La Prière : la métamorphose d’un adolescent torturé en Blu-ray

« La Prière » conte le parcours d’un garçon en lutte contre ses démons intérieurs et qui, pour se faire, se réfugie dans une communauté dirigée par d’anciens drogués. Prenez part à son combat dès maintenant en Blu-ray et DVD.

Cédric Kahn est un réalisateur qui a déjà fait parler de lui par le passé, notamment en étant nominé pour la Palme d’Or du festival de Cannes en 2001 avec Roberto Succo. Pour La Prière (2018), l’homme s’est appuyé sur l’idée originale d’Aude Walker qu’il a ensuite peaufiné aux côtés de Fanny Burdino et Samuel Doux, duo ayant déjà collaboré sur Carole Matthieu (2016). L’œuvre est bien accueillie en France et remporte l'Ours d'argent du Meilleur Acteur pour Anthony Bajon (Rodin) à la Berlinale.

La Prière : une spiritualité thérapeutique

Accroc à l’héroïne, Thomas, 22 ans, rejoint une communauté chrétienne où la Foi semble être la réponse à ses tourments. S’il lui faut apprendre les prières et s’en remettre à Dieu pour puiser sa force, le film repose avant tout sur la camaraderie qui règne entre les différents membres privés de contacts extérieurs. Tous dépossédés de leurs biens synonymes de leur existence passée, ils viennent des quatre coins du monde et ne maîtrisent pas tous le français à la perfection. La croyance est également loin d’être affirmée pour chacun d’entre eux. Pourtant, l’entraide est omniprésente. Le personnage principal bénéficie avant tout de l’influence de Pierre (Damien Chapelle) qui a été désigné comme son « ange gardien ». Ici depuis plusieurs années, il fait figure de mentor et de guide pour Thomas en lui délivrant conseils et encouragements.

Malheureusement, le chemin vers la reconstruction est semé d’embûches. Le jeune homme au regard perdu est ainsi victime de crises violentes, mais est aussi confronté à une incertitude le rongeant de l’intérieur. A-t-il bien fait de venir ici ? Pourquoi devrait-il se plier à des instructions strictes qu’il ne comprend pas et dont il a cure ? Réapprendre à vivre, à se reconditionner, lui parait impossible. C’est suite à un départ en furie qu’il rencontre Sybille (Louise Grinberg) dans le village voisin. L’étudiante en archéologie parviendra-t-elle à l’extirper de cette solitude mortifère en provoquant chez lui des sentiments tels que l’amitié et potentiellement de l’amour ?

La Prière est une ode à la fraternité et à la bienveillance. Au-delà de la forte présence de la religion qui a d’ailleurs inspiré le titre du long-métrage (sans pour autant être trop gênante pour les athées), le réalisateur appuie sur ces deux éléments comme voie à suivre pour se rebâtir. Ce discours ne part pas de rien puisque le scénario se base sur des parcours d’individus réels. Par conséquent, il est d’autant plus intéressant d’étudier l’évolution de ces personnages qui sont présentées de façon linéaire mais aussi chaotique. Car oui, tous ne connaissent pas une fin heureuse, ce qui rend l’œuvre poignante de réalisme. Tout n’est pas que réussite et miracles. Il y a aussi des défaites dont certaines tristement définitives. La métamorphose de Thomas au cours de ces 106 minutes est grisante et servie par une prestation clairement à la hauteur des espérances. D’un être perdu et désemparé, le protagoniste devient un homme déterminé possédant de nombreuses valeurs. Le seul hic, plutôt léger, est sa décision finale quant à son avenir qui est menée assez brusquement, presque comme sur un coup de tête même si l’on voit sa Foi prendre de l’ampleur progressivement.

Les éditions commercialisées

L’éditeur Le Pacte a opté pour deux supports physiques présentés dans un format simple : le Blu-ray et le DVD. Aucune édition collector ou spéciale FNAC n’est à collectionner, et il n’existe pas de steelbook. Il faut donc se contenter du minimum mais l’essentiel est là.

De gauche à droite : DVD, Blu-ray

Test Vidéo/Audio

La résolution du master finale de La Prière est inconnue. A-t-il été terminé en 2K ou en 4K ? Bonne question, mais cela ne change rien (pour le moment) puisqu’aucun Blu-ray 4K n’est de toute façon disponible à l’achat. Et c’est bien dommage car le long-métrage dispose de visuels impressionnants qui sont heureusement parfaitement retranscrit en haute-définition. Que ce soit au sommet des montagnes recouvertes d’une épaisse couche de neige, ou à l’orée de la forêt, les paysages fourmillent de détails. Cette justesse se retrouve aussi dans la texture de la peau et des costumes, ainsi que dans les décors relativement sobres et épurés la majorité du temps. Ce piqué, aidé par des contrastes de haut niveau, flatte une palette de couleurs étonnamment large mais ne s’éloignant guère d’une approche réaliste. Tantôt bleutées et légèrement désaturées, les images sont aussi agréablement saturées lorsque les rayons du soleil font ressortir les verts de la nature. Les passages sombres en intérieur réussissent à ne pas se noyer sous le grain, et évitent les noirs bouchés. En soi, c’est une copie propre et exemplaire qui est ici proposée !

Quant à l’audio, le spectateur peut opter pour une piste en DTS-HD 5.1 ou 2.0. Dans le cas de la première, le son est principalement frontal mais n’hésite pas à recourir aux canaux supplémentaires dans le but d’implanter des ambiances sonores naturelles. Inutile d’attendre des effets des plus dynamiques comme des explosions, mais les scènes de chants et de prières sont traitées de sorte à envelopper sans mal le public grâce à une spatialisation efficace. Les dialogues sont toujours net et audibles. L’audiodescription est, elle, au format DTS 2.0.

Test Bonus

Si l’interactivité n’est pas moindre, elle n’offre pas un approfondissement de l’œuvre à travers des analyses du réalisateur ou un making-of par exemple. Le véritable apport de cette partie n'est autre que les scènes coupées qui permettent de s’immerger pendant près de dix minutes supplémentaires. Le reste du contenu demeure intéressant à regarder pour tous ceux qui ont particulièrement aimer La Prière.

  • Essais casting (10:44 min) : plusieurs membres du casting se donnent la réplique dans leurs habits quotidiens en-dehors des décors. Parmi eux : Alex Brendemühl et Damien Chapelle. Un dialogue inédit (disponible dans une scène coupée) est aussi répété par Anthony Bajon et Louise Grinberg et attire par conséquent l’attention.
  • Scènes coupées (9:20 min) : non-chapitrées et en lecture automatique, il est impossible d’accéder à une scène précise parmi les cinq mises à disposition. Bien qu’elles ne soient pas essentielles à l’histoire, elles permettent un approfondissement des échanges entre les personnages. Elles présentent une visite des lieux se déroulant au début du film en version rallongée, le petit-déjeuner de Thomas après sa crise brutale en pleine nuit, et l’arrivée d’un dénommé Fabien au sein de la communauté. Plus important peut-être, elles révèlent un échange téléphonique entre le garçon et Sybille au cours duquel celle-ci lui confie ne pas comprendre sa décision de rejoindre le séminaire.
  • Témoignages (9:16 min) : ce bonus présente le discours intégral de Shawn, Marion et Carlos. Tous témoignent de ce que leur séjour au sein de la communauté leur a apporté.
  • Chants et prières (6:30 min) : elles sont au nombre de dix. La dernière a lieu avec la distribution en extérieur, tandis que les précédentes sont prononcées par un individu à chaque fois différent en plan rapproché.
  • Bande annonce (1:47 min) : en HD.

Conclusion

Note de la rédaction

En dépit de son titre, « La Prière » n’est pas qualifiable de prosélyte et peut être visionné par un public vaste (à condition de ne pas se fatiguer rapidement d’entendre des prières). Le parcours de Thomas vers sa renaissance est tout aussi touchant que compliqué, captivant le spectateur à la recherche d’une œuvre psychologique. Le Blu-ray est impeccable, bien qu’il y eût matière à étoffer les suppléments. Barème : Film ★★★ / Blu-ray ★★★★★ / Bonus ★★

Sur la bonne voie

Note spectateur : Sois le premier