Scandale : pourquoi Charlize Theron a hésité à jouer dans le film ?

"J’étais tiraillée à l’idée de l'incarner"

Scandale : pourquoi Charlize Theron a hésité à jouer dans le film ?

Dans "Scandale", Charlize Theron prête ses traits à Megyn Kelly. En recevant le script, la comédienne s’est d’abord sentie très mal à l’aise à l’idée d’incarner la journaliste controversée, victime du harcèlement sexuel de Roger Ailes, ancien président de Fox News.

Scandale : harcèlement chez Fox News

Sorti début 2020 en France et réalisé par Jay Roach (Austin Powers, Mon beau-père et moi), Scandale entraîne le spectateur dans les coulisses de la chaîne américaine Fox News. Le long-métrage suit l’évolution de trois journalistes peu de temps avant les révélations sur les actes de harcèlement sexuel et moral commis par Roger Ailes (John Lithgow), alors président de la chaîne.

Ses agissements sont mis en lumière en 2016 grâce à l’impulsion de Gretchen Carlson (Nicole Kidman). Ancienne co-animatrice de l’émission Fox & Friends, elle décide de dévoiler les nombreuses remarques sexistes dont elle a été victime, incluant celles de Roger Ailes. Si elle ne peut attaquer Fox News pour des raisons contractuelles, elle porte plainte contre son président, en partageant notamment des enregistrements.

Une initiative qui entraîne une libération de la parole chez les employées de la chaîne, dont celle de Kayla Pospisil (Margot Robbie), l’un des rares personnages inventés pour le film et basé sur plusieurs témoignages. En parallèle, Megyn Kelly (Charlize Theron), l’un des visages emblématiques de Fox News, hésite à se joindre au mouvement, tiraillée entre son ambition et ses convictions.

Scandale
Scandale © Metropolitan FilmExport

Allison Janney, Kate McKinnon, Malcolm McDowell, Connie Britton, Liv Hewson, Mark Duplass et Rob Delaney complètent la distribution de Scandale. L’affaire à l’origine du long-métrage entraîne la démission de Roger Ailes en juillet 2016, après 20 ans à la tête de Fox News et un an avant son décès le 18 mai 2017 à l’âge de 77 ans, à la suite d’une chute.

Le dilemme de Charlize Theron

Productrice du film nommée à l’Oscar de la Meilleure actrice pour son interprétation de Megyn Kelly, Charlize Theron hésite avant d’accepter le rôle. La comédienne est en désaccord profond sur de nombreux points avec la journaliste, qui a créé la controverse à plusieurs reprises, en s’exprimant sur le blackface ou en interviewant le théoricien du complot Alex Jones. Et si elle admire certaines de ses prises de position, la star se sent tout de même mal à l’aise à l’idée de lui prêter ses traits, comme elle l’explique au magazine W en 2019 :

J’ai adoré quand Megyn s’en est pris à (Donald) Trump. J’admirais sa finesse, son esprit. Elle était intrépide. Mais lorsque ma société de production (Denver and Delilah Productions, ndlr) a reçu le script de Scandale, j’étais tiraillée à l’idée de l'incarner. Je me suis sentie mal à l’aise avec certaines des choses qu’elle a dites.

Charlize Theron accepte finalement de se lancer, après avoir compris "sa force et son ambition", à travers lesquelles elle se reconnaît, mais aussi parce que le long-métrage ne sera pas uniquement centré sur elle. À ce propos, elle précise auprès de Vogue :

Elle n’est qu’un élément dans une histoire plus vaste, une histoire qui a marqué son époque. Je savais que c’était un personnage fabuleux, mais qu’il fallait absolument la montrer sous tous ses aspects, y compris les plus acerbes. (…) Ce que j’en déduis c’est que, bizarrement, on se ressemble. Nous sommes toutes les deux ambitieuses, avec une grande force de volonté et envie de réussir. Ce sont des qualités qu’on admire chez les hommes, mais pas toujours chez les femmes. Cela m’a touché et je me suis sentie proche d’elle.

Le point de vue de Megyn Kelly

Dans une vidéo mise en ligne sur YouTube en janvier 2020, Megyn Kelly revient sur Scandale. Elle évoque la performance de Charlize Theron, qu’elle ne parvient pas à juger tant elle se sent proche de cette prestation. Elle déclare à ce sujet :

C’est juste trop bizarre de voir quelqu’un qui te ressemble à l’écran, qui se fait passer pour toi.

La journaliste ajoute que si le long-métrage a "pris des libertés" avec son histoire, en partie avec la manière dont elle a choisi d’interroger Donald Trump, elle estime qu’il ne manque pas de véracité. La façon de retranscrire la tension qui émanait de l’ascenseur conduisant au bureau de Roger Ailes est par exemple juste selon elle. Ancienne employée de Fox News, Julie Zann assure quant à elle avoir vécu une situation de harcèlement sexuel similaire à celle du personnage de Margot Robbie.

Si elle n’a pas du tout apprécié la scène durant laquelle Kayla Pospisil (Margot Robbie) la critique pour son silence, Megyn Kelly considère qu’elle a sa place dans Scandale, étant donné qu’elle regrette de ne pas avoir témoigné. Elle conclut ainsi :

J’ai repensé à ma propre vie, à chaque instant à partir de ce moment-là et j’aurais aimé en faire plus. Même si j’étais impuissante, même si cela aurait été un geste suicidaire pour ma carrière, et si je m’étais contenté de dire : "Allez-vous faire foutre" ?