le réalisateur hésite pourtant longuement à se lancer sur ce projet, peu convaincu par les premières versions du script. Il se laisse néanmoins convaincre par Steven Spielberg. Censé le mettre en scène, ce dernier préfère le confier à son ami pour se consacrer à La Liste de Schindler.

Plus qu'un simple remake

Les Nerfs à vif multiplie les clins d’œil à son prédécesseur. Le compositeur Elmer Bernstein reprend notamment le thème musical oppressant créé par Bernard Herrmann. Les trois acteurs principaux de la première adaptation - Robert Mitchum, Gregory Peck et Martin Balsam - tiennent par ailleurs chacun un rôle dans le remake.

Mais au-delà de se calquer sur le film réalisé par Jack Lee Thompson, Martin Scorsese insuffle ses propres obsessions à cette histoire de vengeance. La culpabilité devient ainsi l’un des moteurs du récit. Elle empêche Sam Bowden d’agir à plusieurs reprises. La collègue avec laquelle il flirte va subir le courroux de Cady et malgré les actes de torture, l’avocat va rester pendant un temps dans le déni auprès de son épouse.

Les Nerfs à vif
Les Nerfs à vif © Universal Pictures

Qu’il s’agisse de pulsions sexuelles, de colère ou de violence, Max Cady va faire exploser les inhibitions au sein de la famille Bowden. Et la performance excessive de Robert De Niro colle à merveille à cette bascule. Comme toujours, le comédien prépare son rôle de manière méticuleuse. Ce qui ne l’empêche cependant pas d’improviser certaines scènes. C'est par exemple le cas de celle de l’auditorium avec Juliette Lewis, sommet de malaise du thriller.

Un acteur habité

L'acteur s’astreint à un entraînement physique intense pour tomber à 3% de masse graisseuse et obtenir des muscles saillants, recouverts de tatouages bibliques. Il débourse également 5000 dollars chez le dentiste pour que ses dents ressemblent à celle d’un prisonnier ayant passé plus de dix ans derrière les barreaux. Une fois le tournage terminé, la star paye 20 000 dollars supplémentaires pour qu’elles retrouvent leur aspect d’origine.

Mais ce n’est pas l’apparence de l’acteur qui effraie le plus Martin Scorsese, comme l’explique Screenrant. Robert De Niro peaufine un accent du sud des États-Unis avec lequel il s’amuse à terroriser son fidèle collaborateur. Pendant longtemps, l’acteur laisse des messages en prenant la voix du personnage sur le répondeur du cinéaste. Un travail méthodique pour une performance effrayante qui lui vaut d'être nommé aux Oscars pour la sixième fois.