L’Ours : ce jour où Jean-Jacques Annaud a frôlé la mort sur le tournage

Les risques du métier

L’Ours : ce jour où Jean-Jacques Annaud a frôlé la mort sur le tournage

Sur le tournage de "L’Ours", Jean-Jacques Annaud a développé une excellente relation avec Bart, le plantigrade adulte et véritable star hollywoodienne. Mais au cours d’une séance photo, le cinéaste a gêné l’animal, ce qui a provoqué un accident qui aurait pu lui coûter la vie.

L’Ours : l’ode à la nature de Jean-Jacques Annaud

Après le succès de La Guerre du feu, Claude Berri laisse carte blanche à Jean-Jacques Annaud pour son prochain film. Désireux de proposer un divertissement familial, le cinéaste envisage une adaptation du roman Le Grizzly de James Oliver Curwood, écrite par le scénariste Gérard Brach. Pour soumettre l’idée de ce qui deviendra L’Ours au producteur, le réalisateur lui envoie la note suivante :

Un ourson orphelin, un grand ours solitaire, deux chasseurs dans la forêt. Le point de vue des animaux.

Si le long-métrage concorde avec ce pitch originel, il s’en écarte par deux aspects. Car s’ils se retrouvent séparés à plusieurs reprises, l’ourson n’est pas totalement isolé et l’adulte choisit la plupart du temps la solitude pour le protéger. L’histoire de ce duo attachant se déroule en Colombie-Britannique, en 1885. Durant la majeure partie du film, ils tentent d’échapper à Tom (Tchéky Karyo) et Bill (Jack Wallace). Ces deux chasseurs ressortiront transformés de cette traque dans des grands espaces renversants.

L'Ours
L'Ours © Pathé

Ode à la nature, L’Ours fait la part belle aux animaux à travers le récit poignant d’un plantigrade adulte qui tient à préserver un petit, et de ce dernier qui a bien du mal à le quitter et qui se retrouve désemparé sans lui. Sorti en 1988, le long-métrage est récompensé l’année suivante par les César du Meilleur réalisateur et du Meilleur montage.

Une star hollywoodienne

Avant que le tournage étalé sur 109 jours entre les Dolomites et l’Autriche ne débute, L’Ours nécessite une longue préparation. Douze oursons, dont dix mâles et deux femelles, sont dressés pendant quatre ans pour le rôle de Youk, l’adorable bébé. Ce qui permet à Jean-Jacques Annaud de se consacrer au thriller médiéval Le Nom de la rose avant les prises de vues. Par la suite, ils sont tous placés dans des zoos européens.

Pour l’adulte Kaar, c’est l’ours Bart qui est choisi. Né à Baltimore en 1977 et mort en 2000, l’animal est un habitué des plateaux. Après L’Ours, les spectateurs le retrouvent dans Croc-Blanc, L’Incroyable voyage, Légendes d’automne ou encore À couteaux tirés. Bruce Willis croise aussi sa route dans une scène mémorable de L’Armée des 12 singes.

Grosse frayeur pour Jean Jacques-Annaud

Dans son autobiographie Une vie pour le cinéma, parue en 2018 aux éditions Grasset, le réalisateur assure avoir développé "une excellente relation" avec Bart. Néanmoins, le 21 septembre 1987, Jean-Jacques Annaud frôle le pire.

Ce jour-là, le cinéaste se rend dans l’enclos de l’ours pour le photographier. Cité par BFMTV, il raconte :

Je franchis là une ligne que je n’ai jamais franchie, mais nous sommes tellement amis et je me sens autorisé à transgresser les règles de la territorialisation.

Au cours de cette séance qui a lieu dans une pente, le metteur en scène sort son viseur pour cadrer l’animal. Bart le frappe alors violemment, sans doute gêné par un reflet de lumière. Jean-Jacques Annaud tombe à plat ventre. Le réalisateur se souvient :

Il me saute dessus, mais il est tellement lourd qu’il a glissé et qu’il a du mal à remonter pour m’attraper. Il m’a raté de peu.

À terre, le cinéaste a le réflexe de faire le mort. Un comportement qui lui sauve la vie. Un épisode inoubliable, qui a "conforté (sa) passion pour le cinéma" malgré le danger.