Quai d'Orsay : que pense Dominique de Villepin du film ?

Dominique De Villepin est indirectement présent dans le film

Quai d'Orsay : que pense Dominique de Villepin du film ?

En 2013, Bertrand Tavernier livre son dernier film "Quai d'Orsay", avant son décès huit ans plus tard. Le long-métrage qui a pour sujet principal les arcanes politiques voit notamment son personnage principal être l'incarnation fictionnelle de Dominique de Villepin. Qu'en a pensé l'ancien homme fort du gouvernement français ?

Quai d'Orsay : au coeur des arcanes politiques françaises

Quai d'Orsay est avant tout une adaptation de la bande-dessinée du même nom, de Christophe Blain et Antonin Baudry. Malgré ses nombreuses récompenses littéraires, Bertrand Tavernier ne connaissait pas cette œuvre. Par ailleurs, il ignorait tout du milieu de la diplomatie hexagonale. Il aura alors fallu qu’un ami (qui fait d’ailleurs une brève apparition dans le film) lui fasse découvrir la BD en le lui offrant comme cadeau. L'ayant lu d'une traite, il demanda rapidement à son producteur et associé, Frédéric Bourboulon, d’en acheter les droits d’auteur.

Initialement pourtant, Abel Lanzac était contre une adaptation, craignant qu’elle ne trahisse son matériau de base. Toutefois, il fut plus rassuré lors de sa rencontre avec Tavernier. Bien lui en a pris puisqu'en plus d'un petit succès commercial, Quai d'Orsay a également reçu trois nominations aux César 2014. Au cours de cette cérémonie, Niels Arestrup a été récompensé par le prix du meilleur acteur dans un second rôle.

Quai d'Orsay
Quai d'Orsay ©France 2 Cinéma

Quai d'Orsay suit donc Alexandre Taillard de Worms, ministre charismatique des Affaires Etrangères. Un beau jour, il se voit aider par Arthur Vlaminck, jeune diplômé de l’ENA, qui doit se charger d'écrire les discours du ministre. Toutefois, ce dernier se rend vite compte qu'il évolue dans un monde de requins, entre coups bas et pressions exercées.

De Villepin indirectement présent dans le film

Après quelques minutes, on se rend vite compte que le personnage d'Alexandre Taillard de Worms (incarné avec brio par Thierry Lhermitte) est directement inspiré de l'homme politique Dominique de Villepin. En effet, ses cheveux poivre et sel, son allure élancée, son amour pour les lettres et son poste aux Affaires Etrangères rappellent clairement l'ancien bras droit de Jacques Chirac. Surtout, son discours prononcé vers la fin de Quai d'Orsay rappelle clairement celui tenu par De Villepin à l'ONU en 2003, contre l'intervention militaire en Irak. Un discours qui fait toujours de lui l'une des personnalités politiques françaises les plus célèbres des années 2000.

Dans un entretien réalisé avec le magazine La Dépêche, Bertrand Tavernier revient sur cette incarnation fictionnelle de l'ancien ministre des Affaires Etrangères :

J’ai souhaité faire une comédie où on abolit tout cynisme. Aussi, je ne voulais pas qu’on prenne ce personnage de haut ni qu’on s’en moque. On ne doit pas mélanger le comportement et le résultat. Or, toute cette équipe est arrivée à faire bouger les lignes. Et puis il y a eu le discours de l’ONU… J’aime calquer le rythme de mes films sur l’énergie des personnages et filmer les gens en état d’urgence. Avec de Worms, j’ai été servi…(...) J’ai immédiatement pensé à Thierry Lhermitte que j’avais fait débuter dans Que la fête commence. Dès que je lui en ai parlé il avait une telle joie à rentrer dans le projet… Pour incarner de Worms nous sommes de suite tombés d’accord : pas de copié-collé du modèle. Et on ne regarde pas la BD. Et il fallait que le personnage soit irritant et sympathique à la fois. Il nous a évité quand même une guerre…

Et qu'a pensé Dominique de Villepin lui-même de Quai d'Orsay ? Là aussi, le réalisateur répond :

 Il a été très amical. D’ailleurs, il avait aimé la BD. Après la projection, il a eu cette phrase : « Finalement, ils sont assez sympathiques, même leur chef ». Parlant bien sûr de lui, à la troisième personne…