Sparring sur Netflix : comment Mathieu Kassovitz a préparé son rôle de boxeur

Pas de traitement de faveur pour Mathieu Kassovitz

Sparring sur Netflix : comment Mathieu Kassovitz a préparé son rôle de boxeur

Dans "Sparring", Mathieu Kassovitz incarne un ouvrier de la boxe vieillissant et profondément touchant, qui compte plus de défaites que de victoires à son palmarès. Un rôle pour lequel l’acteur a voulu prendre de vrais coups.

Sparring : l’ultime combat d’un perdant flamboyant

Steve Landry est un boxeur sans véritable style, qui n’a remporté qu'une dizaine de combats sur la cinquantaine effectuée tout au long de sa carrière. Mais Steve sait prendre des coups. Rêvant d’un ultime duel victorieux et d’offrir un piano à sa fille qu’il espère plus talentueuse que lui, le sportif enchaîne les fins de mois compliquées jusqu’à ce qu’une opportunité s’offre à lui.

Lors d’un entraînement, il aperçoit le coach du champion Tareck M’Bareck dans son gymnase, à la recherche d’un sparring-partner. La quarantaine passée, il va saisir l’occasion de tenir un rôle que la majorité des boxeurs refuserait.

S’il connaît une trajectoire opposée à celle du légendaire Rocky Balboa, Steve sait lui aussi tenir la distance. Comme il le rappelle très justement à Tareck, les perdants sont nécessaires à la consécration des vainqueurs. Touchant et affichant une sérénité désarmante, au même titre que son envie d’y croire à tout prix et de reporter ses espoirs manqués sur sa fille, Mathieu Kassovitz trouve l’un de ses meilleurs rôles dans Sparring.

Sparring
Sparring © EuropaCorp

Dans ce drame de Samuel Jouy sorti en 2018, son personnage est stoïque, qu’il soit dans les cordes ou en dehors du ring : les épaules rentrées, la garde haute, Steve digère les crochets comme les humiliations, silencieux et concentré, avec l’humilité de ne plus attendre une heure de gloire qui ne viendra pas. Le long-métrage prend grâce à lui la forme d’un hommage sincère et entraînant "à tous ces boxeurs qu’on ne voit jamais", d’après son metteur en scène.

Pas de traitement de faveur pour Mathieu Kassovitz

Les coups que Steve reçoit, son interprète les encaisse réellement durant le tournage pour retranscrire le réalisme et l’intensité des combats, réalisés sans trucages. Mathieu Kassovitz refuse de se faire doubler, expliquant au Parisien à propos de ce choix :

On ne demande jamais aux acteurs de se taper dessus. D'habitude, au cinéma, on prend des cascadeurs pour les combats. Mais là, je ne voyais pas comment jouer ce rôle sans apprendre à recevoir des coups. Il fallait que j'attrape l'attitude.

Une attitude qui paraît naturelle pour l’acteur, déjà familier de la boxe thaïlandaise, qu’il pratique depuis 2008 et sa rencontre avec Jérôme Le Banner, ancien champion du monde de muaythaï auquel il avait confié un petit rôle dans Babylon A.D. Pour Sparring, l'auteur de La Haine s’entraîne avec un autre champion du monde mais cette fois-ci de boxe anglaise : Souleymane M’Baye, qui fait ses débuts au cinéma en prêtant ses traits à Tareck.

Sparring
Sparring © EuropaCorp

Pendant un séjour aux Arcs, en Savoie, le vainqueur de deux titres mondiaux ne ménage pas son partenaire de jeu, comme il le raconte au quotidien :

On a pris le maximum de globules. On a fait des footings, des raquettes et des grandes promenades. Mathieu est dur au mal. Il n'y a qu'un truc que je n'ai pas réussi à lui faire changer, c'est son alimentation.

Un véritable sentiment de compétition

Contrairement à celles de nombreux films du genre, les scènes de boxe de Sparring ne sont pas chorégraphiées. Plaçant ses caméras derrière les cordes, le réalisateur laisse le comédien et ses adversaires improviser sur le ring, leur intimant seulement de ne pas se blesser. Ce qui n’évite pas quelques frayeurs à Mathieu Kassovitz, comme il l’affirme à Allociné :

Ça m’a obligé à apprendre une boxe un peu pataude, un bon exercice. (...) Mon seul problème était mon nez. J’ai un grand nez. S’il sautait, que faisait-on ? On a croisé les doigts et on a eu de la chance aussi parce qu’à deux ou trois reprises nous aurions pu nous faire mal.

Durant cette préparation, Souleymane M’Baye conseille Samuel Jouy et assiste Mathieu Kassovitz dans son entraînement, qui dure entre cinq et six mois. Un sentiment de compétition naît entre l’acteur et le boxeur, désireux de se prouver qu’ils peuvent briller dans l’art de l’autre. Et si le comédien avait peur pour son nez, ce n’est finalement pas un coup au visage qui le sonne, comme le révèle l’athlète pour Paris Match :

Je pique Mathieu au foie. Le coup de poing qui paralyse. Le coup de poing contre lequel il n’y a aucune défense mais qui, bien appliqué, assomme. Mathieu chute, la respiration coupée. Sonné, il n’arrive pas à se relever. (…) Il a voulu des coups réels ! Les cocards le seront aussi.