Divorce à l’italienne : un mariage comico-dramatique en Blu-ray

Divorce à l’italienne : un mariage comico-dramatique en Blu-ray

Pendant près de trente ans, Pietro Germi a marqué le cinéma italien de par son approche néoréaliste et ses comédies satiriques. Parmi ses œuvres les plus incontournables se tient « Divorce à l’italienne » dont le nouveau master haute-définition est désormais disponible en Blu-ray.

Sorti dans les salles françaises en 1962, Divorce à l’italienne flatte la renommée déjà établie du réalisateur et acteur Pietro Germi (Le Disque Rouge) puisque le film se fait remarquer à l’échelle mondiale. Il empoche ainsi la récompense de Meilleure Comédie au festival de Cannes et l’Oscar du Meilleur Scénario. Ce succès lui vaut de devenir l’un des classiques italiens du siècle passé.

Divorce à l’italienne : présentation et critique

Italie. Un noble Sicilien, Ferdinando Cefalù (Marcello Mastroianni), fait fasse à une situation des plus épineuse où l’humiliation est l’unique voie en direction du bonheur. À bout de nerfs à cause de sa femme à moustache interprétée par une Daniela Rocca enlaidie, tout aussi repoussante qu’insupportable, il est en quête d’une échappatoire pour se retrouver dans les bras de sa faussement naïve cousine Angela (Stefania Sandrelli). Comment mettre un terme à ce mariage puisque le divorce est encore illégal dans le pays ? Il ne manque pas d’imagination et la visualise avec horreur bouillir dans un chaudron ou encore disparaître dans des sables mouvants. Scènes grotesques à souhait. L’homme opte finalement pour une solution beaucoup plus terre-à-terre : celle de devenir cocu. Dès lors, il s’attelle à encourager un rapprochement entre Rosalia et le filleul du prêtre Carmelo Patanè (Leopoldo Trieste). La suite de son plan est simple puisqu’il n’aura plus qu’à les surprendre sur le fait, assassiner sa compagne et plaider pour crime d’honneur dont il n’en ressortira qu’avec une peine de quelques années d’emprisonnement. Quoi de plus facile pour arriver à ses fins ?

Le réalisateur a concocté une critique sociale puissante et sans détour qu’il livre dans cette œuvre cinématographique non dénuée de second degré mais dépourvue de lourdeur. Dans cette société catholique italienne d’après-guerre suffocante, l’honneur familial et les traditions ancestrales ne sont pas encore oubliés. L’homme paraît toujours comme dominant et gare à celle qui ose fragiliser sa réputation. Soutenu, moqué puis humilié suite au départ de son épouse avec son amant, la foule lui fourni l’excuse parfaite pour tenter de justifier l’assassinat de Rosalia : l’atteinte à sa fierté. Pietro Germi pointe un système judiciaire défaillant où tuer est la seule solution pour s’extirper d’une union non-désirée. Qu’est-ce que cinq ans de prison en moyenne ? Oui, il y a un souci grave, heureusement corrigé depuis lors.

Le métrage n’est pas un blâme envers la gent féminine. Bien au contraire, les femmes vont à l’encontre de la figurine masculine. Tout d’abord, Rosalia qui s’émancipe en prenant ses clics et ses clacs pour vivre son idylle avec l’élu de son cœur qui le lui rend bien. Être malheureuse n’est pas une option valide pour elle, ni supporter les humeurs changeantes de son mari non-affectueux. Aussi, la tant convoitée Angela offre un bouquet final savoureux grâce à un retournement de situation inattendu au cours duquel la notion de « justice » prime. L’arroseur arrosé. Pourtant si calculateur, ce cher Ferdinando ne l’avait pas venu venir !

De plus, Divorce à l’italienne est à voir pour son utilisation ingénieuse de la voix-off qui ne se contente pas de narrer les événements ou de planter le décor. Elle est un personnage à elle seule, moteur des actions du protagoniste. Elle inspire Fernando qui anticipe le discours que tiendrait le juge à chacune de ses décisions. Il lui faut être le plus irréprochable possible pour que les retombées du meurtre qu’il planifie n’en soient que plus douces. Son omniprésence est ainsi indispensable à la progression du scénario puisqu’elle permet de guider le personnage dans ses exactions.

Les éditions commercialisées

Divorce à l’italienne est rare dans les bacs destinés aux disques en haute-définition. Pour cause, l’Italie et la France sont actuellement les seuls pays à distribuer le long-métrage en Blu-ray. L’éditeur M6 Vidéo voit quant à lui les choses en grand en tirant parti de cet avantage puisqu’il propose une édition collector Digibook. Celle-ci contient le Blu-ray et le DVD et est agrémenté d’un livret de 24 pages. Difficile de regretter l’habituel boîtier bleu ! À noter qu’un DVD simple a été mis en vente en 2010.

De gauche à droite : DVD, Digibook + Blu-ray + DVD

Test Vidéo/Audio

Présenté dans son format original 1.85:1, le film en noir et blanc Divorce à l’italienne a dernièrement été restauré en 2K pour le plus grand plaisir des cinéphiles. Bien que le générique d’ouverture est loin d’être décoiffant, le résultat est autrement stupéfiant. En-dehors de brefs tremblements passagers, de saletés/rayures inusuelles et des fondus perdant en définition durant une poignée de secondes, la qualité des images est saisissante. La délinéation et le piqué sont soulignés par des contrastes raisonnablement poussés et des détails foisonnants. En outre, les plans larges bénéficient d’une belle profondeur. Ce nouveau master dispensé de réduction numérique de bruit est par conséquent une réussite dont l’étalonnage permet une large palette de nuances de gris. Difficile de faire mieux.

L’unique piste audio disponible est la version originale au format DTS-HD 2.0. Là aussi, le travail accompli est plus que convainquant grâce à des saturations très limitées. L’ambiance induite par la musique de Carlo Rustichelli (Meurtre à l’italienne) est parfaitement retranscrite alors que les voix, qui occupent une place centrale, sont nettes et compréhensibles. Nul besoin de s’attendre à des effets sonores prononcés ou à une scène sonore large.

Test Bonus

L’interactivité est assez limitée mais, compte tenu de l’âge avancé de Divorce à l’italienne, peu de contenu exploitable doit exister. Le disque italien contient cependant une galerie photo, des interviews et quelques autres suppléments ici inexistants.

  • Pietro Germi par Philippe Rouyer (24:52 min) : le critique et historien de cinéma prend soin de s’arrêter sur l’investissement du cinéaste dans le scénario remanié suite aux conseils de son scénariste. Ceci fait, il énumère les différents procédés qui ont contribué à faire de cette œuvre sa « plus inventi » dont l’utilisation de la voix-off. Rouyer distingue également trois parties distinctes caractérisées par des mises en scène originales.
  • Marcello Mastroianni, l’attrait d’un homme ordinaire (59:59 min) : en basse qualité. Les sources mobilisées sont nombreuses et diverses, allant d’extraits de long-métrages à des entretiens avec l’acteur et ses collaborateurs. Le désormais défunt revient notamment sur son appréciation du cinéma et le rôle qu’il aurait aimé endosser : celui d’un vieux Tarzan.
  • Bandes-annonces : Dommage que tu sois une canaille (3:36 min) et Nos héros réussiront-ils à retrouver leur ami mystérieusement disparu en Afrique ? (3:54 min).
  • Livret (24 pages) : écrit par Eddy Moine et illustré par de nombreuses photographies, celui-ci approfondie la biographie et les travaux de Pietro Germi avant de se tourner vers le film dont la distribution, l’ambiance sur le plateau et l’état mental de Daniela Rocca sont abordés.

Conclusion

Note de la rédaction

Dans « Divorce à l’italienne » tous les coups sont permis. Cette satire sociale saupoudrée d’un humour contagieux se confronte de plein fouet aux mœurs de l’après-guerre en Italie. Flatté par un casting talentueux et une photographie signée par le duo Barboni/Di Palma, ce film mérite votre attention en vous tournant vers l’édition Blu-ray fraîchement débarquée dans les rayons. Barème : Film ★★★★ / Vidéo ★★★★ / Audio ★★★★ / Bonus ★★

Bilan très positif

Note spectateur : Sois le premier