La Montagne entre nous : une aventure glaciale en Blu-ray

Au cours de cette ère où l’utilisation des écrans verts est parfois abusive, des œuvres cinématographiques rappellent la splendeur de la nature aux spectateurs. C’est le cas de « La Montagne entre nous », qui en met plein les mirettes depuis le 14 mars avec son Blu-ray distribué par 20th Century Fox.

Rangez les maillots de bain et crèmes solaires, il est (déjà) temps de dépoussiérer vos vieux pulls pelucheux ! Si la vague de chaleur significative de l’arrivée de l’été vous est insoutenable, La Montagne entre nous saura vous rafraîchir en attendant la fin d’année. La production de ce film fut un travail de longue haleine, passant entre les mains d’une multitude de réalisateurs, de scénaristes et aussi d’acteurs. Finalement, le studio s’est tourné vers le néerlando-palestinien Hany Abu-Assad, personnalité encore relativement méconnue d’Hollywood. Ses précédentes réalisations, Paradise Now (2005) et Omar (2013), ont néanmoins été nominés aux Oscars. S’ils n’ont pas décroché cette prestigieuse récompense, il s’agit tout de même d’une reconnaissance agréable pour toute personnalité du milieu.

Des noms tels que Michael Fassbender (X-Men) et Margot Robbie (Suicide Squad) ont été rattachés au projet depuis son lancement en 2012. S’ils ont quitté le bateau pour diverses raisons – un emploi du temps trop chargé par exemple -, ce n’est pas au déplaisir de l’oscarisée Kate Winslet (Last Days of Summer) et d’Idris Elba (Thor : Ragnarok) qui ont alors obtenu les rôles principaux.

Malheureusement, une distribution exemplaire n’est pas toujours synonyme de succès. Tandis que La Montagne entre nous est la cible de nombreuses critiques, ses chiffres au box-office mondial ne sont pas faramineux. Pour un budget estimé à 35 millions de dollars, les recettes totales s’élèvent quant à elles à « seulement » près de 62,8 millions. Les États-Unis en représentent à eux seuls la moitié. Est-ce que le long-métrage mérite d’être ainsi boudé ?

La Montagne entre nous : deux survivants, un chien et beaucoup de neige

Difficile de proposer de la nouveauté lorsqu’un contexte a été représenté de nombreuses fois sur le grand écran. Véritables aimant à crash d’avions, les sommets enneigés ont été le théâtre des drames notamment contés par Les Survivants (1993) et À couteaux tirés (1997). Écrit par J. Mills Goodloe (Adaline), le scénario de La Montagne entre nous est tiré du roman de Charles Martin, publié en 2011 par Broadway Books. En ce qui concerne sa traduction française, celle-ci est disponible dans les librairies depuis septembre 2017, soit un mois avant la sortie du film. Preuve qu’il n’existe rien de mieux qu’une adaptation afin de générer suffisamment d’intérêt et d’enthousiasme autour de pages étrangères obscures !

Deux inconnus se rencontrent lorsque leur vol commun est annulé en réaction à la tempête à venir. Invité par la photographe-journaliste Alex (Winslet) à la rejoindre dans un avion charter, le neurochirurgien Ben (Elba) est loin d’imaginer que ce voyage improvisé va tourner au drame. Planant au-dessus des montagnes sous un ciel menaçant, le pilote Walter (Beau Bridges) est victime d’un terrible AVC. Le dirigeable est en chute libre, et la mort semble prête à tous les accueillir à bras ouverts. Le destin en décide autrement. Si le professionnel est décédé, le duo de passagers s’en sort avec blessures et égratignures. De son côté, le chien s’en sort miraculeusement bien. À mi-chemin entre contemplation et lutte acharnée, le parcours des protagonistes dans un paysage époustouflant est ponctué de rebondissements tandis qu’ils doivent persévérer dans l’espoir de s’en sortir vivant.

Lorsqu’un long-métrage repose entièrement sur deux personnages, ces derniers ont intérêt à être intéressants, bien joués et complémentaires. Qu’en est-il exactement ? L’alchimie entre ces individus est palpable, se développant progressivement au cours de ces 111 minutes. Ils disposent d’atouts et de caractéristiques opposés qui, s’ils les font régulièrement entrer en conflit, leur sont bel et bien bénéfiques. Ben est le cérébral, possédant suffisamment de connaissances en médecine et disposant d’une force physique qui les aideront plus d’une fois à venir à bout de leur quête. Alex est, elle, le cœur. Intrépide, sincère et brave, ses reportages menés aux quatre coins du monde lui ont appris à se confronter à des horreurs sans faire marche-arrière. Sa motivation à se lancer à la recherche d’une trace de civilisation les a sans doute préservés d’un décès certain. En soi, ces traits de personnalité sont des stéréotypes de genre qui pourront faire grincer les dents, et autant dire que leur statut professionnel respectif ne pouvait pas mieux tomber ! Si ce n’était pas une adaptation, cette ficelle scénaristique aurait suffi à décrédibiliser totalement cette fiction. Malgré cela, l’authenticité du lien qui les relie permet d’apaiser ce désagréable ressenti.

Ici, Hany Abu-Assad fait barrage à Hollywood et à son habituelle surenchère émotionnelle accompagnée de son manque de réalisme (il suffit de regarder Tomb Raider dont certaines cascades sont le fruit de CGI car elles sont impossibles à réaliser en chair et en os). Cette tragédie humaine est servie par une absence de mélodrame et de situations bien trop rocambolesques pour être vraisemblable. Bien sûr, des sujets universels et essentiels sont explorés, comme la remise en question de son propre passé alors que la nature menace de les engloutir pour de bon. La Montagne entre nous ne manque pas d’aborder la période post-traumatique survenant suite à des événements dépassant l’entendement. La distance d’Alex envers ceux qu’elle considérait comme appartenant à son cercle d’amis proches en est la parfaite illustration. N’est-ce pas terrible que de se sentir à la fois chez soi et à des années-lumière de sa maison ? La redéfinition de leur avenir est un thème qu’il aurait été bien triste de manquer.

Des interrogations laissent cependant perplexes, et concernent principalement le meilleur ami de l’homme. Comment le chien a-t-il pu survivre à cette aventure ? Entre le crash, l’attaque d’un animal, le faible ratio de nourriture, les basses températures… À croire qu’il s’agit de Krypto le Superdog. Autre point faisant froncer les sourcils : où Alex et Ben se sont-ils procurés du shampoing, du gel douche et même un rasoir ? Car, de A à Z, ils sont anormalement propres.

Les éditions commercialisées

Un DVD et un Blu-ray simple ont été mis sur le marché français par 20th Century Fox. Par conséquent, il n’existe aucun steelbook sur lequel les collectionneurs pourraient se jeter. Mais il ne s’agit pas là du plus grand regret à avoir. Effectivement, un Blu-ray 4K est mis à disposition sur différents territoires, notamment aux États-Unis et en Espagne. Possédant une piste audio dans la langue de Molière ainsi que des sous-titres, il peut être importé sans crainte (si ce n’est celle de devoir payer des frais de douanes si vous optez pour la galette bleue américaine). Cela demeure une option envisageable pour les plus exigeants en matière de qualité.

De gauche à droite : DVD, Blu-ray + Digital HD, Blu-ray 4K + Blu-Ray + Digital HD

Test Vidéo/Audio

La Montagne entre nous a été filmé à l’aide de plusieurs caméras Arri Alexa, pour aboutir à un master final en 2K. Malgré ce manque de définition, l’apport du Blu-ray 4K est loin d’être négligeable puisqu’il rehausse les détails déjà fourmillants en HD (vêtements, gros-plans…). Les instants où l’étendue neigeuse paraissait être une simple masse sont oubliés puisqu’elle est désormais remarquable de par sa texture et sa complexité. La fonction HDR est, elle, plus anecdotique. Tout de même, le Blu-ray standard atteint les sommets du support en proposant un transfert splendide permettant de restituer des paysages de haute volée. Les quelques arbres se détachent aisément du blanc pur induit par l’accumulation de flocons. Ils apportent une touche de couleurs végétales, tranchant aussi avec un ciel d’un bleu frôlant le spectaculaire.

Les contrastes et les niveaux de noirs sont contrôlés, entraînant une profondeur d’image ajoutant une dose supplémentaire de réalisme. Les deux protagonistes sont alors des êtres minuscules, perdus dans un environnement de glace infini. Quant aux couleurs, la palette est naturelle et ne présente que rarement des modifications faites lors de la post-production (cf. les scènes dans la cabane, accompagnées de leurs teintes jaunes très prononcées, symbolisant la chaleur de leur relation en parallèle du froid de l’extérieur). Le seul reproche à faire face à cette présentation est que certains passages de nuit connaissent des difficultés, supprimant des détails et aplatissant l’image.

Mais l’œuvre cinématographique ne repose pas uniquement sur ses tableaux rafraîchissants. Ses pistes audio permettent aussi au public de s’immerger totalement dans ce périple de survie et, il faut le signaler, le distributeur s’est fait plaisir en proposant pas moins de huit langues ! La version originale a été encodée en DTS-HD 7.1. Le doublage français, castillan allemand, italien et russe sont, eux, en DTS Master 5.1. Pour finir, l’espagnol et le portugais se contentent du vieux et traditionnel Dolby Digital 5.1. (il en est de même pour la version anglaise audio-descriptive).

Le métrage signé Hany Abu-Assad n’est pas toujours des plus expressifs en ce qui concerne l’audio. Cependant, il permet de belles expériences sonores usant d’un effet surround maîtrisé. C’est le cas lors du terrible accident qui causera les péripéties glaciales des deux héros et, de manière plus subtile, avec des ambiances comme une neige croustillant sous leurs pas et le vent rugissant à travers les enceintes. Le spectateur est définitivement au cœur de l’action. Les dialogues sont principalement frontaux, et parfaitement audibles. Est-ce que cela aurait pu être un tantinet plus dynamique ? Peut-être. Mais trop en faire aurait risqué de compromettre les efforts de l’équipe recherchant une dose maximale de réalisme.

Test Bonus

Pour un film dont les chiffres ont déçu, 20th Century Fox a fait un effort pour les suppléments ! S’ils ont souvent l’allure de featurettes promotionnelles plus que d’approfondissements vertigineux, ils capturent aisément l’attention de l’audience et divulguent des images du tournage. Les plus gourmands regretteront l’absence de reportages se concentrant sur la post-production et la musique, ainsi que, pourquoi pas, des extraits des essais des acteurs lors du casting.

  • Amour et survie : la création de l’alchimie (12:42 min) : l’auteur Charles Martin revient sur le processus d’acquisition des droits de son œuvre littéraire par Fox. De leurs côtés, les interprètes principaux s’attardent sur leurs motivations à jouer leur personnage, et abordent la méthode de travail du réalisateur. Anecdote : Kate Winslet aurait changé le prénom de son personnage !
  • La montagne entre eux : un tournage isolé (10:17 min) : pour Hany Abu-Assad, il était hors de question de tourner en studio face à des écrans verts. Pour que l’expérience soit plus vraie que nature, tous se sont dirigés dans les Rocheuses au Canada pour un paysage alpin. Ils reviennent sur les difficultés d’un tel choix, entre une température glaciale, matériel de survie adapté, et une lumière présente uniquement… Cinq heures par jour !
  • En pleine nature : les cascades de survie (5:47 min) : afin de rendre un film crédible, il est nécessaire que les acteurs eux-mêmes réalisent leurs propres cascades. Focus sur trois scènes particulièrement complexes : celle du crash, la chute de Ben, et lorsque Alex est prisonnière sous la glace. Les interviewés mentionnent aussi les enjeux à l’instar du risque de déshydratation.
  • Scènes inédites (14:15 min) : les sept scènes sont présentées sous leur version définitive, et sont donc « propres » et accompagnées de musique. À l’exception de la dernière d’entre elles qui illustre une discussion entre Ben et Mark (Dermot Mulroney) à l’hôpital, il n’y a pour ainsi dire aucun dialogue. Elles sont donc majoritairement contextuelles.
  • Galerie (2:03 min) : à choisir entre une avancée manuelle ou automatique. 24 images prises lors du tournage y sont présentées. Un petit plus agréable et témoignant de la bonne ambiance.
  • Commentaire du réalisateur Hany Abu-Assad : durant l’intégralité du film, celui-ci livre d’indénombrables anecdotes et opte pour une approche psychologique des personnages en analysant leurs choix et leurs réactions.
  • Bande-annonce (2:14 min) : en HD.

Conclusion

Note de la rédaction

« La Montagne entre nous » est un divertissement typique des soirées pop-corn. S’il demeure un long métrage agréable, il lui manque un « je ne sais quoi » pour l’élever au rang d’incontournable de sa catégorie. Son Blu-ray est lui presque impeccable, et offre des prestations mettant en valeur la photographie de Mandy Walker (« Australia »). Barème : Film ★★★ / Blu-ray ★★★★★ / Bonus ★★★

Sur la bonne voie

Note spectateur : Sois le premier