Red Joan : au service secret de Staline en DVD

Inspiré par la vie de Melita Norwood, le drame d’espionnage « Red Joan – Au Service secret de Staline » marque son arrivée sur le territoire français en omettant la phase d’exploitation dans les salles obscures. Ce DTV se fait ainsi une place dans les bacs DVD en ce mois de février 2020 et conduit ses spectateurs à un terrible dilemme moral : innocente ou coupable ?

Red Joan – Au service secret de Staline est avant tout l’adaptation du roman éponyme de Jennie Rooney publié en 2013 chez l’éditeur Chatto & Windus. Pour son écriture, l’auteure s’est basée sur la vie de l’agente du KGB Melita Norwood qu’elle rebaptisa par la suite sous le nom de Joan Elizabeth Stanley. Le scénario du film dirigé par Trevor Nunn (La nuit des rois) fut quant à lui retravaillé par Lindsay Shapero (Enid) mais est loin de faire l’unanimité dans la presse, en plus d'un échec en salles avec 10,6 millions de dollars de recettes. La bonne nouvelle est que le public français va enfin pouvoir s’en faire sa propre idée !

Red Joan – Au service secret de Staline : présentation et critique

Scénario ★★★☆☆

Accusée d’avoir collaboré avec l’Union Soviétique au cours de la Seconde guerre mondiale, la retraitée octogénaire Joan Stanley (Judi Dench) est arrêtée par les officiers de Scotland Yard. Il lui faut alors se replonger dans des souvenirs qu’elle a dissimulés pendant pas moins de cinq décennies. Le spectateur suit son parcours à travers des flashbacks Sophie Cookson (Kingsman) prête ses traits au personnage. C’est à la fin des années 30 que l’étudiante à Cambridge se familiarise aux idées communistes en la présence de son amant Leo (Tom Hughes) et de Sonya (Tereza Srbova). Employée par la suite à Tube Alloys, elle découvre que l’entreprise n’est autre qu’une couverture pour un projet gouvernemental mettant au point la bombe nucléaire. La jeune femme doit dès lors prendre une décision capitale. Doit-elle accepter de venir en aide à ses amis en leur diffusant plans et photographies au bénéfice des Russes, au risque de se faire prendre ?

Comme pour chaque œuvre cinématographique proclamant être « inspirée de », le public est amené à se demander ce qui relève de la fiction et de l’Histoire. La triste vérité dans le cas de Red Joan est que, une fois les deux catégories départagées, seul un pourcentage très faible fait référence à la réalité. De ses originales sociales à sa vie privée romantique, en passant par son passage à l’université, la protagoniste ne partage rien avec Melita Norwood. Celle-ci ne connaissait strictement rien à la science qui plus est, contrairement à ce qui est dépeint dans le métrage ! La construction de ce personnage fictif n’a probablement pour autre fonction que de le rendre plus attachant puisqu’il lui délivre de nombreuses « excuses » pour ses actes. Mieux aurait-il valu opter pour un parti pris assumé de storyline inventée plutôt que de vendre un film supposé biographique dès les premiers instants.

Là où Red Joan se défend, c’est par la qualité d’interprétation de son casting – en particulier le duo de Joan qui est excellent - malgré une Judi Dench sous-exploitée puisqu’au final peu présente. L’ensemble est aussi soigné que cohérent avec une photographie splendide, une direction artistique efficace et un rythme de récit dépourvu de temps mort. Pour résumer : le film n’est pas un must see mais permet de passer un agréable moment.

Les éditions commercialisées

À l’instar d’Au nom des femmes (2018), le direct-to-video en France Red Joan n’a tristement pas le droit à un traitement haute-définition de la part de son éditeur Program Store. Les acheteurs potentiels devront ainsi se contenter d’une sortie DVD et de ses limitations techniques de plus en plus évidentes sur les écrans dernier cri. Néanmoins, ceux tenant absolument à détenir une galette bleue dans leur collection pourront se tourner vers une dizaine de pays étrangers. Il faudra en contrepartie se satisfaire de sous-titres dans la langue de Shakespeare et de l’absence de doublage français. Le disque allemand est vivement recommandé puisque l’américain de Shout Factory est zoné et le sous-titrage reste flou concernant le britannique.

De gauche à droite : DVD, Blu-ray + Digital (UK), Blu-ray (USA)

Test Vidéo/Audio

Vidéo ★★★★★ Audio ★★★★☆

À en croire les indications de la source IMDb, le long-métrage a été tourné « à l’ancienne » sur pellicule 35mm avant d’être traité numériquement. La définition du master final n’est cependant pas connue bien que le 2K soit fort probable. L’une des caractéristiques indissociables à cette technique est la présence de grain sur les images qui ne cesse de gagner en finesse à chaque nouvelle génération de disques. La technologie DVD est tout simplement incapable de le restituer avec fidélité, aboutissant à un rendu bien plus lisse que celui de ses successeurs.

En dépit de cela, le support fait au mieux de ses capacités. Le film s’offre des gros plans relativement détaillés avec des tons chair réalistes, les costumes soignés (en particulier ceux tirés de la première moitié du siècle dernier) dévoilent un peu de leurs matières et la délinéation est satisfaisante. Du côté des couleurs, les teintes varient selon les périodes et l’état émotionnel de la protagoniste : d’une gamme de marrons omniprésente durant sa jeunesse jusqu’à une palette froide au cours des interrogatoires. La profondeur de champ est acceptable à défaut d’être en mesure de donner le tournis.

Quatre pistes sont au menu : le doublage français en Dolby Digital 2.0 ou 5.1 et de même pour la version originale. Les compositions de George Fenton (Un jour sans fin) apportent un excellent soutien aux performances et accompagne le spectateur à travers les différentes émotions et époques explorées au cours de ces 100 minutes. L’audio repose principalement sur les échanges de dialogues puisque les basses sont guère mobilisées et les atmosphères peu exploitées. Les sous-titres sont optionnels, un atout pour ceux préférant peaufiner leur anglais sans la moindre aide.

Test Bonus ★★☆☆☆

Cette fois-ci, Program Store joint à ses bandes-annonces un supplément conséquent de près de 20 minutes. Il est compliqué de déterminer avec certitude s’il s’agit ou non des trois featurettes disponibles sur le Blu-ray américain mises bout à bout/remaniées, puisque la durée ne correspond pas exactement (la vitesse de défilement est différente pour les DVD selon les régions avec le passage de 24 à 25 images par seconde en Europe – souci corrigé grâce aux supports HD/4K, ndlr).

  • Rencontre avec l’équipe du film (19:44 mn) : retour sur la genèse du projet avec la découverte du livre par le réalisateur, puis plusieurs points concernant le processus de casting et le tournage avec par exemple la difficulté de filmer à Cambridge. Très informatif, une réussite.
  • Bande-annonce (02:08 min) : proposée uniquement en version originale sous-titrée.
  • Espace découverte : les bandes-annonces disponibles sont celles de Au nom des femmes – Le combat de Judy Wood (01:47 min), Vigilante (01:58 min) et Christina Noble (01:43 min).

Bilan ★★★☆☆

L’indication « inspiré de » à l’ouverture de Red Joan – Au service secret de Staline est à prendre avec des pincettes puisque le portrait de Melita Norwood (renommée Joan Stanley) est ici totalement faussé. Il en reste un drame d’espionnage manquant de rebondissements mais à la réalisation compétente et à la distribution attachante. Le DVD est de très bonne facture même si l’apport qualitatif d’un Blu-ray aurait été très apprécié pour être en mesure de savourer dignement les scènes des années 30-40.

L’édition DVD de Red Joan – Au service secret de Staline est disponible à la Fnac et sur Amazon.

Note de la rédaction

Film

Vidéo

Audio

Bonus

Le DVD est de très bonne facture même si l’apport qualitatif d’un Blu-ray aurait été très apprécié pour être en mesure de savourer dignement les scènes des années 30-40.

Note spectateur : 3.55 (1 notes)