Les Traducteurs : comment Dan Brown a inspiré le film ?

Une histoire pas si fictionnelle...

Les Traducteurs : comment Dan Brown a inspiré le film ?

Dans "Les Traducteurs", un éditeur enferme neuf traducteurs de nationalités différentes dans un bunker afin d’éviter la moindre fuite de son prochain bestseller. Un thriller pour lequel le réalisateur Régis Roinsard s’est inspiré d’une situation similaire organisée pour le roman "Inferno" de Dan Brown.

Les Traducteurs : la fuite interdite

Sept ans après la comédie Populaire, le réalisateur Régis Roinsard signe son deuxième long-métrage avec Les Traducteurs. Sorti en 2020, le film débute à l’approche de la parution d’un futur bestseller : L’Homme qui ne voulait pas mourir, l’ultime volet de la trilogie Dedalus, du mystérieux écrivain Oscar Brach.

Désireux de préserver sa poule aux œufs d’or, l’éditeur Eric Angstrom (Lambert Wilson) impose des conditions particulièrement strictes aux neuf traducteurs de l’ouvrage. Installés dans un bunker situé sous un manoir français, ils sont dans l’obligation de vivre reclus et n’ont droit à aucun contact avec l’extérieur. De quoi garantir à Angstrom des recettes colossales.

Trois semaines après l’entrée des traducteurs dans le bunker, les dix premières pages du roman apparaissent sur la Toile. Le hacker à l’origine de cette fuite exige une rançon, menaçant de dévoiler le reste de l’ouvrage. Déterminé à débusquer le coupable, l’éditeur va alors révéler que sa cupidité n’a aucune limite.

Les Traducteurs
Les Traducteurs © Vivendi Content

Alex Lawther, Olga Kurylenko, Sidse Babett Knudsen, Eduardo Noriega, Ricardo Scamarcio, Frédéric Chau, Anna Maria Sturm, Maria Leite et Manolis Mavromatakis forment l’équipe de traducteurs. Sara Giraudeau et Patrick Bauchau complètent la prestigieuse distribution du long-métrage.

Régis Roinsard inspiré par la traduction d’Inferno

Après la sortie de son premier film, Régis Roinsard découvre l’organisation hors norme mise en place pour la traduction d’Inferno de Dan Brown. Cité par Allociné, le cinéaste explique comment il a trouvé un point de départ scénaristique pour Les Traducteurs :

Je suis tombé sur plusieurs articles autour de la traduction du livre de Dan Brown, Inferno. Douze traducteurs internationaux avaient été enfermés dans un bunker en Italie pour traduire son dernier roman. Ce qui m’a interpellé et fasciné, c’est qu’un produit culturel nécessite qu’on le protège comme s’il s’agissait de pierres précieuses. À partir de là m’est venu le célèbre 'Et si…', propre à la genèse de toute fiction : 'Et si le livre était volé, piraté malgré toutes les précautions prises ? Et si on demandait une rançon pour ne pas le publier sur le Net ?' J’avais mon sujet !

Une expérience stressante

En 2020, Dominique Defert et Carole Delporte se souviennent de leur expérience de traducteurs sur le quatrième volet des aventures de Robert Langdon, ainsi que sur sa suite Origine. Lors d'une table ronde au Centre national du livre (CNL), Dominique Defert raconte à propos de leur collaboration, comme le rapporte Franceinfo :

Je suis arrivé en premier dans le bunker. J'ai dû lire le texte (600 pages) en anglais en un jour et demi, puis en faire un petit résumé à l'éditeur. Et ensuite j'ai fait un planning.

Après avoir signé un solide contrat de confidentialité, les deux collègues se sont séparés de leurs appareils électroniques, précautionneusement placés dans un coffre. "Pour éviter que des fichiers cryptés puissent sortir du bunker", les données de leurs ordinateurs sont rigoureusement supprimées. Le traducteur ajoute :

C'était pas fun, quinze personnes enfermées pendant 12 heures (de 9 heures à 21 heures) dans un open space, sans fenêtres. (…) On était par nationalité. C'était un peu une ambiance J.O. avec des drapeaux sur les tables de travail. Du coup dans le bunker, c'était tendu. Il y a du stress. Certains maigrissaient à vue d'œil.

Les Traducteurs
Les Traducteurs © Vivendi Content

Une atmosphère propice à "une certaine paranoïa à l’intérieur du bunker". Cette dernière se ressent d’ailleurs dans le thriller hitchcockien de Régis Roinsard. Dans cet environnement surveillé par deux gardes armés, ils ont dû se créer "un cocon" pour surmonter la pression et tenir un rythme éprouvant :

A chaque moment on se demandait si on allait s'en sortir. On devait traduire 22 pages par jour. (…) On sait que l'on va être lus à la loupe. Les éditeurs reçoivent des tonnes de lettres qui relèvent les éventuelles erreurs.

Un travail harassant au cours duquel ils n’avaient donc pas le droit de "se planter".