À la dérive : une expédition tragique en Blu-ray

Ce n’est plus un scoop, les œuvres biographiques s’enchaînent sur le grand écran. « À la dérive » ne fait pas contre-poids puisqu’il illustre l’épisode le plus traumatisant de l’existence de la navigatrice américaine Tami Oldham Ashcraft. Bonne nouvelle pour les intéressés : le Blu-ray est désormais en vente !

Dirigé par Baltasar Kormákur (Everest), À la dérive se base sur des faits réels adaptés par les scénaristes Aaron Kandell, Jordan Kandell (Vaiana, la légende du bout du monde) et David Branson Smith (Instalife). Victime de critiques très mitigées, le long-métrage n’a pas fait de vagues au box-office. Il a en effet empoché « seulement » 57 millions de dollars à l’international contre un budget estimé à hauteur de 35 millions. Un semi-flop donc qui n’est pas vraiment justifié.

À la dérive : présentation et critique

Sous fond de romance, À la dérive conte la rencontre de Tami Oldham (Shailene Woodley) et de Richard Sharp (Sam Claflin) à Tahiti et le péril menaçant leur idylle alors qu’ils se voient confiés pour mission de convoyer un bateau à San Diego. Si l’homme est un aventurier dans l’âme habitué à naviguer sur les flots, sa compagne est davantage sur la réserve. Il lui faut étouffer ce sentiment d’incertitude sous peine de ne plus le revoir. Quel autre choix que de le rejoindre ? Pris dans l’ouragan Raymond, le yacht prend l’eau et Richard est grièvement blessé. La lourde responsabilité de regagner la côte ne dépend plus que de Tami qui doit parallèlement assurer les soins et gérer le stock de nourriture limité pour ne pas mourir de faim. Parviendront-ils sains et saufs à destination ?

Dès l’ouverture, le sort a déjà frappé. Cette décision n’est pas sans rappeler Titanic (1997) où l’épave et une simulation du naufrage sont dévoilés rapidement. Il ne reste plus qu’une option : celle de revenir en arrière. La structure narrative aux multiples flashbacks pour laquelle a opté le réalisateur ne fait pas l’unanimité et est souvent pointé du doigt comme étant l’un des principaux défauts de l’œuvre. Pourtant, celle-ci permet de rythmer le récit tout en introduisant des parallèles renforçant l’aspect dramatique du présent. D’une idylle mielleuse à outrance, que s’est-il passé pour qu’ils aboutissent à une telle tragédie ? Les réponses sont données au compte-gouttes tandis que les souvenirs capturent la naissance du lien les unissant et justifient leur présence sur l’océan Pacifique. Bien que le public puisse être déboussolé, les deux périodes sont tellement distinctes l’une de l’autre qu’il est aisé de prendre le pli. En outre, une construction linéaire n’aurait pas permis l’envolée provoquée par le croisement temporaire final. Un double climax qui surprendra plus d’un individu ignorant l’histoire de Tami Oldham.

La distribution réussit avec brio son interprétation des navigateurs. Claflin est plus limité que sa partenaire en termes d’approfondissement mais il insuffle de la chaleur et un charme certain à son personnage. Ses dialogues sont parfois très clichés lors des phases de séduction et peut irriter, même si cela est conscient de la part de l’équipe comme en témoigne l’amusement de sa compagne. Il faut dire que ce type de rôle lui colle à la peau depuis qu’il a prêté ses traits à Finnick Odair dans la saga Hunger Games. Woodley, avec qui l’alchimie est omniprésente, est quant à elle épatante. Conclusion rassurante puisque tout -ou presque- repose sur ses épaules. Rien qu’à l’aide ses expressions faciales l’actrice transmet la tristesse et la sensation d’impuissance ressenties par la femme. La voir se creuser les méninges en rationnant le reste de vivres et faire preuve d’une détermination à toute épreuve destinée à faiblir peu à peu dans sa quête de rejoindre Haïti est exaltant. Sans parler du combat intérieur de la protagoniste luttant contre ses principes tandis qu’elle se nourrit d’un poisson cru. D’autant plus difficile qu’elle est végétarienne. Oui, l’interprète a repoussé ses limites. À la dérive laisse perplexe face à cette interrogation : jusqu’où serions-nous prêts à aller dans des circonstances aussi extrêmes pour survivre ?

Les éditions commercialisées

À la dérive est disponible en Blu-ray et DVD, tous deux édités en France par Metropolitan Vidéo. Il n’existe aucune édition collector ou exclusive ni de steelbook et le disque 4K est aux abonnés absents à l’échelle mondiale. Les consommateurs apprécieront cependant la présence d’un fourreau cartonné (sans relief) recouvrant les boîtiers plastiques respectifs aux deux supports physiques.

De gauche à droite : DVD, Blu-ray

Test Vidéo/Audio

Tourné en digital, la résolution du master final est inconnue. La présentation est malgré tout très solide puisqu’elle dispose d’une clarté à couper le souffle. L’horizon en pleine mer permet à la palette de couleurs de restituer des dégradés de haute voltige notamment lors des scènes des couchers de soleil particulièrement vibrants. Les différentes teintes de l’océan sont également un délice pour les rétines hypnotisées par le rythme des vagues reflétant la luminosité du jour. D’ailleurs, les scènes prenant place dans l’obscurité sont tout aussi admirables avec une profondeur des noirs excellente.

Le niveau de détails est élevé. Il est impossible de passer à côté de la dégradation physique progressive des personnages dont les corps sont couverts de blessures et sujets à la malnutrition. Les joues se creusent, le teint devient maladif et la lassitude couplée au désespoir se lit sur les visages. De plus, la richesse de l’image se perçoit dans les décors (texture du bois…), les habits, mais aussi dans les paysages. Sur l’eau comme sur terre, la précision ne manque pas en proposant des environnements complexes jusqu’aux marchés tahitien surpeuplés.

Si la photographie de Robert Richardson (Hugo Cabret) brille de mille feux, un phénomène rare de banding/postérisation pointe le bout de son nez lors de scènes sous-marines comme celle de la pêche par exemple. Heureusement, cela ne nuit en rien au spectacle puisqu’il cela ne dure qu’une poignée de secondes au total.

La galette offre une piste française en audiodescription au format DTS-HD 2.0 ainsi que le doublage en DTS-HD 5.1. La version originale est quant à elle écoutable via un puissant DTS-HD 7.1. Grâce à cette dernière l’immersion est totale. Le spectateur est comme aux côtés des protagonistes, à bord du bateau. Les basses s’en donnent à cœur joie durant les scènes de tempête, instaurant alors un climat de terreur ambiant tandis qu’aucune enceinte n’est épargnée par la catastrophe. Les instants plus calmes sont tous aussi travaillés à l’aide de sons d’ambiance et les dialogues sont audibles. Ces atmosphères contraires composent un ensemble sonore complet, vaste et parfaitement maîtrisé.

Test Bonus

C’est dans la section de l’interactivité que le mât blesse. Agréablement surpris par le nombre de suppléments, le public déchante vite face à leur pertinence et leur durée. En-dehors du commentaire audio suffisamment informatif, le reste n’est qu’un regroupement de featurettes promotionnelles ponctuées de (trop) nombreux extraits du film. Elles sont par conséquent loin d’être indispensables. Un entretien avec Tami Oldham n’aurait à vrai dire pas été de refus.

  • Commentaire audio VOST : il s’agit de l’occasion idéale pour Baltasar Kormákur et de Shailene Woodley de revenir sur l’expérience du tournage d’À la dérive. Sont mentionnées les décisions artistiques à l’instar des allers et retours dans le temps, des anecdotes concernant le casting et le caractère de l’héroïne qui a été finement travaillé. Le duo aborde également la difficulté des scènes de tempête qui ont nécessité énormément d’effets spéciaux et le décès de Richard. Le commentaire est au format DTS-HD 2.0
  • Scènes sauvées (2:26 min) : non-sélectionnables mais chapitrées, ces deux scènes ne sont clairement pas essentielles au récit. Dans la première, le couple échange des cadeaux avec un peuple lors de leur périple (1:18 min) puis, dans la seconde, ils célèbrent le fait d’être à mi-parcours (1:08 min).
  • Face aux éléments (2:25 min) : l’équipe adresse le tournage en pleine mer s’étant déroulé sur une période d’environ cinq semaines. Filmer sur l’océan est très rare puisque celui-ci ne peut être maîtrisé.
  • Voyage (1:59 min) : avec uniquement une demi-douzaine d’interventions de la part de l’actrice principale, ce supplément relève plus du trailer qu’autre chose.
  • Survivre (2:22min) : le casting revient très brièvement sur leurs personnages et leur passion commune, à savoir l’aventure, avant que le voyage ne se transforme en cauchemar. Ils rappellent qu’il s’agit d’une histoire vraie.
  • Bandes-annonces : Nerve (1:32 min), Une vie entre deux océans (1:22 min), Love, Rosie (1:57 min) et Shark 3D (1:58 min). Visionnage en VOST ou VF.
  • Internet : lien vers le site internet de l’éditeur afin de se tenir informer de son actualité.

Conclusion

Note de la rédaction

« À la dérive » bénéficie d’un casting au top de sa forme bien que répondant sûrement à une envie d’attirer un public adolescent (cf. l’affiche très fleur bleue). Le scénario tient la route même s’il s’axe énormément sur la romance et la photographie offre des plans merveilleux. Cette recherche visuelle poussée est tout à son avantage grâce à un Blu-ray impeccable techniquement. L’audio est très immersif mais les suppléments déçoivent. Barème : Film ★★★ / Vidéo ★★★★★ / Audio ★★★★★ / Bonus ★★

Bilan très positif

Note spectateur : Sois le premier