Miraï, ma petite sœur sur Arte : un succès surprise aux États-Unis

Avec une nomination aux Oscars

Miraï, ma petite sœur sur Arte : un succès surprise aux États-Unis

Sorti en 2018, "Miraï, ma petite sœur", a connu un grand succès critique dans le monde. Si son réalisateur Mamoru Hosoda n’était pas très étonné d’obtenir des louanges en Europe, il l’a été bien plus quand le plébiscite est venu des États-Unis.

Miraï, ma petite sœur : l’œuvre d’un génie

D’un point de vue occidental, on a parfois tendance à croire que l’animation japonaise ne s’arrête qu’à Ghibli et Hayao Miyazaki. Pourtant, la japanimation regorge de réalisateurs talentueux. On a pu le voir en 2016 avec Makoto Shinkai qui a bouleversé le monde avec Your Name. Et on a pu le voir en 2018 avec Mamoru Hosoda et son film Miraï, ma petite sœur.

Le réalisateur nippon est loin d’être un novice dans ce domaine. En effet, Hosoda a déjà 28 ans de carrière à son actif. Recalé par Ghibli à ses débuts, il intègre par la suite le célèbre studio japonais de la Toei Animation, pour lequel il participe à l’animation de plusieurs dessins animés phares tels que Dragon Ball Z, Slam Dunk et Sailor Moon. Il réalise même ses premiers films grâce au studio avec Digimon le film, Digimon Adventure : Bokura no Uō Gēmu! et One Piece : Le Baron Omatsuri et l'Île secrète.

Toutefois, au cours des années 2000, il connaît une nouvelle désillusion avec Ghibli puisqu’il est viré du projet Le Château ambulant, du fait de divergences artistiques. Cet échec va cependant le booster, lui permettant de mettre en scène des films bien différents que ceux du studio géré par Miyazaki. Il connaît ainsi le succès avec les longs-métrages La Traversée du temps, Summer Wars, Les Enfants loups, Ame et Yuki et Le Garçon et la Bête. Reconnu internationalement, chaque film d’Hosoda est désormais attendu. Ce fut notamment le cas en 2018 pour Miraï, ma petite sœur.

En route pour les Oscars

Miraï, ma petite sœur suit Kun, un petit garçon de 4 ans qui vit une enfance heureuse avec ses parents. Son existence est toutefois bouleversée lorsque Miraï, sa petite sœur, vient au monde. Jaloux de ne plus être le centre de l’attention, il commence à passer régulièrement ses journées dans son jardin. C’est alors qu’il se retrouve propulsé dans un monde étrange où il côtoie notamment sa sœur du futur, son chien transformé en être humain, mais également son arrière-grand-père.

Miraï, ma petite sœur
Miraï, ma petite sœur ©Studio Chizu

Déjà sélectionné lors de la Quinzaine des réalisateurs au Festival de Cannes, Mamoru Hosoda a surtout eu l’honneur de voir son film être nommé à l’Oscar du meilleur film d’animation en 2019. Une nomination qu’il a lui-même eu du mal à expliquer, au micro de BFMTV :

Je ne m’attendais pas à ce que les Américains puissent l’aimer. Je pensais qu’ils n’allaient pas du tout comprendre mon film, qui est loin des canons hollywoodiens. C’est un film dont les personnages principaux sont des enfants et pourtant, il n’y a aucune histoire d’aventure. Il n’y a pas de scènes d’action, de catastrophes, rien de spectaculaire. Je pensais que les Américains n’aimaient pas ce genre de films dans lesquels il ne se passe rien. C’est pour cela que, très spontanément, quand je présentais le film, je prévenais les spectateurs pour ne pas les décevoir. Finalement, les Américains ont beaucoup aimé la relation familiale, l’amour que les parents portent à leurs enfants. Je me suis rendu compte que j’avais des préjugés sur les Américains.

Au final, Miraï, ma petite sœur n’a pas été récompensé (coiffé par Spider Man : New Generation), mais la sélection aux Oscars fut déjà une grande victoire pour le réalisateur.

Hosoda fan de Disney ?

Dans la suite de l’interview, Mamoru Hosoda relève que son film Miraï, ma petite sœur a eu comme concurrents aux Oscars deux films d’animation Disney : Les Indestructibles 2 et Ralph 2.0La présence de ces films l'a interrogé sur la place du cinéma d'animation aujourd'hui. Une réflexion qui fait d'ailleurs écho à un entretien qu'il a eu chez Télérama, et dans lequel il a fait preuve d’ironie en parlant de Disney. En effet, après avoir indiqué qu’il souhaitait faire des films qui parlaient à tout le monde sans tomber dans le style Disney, le metteur en scène a poussé l'explication plus loin :

J’ai une vision très critique de la façon de Disney de dominer le monde en termes de marketing. Avec l’animation, ils ont fait exactement la même chose que les États-Unis avec la farine : ils l’ont exportée partout ! Il n’empêche que j’ai beaucoup de respect pour les œuvres Disney, et j’en admire particulièrement certaines, comme La Belle et la bête que j’ai vu au moins cent fois.