L'Hermine : le film s'inspire-t-il d'une histoire vraie ?

Un travail en immersion

L'Hermine : le film s'inspire-t-il d'une histoire vraie ?

25 ans après "La Discrète", Christian Vincent retrouve Fabrice Luchini pour "L’Hermine". Un film dans lequel le comédien incarne un président de cour d’assises perturbé pendant un procès. Avant le tournage, le réalisateur a effectué un long travail documentaire pour rendre l’intrigue crédible et juste, s’inspirant notamment d’une affaire similaire à celle du récit.

L’Hermine : coup de foudre à la cour d’assises

L’impulsion de Christian Vincent et du producteur Mathieu Tarot (Gemma Bovery) pour L’Hermine naît de l’envie de collaborer à nouveau avec Fabrice Luchini. Après le court-métrage Il ne faut jurer de rien et La Discrète, le cinéaste et le comédien se retrouvent donc pour cette comédie dramatique sortie en 2015.

L’acteur prête ici ses traits à Michel Racine, président de cour d’assises à Saint-Omer. S’il suscite la crainte, le magistrat subit aussi les moqueries de ses collègues, notamment pour s’être fait renvoyé du domicile conjugal par son ex-compagne. Grippé et ayant entendu les railleries de ses confrères, Racine débute un nouveau procès en n’étant pas vraiment au meilleur de sa forme. L’affaire est sordide : un homme est accusé d’avoir tué son nourrisson en lui donnant des coups à la tête.

L'Hermine
L'Hermine © Gaumont

Alors qu’il n’exerce déjà pas dans des conditions optimales, le président est encore plus troublé lorsqu’une femme qu’il semble connaître, Ditte (Sidse Babett Knudsen, récompensée par le César du Meilleur second rôle féminin), vient prendre place parmi les jurés. Corinne Masiero, Éva Lallier et Michaël Abiteboul complètent la distribution de ce film où des sentiments viennent perturber les activités judiciaires de son personnage principal.

Un long travail de recherche

Pour que les scènes de procès fonctionnent, Christian Vincent s’est longuement documenté. N’ayant pas de connaissance précise de l’univers judiciaire, le réalisateur s’est notamment rendu au tribunal de Bobigny.

Il a pu assister à des procès d’assises en étant assimilé à un élève magistrat, c’est-à-dire qu’il a pu en découvrir les "coulisses" en se joignant aux jurés, aux juges assesseurs et au président pendant les suspensions de séance. Des moments que l’on retrouve d’ailleurs à plusieurs reprises et qui sont essentiels à la compréhension des personnages dans L’Hermine.

Le cinéaste a pu capter l’ambiance d’une salle d’audience et la retranscrire. Les touches d’humour parsemées dans le long-métrage ne sont par exemple pas anodines, comme il l’explique auprès de la RTBF :

En assistant à des procès, où vraiment, les cas étaient très lourds, j’ai été surpris de constater qu’il y a toujours un moment où le public, la Cour, a envie de se libérer de quelque chose, parce que la pression est très forte. Dans une salle d’audience, quel que soit le niveau de gravité des actes reprochés à l’accusé, il y a toujours un moment où on a envie de rire. C’est une soupape. On en a besoin pour supporter en fait, l’horreur parfois des faits reprochés. C’est terrible.

Une affaire similaire

Si Christian Vincent a assisté au procès de quatre hommes accusés de viol en réunion dans un local poubelle, l’affaire dépeinte dans L’Hermine ne vient pas de sa présence au tribunal. Avant de se lancer dans le scénario, il va également à la rencontre d’avocats pénalistes. C’est alors que l’un d’eux lui raconte une histoire similaire à celle du film. Il précise à propos de celle-ci :

À la place de sa femme, un type s’était accusé d’avoir tué sa petite fille à coups de santiags, et quand on lui avait demandé ce qu’il avait fait de ces santiags, il a prétendu les avoir brûlées. Il avait voulu protéger sa femme parce qu’elle avait déjà écopé d’une condamnation avec sursis pour maltraitance et il ne voulait absolument pas qu’elle aille en prison. Ensuite, il était revenu sur ses aveux et il l’avait accusée, elle. Voilà l’histoire qu’on m’a racontée.

Même s’il n’a pas pu avoir accès au dossier de l’affaire, le réalisateur a entamé l’écriture du script avec ce récit en tête. Il conclut ainsi :

Je m’inspire énormément de ce que j’entends, de ce que je vois. Je n’invente rien.