Solo : montez à bord du Faucon Millenium en Blu-ray

Disney poursuit sa course à l’expansion de l’univers de la saga intergalactique « Star Wars ». À cette occasion, le studio aux grandes oreilles explore les origines du meilleur pilote que le cinéma ait jamais connu : Han Solo. Retour sur la sortie Blu-ray de cet énième opus de la saga sobrement intitulé « Solo : A Star Wars Story ».

Rien ne semble être en mesure d’arrêter le raz-de-marée Star Wars depuis le rachat opéré par Disney en 2012. Si ce n’est un accueil glacial au box-office. Et c’est précisément ce à quoi se confronte Solo : A Star Wars Story lors de sa sortie en salle. Dirigé par Ron Howard (Da Vinci Code), le film souffre d’un tapage médiatique constant qui finit par lasser même les plus passionnés. Résultat : les recettes mondiales s’élèvent seulement à moins de 393 millions de dollars tandis que celles de ses trois prédécesseurs dépassaient la barre du milliard. Une franchise à bout de souffle ?

Solo : présentation et critique

Prenant place suite à la disparition de la République, Solo fait le point sur le passé houleux du personnage bien avant qu’il croise le chemin de Luke Skywalker. Le long-métrage débute sur la planète Corellia, déjà mentionnée dès l’épisode IV, où la délinquance est pour certains l’unique moyen de survie. C’est de cette misère que tente de fuir l’individu ultérieurement nommé Han Solo (Alden Ehrenreich) aux côtés de sa petite amie Qi’ra (Emilia Clarke). Cette dernière est malheureusement retenue de force. Il jure alors qu’il viendra la secourir tandis qu’il s’échappe avant de s’enrôler dans l’armée de l’Empire.

Trois années sont passées lorsque le pilote hors-pair se retrouve enfermé dans une fosse, destiné à mourir dévoré alors qu’il tentait de rejoindre un groupe de contrebandiers guidé par Tobias Beckett (Woody Harrelson). Si le héros est alors en mauvaise posture, le public pousse un soupir de soulagement en découvrant l’identité de cette supposée créature monstrueuse. C’est un Chewbacca (Joonas Suotamo) couvert de boue qui l’accueille d’abord avec violence avant de se rétracter lorsque son futur ami lui expose son plan d’évasion. Désormais alliés, ils s’échappent et montent à bord du vaisseau de Beckett et de ses acolytes.

Bien que Han Solo soit iconique, l’œuvre qui lui est consacrée ne marquera pas indélébilement les esprits. Conclusion paradoxale au premier abord, cela s’explique par un scénario qui n’est tout simplement pas à la hauteur. Beaucoup l’ont d’ores et déjà remarqué : Solo excelle en matière de fan service. Mais c’est aussi ce qui l’empêche de prendre son envol en manquant de proposer une aventure complètement immersive développant la psychologie du protagoniste. En effet, sa personnalité et son caractère ne bougent pas d’un iota durant ces deux heures de spectacle. À l’inverse d’un Casino Royal (2006) où la naissance du James Bond connu de tous se justifie par une évolution progressive aboutissant à un choc émotionnel sans nom, ce qui devrait être la genèse du héros de l’espace tombe à plat.

Comment a-t-il réussi à acquérir ce statut indétrônable que tout le monde lui connaît depuis quarante ans ? Il est tout simplement le même, façon Ehrenreich qui se l’est agréablement approprié. S’il n’y avait pas réelle matière à creuser, la visée purement économique et commerciale ne peut qu’être pointée du doigt. De plus, le fil rouge de l’histoire repose sur sa relation avec une jeune femme restant foncièrement inconnue à l’audience, plutôt quelconque et dont les motivations restent floues pour ne pas dire incompréhensibles. Sentiment atteignant son apothéose lors du final où elle repousse l’amour et la liberté. Cette romance manquant d’approfondissement et d’alchimie ne suffit pas à sauver un script faiblard.

Les éditions commercialisées

Disney mobilise toutes les technologies actuellement disponibles sur le marché de la vidéo pour plaire au plus grand nombre. Ainsi, sont présentés dans les bacs : un DVD, un Blu-ray accompagné d’un second se cantonnant aux bonus, une galette 3D et un disque 4K. Impensable également de ne pas proposer de steelbook, boîtier métallique très en vogue depuis plusieurs années. Certains acheteurs regretteront la décision marketing de ne pas y regrouper les trois Blu-ray. Il leur faut dès lors sacrifier la 3D ou la 4K, à moins d’être prêt à payer le double. Fort heureusement pour les collectionneurs, ce scénario n’est pas commun à tous les éditeurs puisque Warner Bros a par exemple proposé l’ensemble de ces supports (hors DVD) à la sortie de Tomb Raider (2018) contre un prix identique. Les consommateurs l’en remercie.

De gauche à droite : DVD, Blu-ray + Blu-ray Bonus, Blu-ray 4K +Blu-ray + Blu-ray Bonus, Steelbook + Blu-ray 3D (ou 4K) +Blu-ray + Blu-ray Bonus

Test Vidéo/Audio

Capturé digitalement puis achevé en 4K, Solo est à mille galaxies d’une photographie relevant de la démo et ce, peu importe le format dans lequel vous le visionnez. Les difficultés du Blu-ray ne sont pas le résultat d’un mauvais encodage mais bel et bien d’un parti artistique pris par Bradford Young (Premier contact). Si les opus précédents nous ont bien souvent habitués à des explosions de couleurs, ici il n’en est rien. La palette est globalement très limitée puisqu’elle offre un spectacle jaunâtre mais nuancé presque de bout-en-bout. L’exception la plus frappante a lieu sur la planète Corellia, lors du meeting avec l’organisation criminelle. Un bleu à la saturation poussée qui n’a rien de naturel vient habiller les images de l’espace de quelques minutes. Par la suite, il faut se réfugier à l’intérieur du Faucon pour admirer des contrastes agréables avec notamment ses écrans et boutons de contrôle vifs. D’autres touches intenses viennent ponctuer l’œuvre mais demeurent rares, comme les capes de Lando.

« Fade » et « sans profondeur » sont les mots qui viennent à l’esprit face à cette présentation dont les blancs sans vie en intérieur se contentent d’une teinte grisâtre. Les noirs ne font guère mieux alors que les ombres sont décevantes, et la définition est régulièrement obstruée par de la poussière, du sable, etc. Par conséquent, il est peut étonnant que les images soient majoritairement « plates » à l’œil.

Malgré tout, la présence de détails vient sauver le vaisseau de la noyade visuelle. Les plans de grand ensemble sur les paysages sont riches en information et d’une clarté respectable. Si Chewbacca représente un défi visuel, c’est sans mal que la galette bleue parvient à restituer sa pilosité hors du commun. Les textures des costumes sont excellentes, les matériaux complexes comme l’apparence métallique des droïdes, et les imperfections des différentes architectures auxquelles l’audience est confrontée sont aisément décelables. Bilan mitigé donc.

La partie audio comporte le doublage français en Dolby Digital Plus 7.1, l'audiodescription en anglais au format Dolby Digital 2.0, ainsi que la piste originale en DTS-HD 7.1. Cette dernière est de bonne facture même si le volume peut potentiellement avoir besoin d’être augmenté pour profiter pleinement de ses capacités. Les dialogues sont clairs et l’ensemble bénéficie d’une clarté exceptionnelle. Là où le bât blesse, c’est avant tout dans l’absence d’activité surround pendant des périodes étendues et les basses manquant de puissance, de peps, même lors des scènes les plus rythmées. Tout de même, lorsque l’action fait rage, notamment lors de la bataille suivant l’ellipse narrative, le public semble prendre part aux événements. Explosions, tirs, cris, parmi tant d’autres sons et effets, tirent le meilleur de l’immensité de la scène sonore avec leurs émissions directionnelles.

Test Bonus

Les suppléments présentés dans le disque n’atteignent pas les deux heures et sont très thématisés. Pas de making-of global, ni de présence de commentaire audio. Dommage que des featurettes concernant la musique et les effets spéciaux soient passés à la trappe, à l’instar d’une galerie qui aurait pu proposer des storyboards, artworks et photos promotionnelles.

  • Solo : tour de table avec le réalisateur et les acteurs (21:44min) : Ron Howard profite de cette réunion détendue pour questionner son casting principal. Les sujets évoqués sont assez vastes puisqu’ils s’étendent à leur réaction en apprenant qu’ils avaient décrochés leur rôle respectif, aux trois semaines nécessaires pour le tournage de la scène de combat dans la boue couplées au mois de préparation à la chorégraphie, jusqu’à l’interaction des nouveaux arrivants avec les fans.
  • Kasdan par Kasdan (7:50 min) : ce bonus explore les enjeux de la première collaboration entre l’habitué Lawrence Kasdan (Bodyguard) et son fils Jonathan (Californication), tous deux scénaristes. C’est l’intérêt du père pour le personnage de Solo depuis sa création qui a conduit à ce focus porté à sa jeunesse.
  • Recréer le Faucon Millenium (5:36 min) : étude de la remise à neuf du célèbre vaisseau à travers des maquettes et illustrations. Une visite guidée est menée par un Donald Glover enthousiaste dont le béguin pour la panoplie de capes appartenant à son personnage ne faiblit visiblement pas.
  • La fuite de Corellia (9:59 min) : pour cette scène aux apparences rétro, l’équipe exprime le désir de se reposer le plus possible sur des prises de vues réelles. Pour se faire, cette dernière a dû se lancer dans la création d’une carte cohérente de cette planète industrielle. Entre outre, elle a puisé son inspiration dans les véhicules des années 70 et s’arrête un instant sur les sons utilisés lors de la course poursuite.
  • L’attaque du train (14:30 min) : les intervenants décortiquent cette scène décisive pour l’existence de Han Solo en présentant sa préparation constituée par des maquettes, le développement des designs, des storyboards et la prévisualisation pour aider au choix des angles. Ils abordent également le personnage de Rio, la disparition de deux des membres de l’expédition et le tournage sur fond bleu.
  • Team Chewie (6:41 min) : Chewbacca est passé au crible fin avec l’analyse de son caractère, sa complicité avec le protagoniste, la provenance de ses cris désormais enrichis dans l’optique d’un vocabulaire plus riche, son costume et les cascades.
  • Devenir un droïde : L3-37 (5:06 min) : le public apprend que le droïde est en réalité une ancienne R2-D2 s’étant modifiée elle-même. La construction de ce supplément est similaire au précédent avec l’arrêt sur sa rage, l’utilisation des effets spéciaux pour effacer l’interprète, sa relation de confiance avec Lando et l’utilisation de sons tirés du Faucon Millenium d’Un nouvel espoir pour lui donner vie.
  • Vauriens, droïdes, créatures et cartes : bienvenue à Fort Ypso (8:02 min) : parcourant le plateau, le chef décorateur Neil Lamont (Harry Potter) confesse s’être inspiré de la cantina de l’épisode IV. Il y a ensuite ajouté une ambiance de cabane de chasse avec ses trophées accroché aux murs, et explique avoir opté pour un éclairage sombre mais réaliste. Sont mentionnés : l’emplacement des animatroniques décidés de façon étonnante et les règles du jeu de cartes Sabacc.
  • Dans le maelstrom : le raid de Kessel (8:28 min) : cette mise à l’épreuve de Chewbacca et de Han Solo a été confectionnée de sorte à limiter les fonds verts grâce à des projections. La création du monstre de l’espace est abordée, ainsi que la dégradation progressive du vaisseau.
  • Scènes coupées (15:13 min) : huit scènes finalisées sont disponibles. L’antre de Proxima (1:16 min), Cachette corellienne (1:39 min), Han Solo : cadet impérial (1:54 min), La bataille de Mimban : version longue (1:58 min), Han contre Chewie : version longue (5:29 min), Bataille de boules de neige (0:44 min), Rencontre avec Dryden : version longue (1:10 min) et Le subterfuge (0:36 min).

Conclusion

Note de la rédaction

La mythologie du personnage proposée par « Solo » est un échec. Le public y percevra surtout un blockbuster peu inspiré où l’essence de la saga est aux abonnés absents et dont l’unique fonction est de divertir sans prises de risques. Le Blu-ray est techniquement impeccable en prenant en compte une photographie complexe et les suppléments sont convaincants. Barème : Film ★★ / Vidéo ★★★★ / Audio ★★★★ / Bonus ★★★

Sur la bonne voie

Note spectateur : Sois le premier