The Greatest Showman : le film est-il fidèle à la vie de P.T. Barnum ?

Un homme pas si sympathique

The Greatest Showman : le film est-il fidèle à la vie de P.T. Barnum ?

Précurseur du gigantisme américain et homme d’affaires ingénieux, P.T. Barnum est considéré comme l’une des toutes premières célébrités aux États-Unis. Cette figure incontournable du cirque ressemblait-elle vraiment à l’homme d’affaires fédérateur et bienveillant incarné par Hugh Jackman dans "The Greatest Showman" ?

The Greatest Showman : le plus grand cirque du monde

Selon Laurence Mark, l’idée de The Greatest Showman serait née durant la préparation de la cérémonie des Oscars de 2009, présentée par Hugh Jackman. Face aux prouesses de la star, le producteur aurait pensé à P.T. Barnum avec le coscénariste Bill Condon. Neuf ans plus tard, la comédie musicale débarque dans les salles obscures, avec l'interprète de Wolverine dans le rôle-titre.

Le film est centré sur un philanthrope considéré en son temps comme l’un des individus les plus célèbres des États-Unis. Après une enfance marquée par la pauvreté, Phineas Taylor Barnum rêve d’améliorer sa condition et celle de sa famille. Renonçant à un emploi de bureau, l’entrepreneur décide d’ouvrir un musée, soutenu par son épouse Charity (Michelle Williams) ainsi que leurs filles Caroline et Helen.

The Greatest Showman
The Greatest Showman © Walt Disney Studios Motion Pictures

Malgré des débuts compliqués, Barnum persévère. Le succès arrive lorsqu’il lance un freak show, dans lequel des artistes rejetés par la société se produisent. La troupe doit faire face à des remarques violentes et médisantes. Elle peut cependant compter sur l’obstination de celui qui popularise progressivement la notion de show-business et lance le plus grand divertissement jamais créé.

Zac Efron, Zendaya, Rebecca Ferguson et Yahya Abdul-Mateen II complètent la distribution de ce spectacle qui ne revêt pas l’allure d’un long-métrage d’époque. La direction artistique s’oriente vers des choix plus modernes. Cela se ressent avant tout dans les numéros virevoltants et les chansons composées par Benj Pasek et Justin Paul, le duo oscarisé de La La Land. The Greatest Showman est par ailleurs le premier film de Michael Gracey. Le réalisateur avait déjà collaboré avec Hugh Jackman sur une célèbre publicité pour la marque Lipton, dans laquelle l’acteur dévoilait ses talents de danseur.

Un biopic ? Pas vraiment

S’il se base bien sur la vie de P.T. Barnum, The Greatest Showman ne la retrace pas avec véracité. Dans la comédie musicale, le philanthrope est décrit comme un homme ouvert, généreux et aimant. Une pure figure hollywoodienne. En réalité, l’entrepreneur est loin d’être un enfant de chœur. Il se qualifie lui-même de "prince des charlatans" selon Allociné.

D’après Libération, P.T. Barnum lance sa carrière en exhibant Joice Heith, une esclave qu’il introduit comme la nourrice de George Washington et qui serait selon ses dires âgée de 160 ans. Après son décès en 1836, il fait payer le public pour assister à la dissection de son corps.

Dans son spectacle de freaks se croisent des frères siamois, un homme atteint de microcéphalie, la sirène des Fidji, Tom Pouce ou encore le cadavre du bandit Jesse James. Il va ensuite suivre le modèle de Carl Hagenbeck, qui fait fortune en Europe avec ses zoos humains. P.T. Barnum présente entre autres une troupe d’Aborigènes australiens cannibales ou encore des Japonais jongleurs. En bon entertainer, il leur invente une histoire pour faire frémir ses spectateurs. Il est par ailleurs accusé de maltraitance envers des animaux, à commencer par Jumbo, un éléphant mesurant près de quatre mètres de haut qui inspirera le célèbre Dumbo.

Le profit engendré par P.T. Barnum grâce au racisme et au colonialisme n’est jamais évoqué directement dans The Greatest Showman. Le message de tolérance véhiculé par le long-métrage ne correspond donc absolument pas à l’entreprise de cet homme d’affaires, décédé en 1891 à 80 ans. Loin d’être une figure paternelle bienveillante et fédératrice, il est en revanche un véritable génie de la publicité, comme le montre le film. Enfin, il collabore bel et bien avec la cantatrice Jenny Lind, le "rossignol suédois" interprété par Rebecca Ferguson. À l'inverse, l’histoire d’amour entre Anne Wheeler (Zendaya) et Phillip Carlyle (Zac Efron) est purement fictive, les deux personnages n’ayant pas existé.