Spirit : la chevauchée vers la liberté en Blu-ray

« Il faut que je m'échappe et que jamais on me rattrape. » Après une longue attente, le studio DreamWorks semble déterminé à sortir ses vieux classiques en haute-définition. L’étalon des plaines qui a conquis le cœur des enfants durant les années 2000, connu sous le nom de « Spirit », est de retour plus majestueux que jamais dans cette première édition Blu-ray française.

Dirigé par le tandem Kelly Asbury (Shrek 2) et Lorna Cook (Mulan), Spirit s’est imposé comme une référence parmi les films d’animation extérieurs au catalogue Disney avec ses quelque 122,5 millions de recettes récoltés à l’échelle mondiale. Nominé à la cérémonie des Oscars en 2003, celui-ci est gratifié d’une musique composée par l’illustre Hans Zimmer qui a signé entre autres les bandes originales du Roi Lion (1994) et de Sherlock Holmes (2009).

Spirit : présentation et critique

Un mustang sauvage prend la tête d’un troupeau d’Amérique du Nord. S’il est apprécié de tous pour sa dévotion sans faille et son instinct protecteur, sa curiosité débordante lui joue un mauvais tour. Attiré par une agitation étrangère, Spirit (Matt Damon) se fait capturer puis immobiliser au sein d’un fort militaire. Les occupants n’ont d’yeux que pour sa magnificence. Malheureusement pour eux, l’animal doté d’un caractère de mule est indomptable et refuse de se laisser monter. Son sort paraît incertain lorsque le colonel (James Cromwell) montre des signes d’impatience mêlés de frustration. Le cheval aidé d’un Indien détenu de force, Petit-Nuage (Daniel Studi), parvient à s’échapper mais ses ravisseurs n’ont pas dit leur dernier mot.

Spirit a des imperfections dû à des raccourcis scénaristiques et des invraisemblances (comment Petit-Nuage a pu le rejoindre aussi vite à pied ?) qui peuvent être excusés par le public visé. En dépit de cela, il faut saluer le choix de ne pas se plier à l’anthropomorphisme comme le studio aux grandes oreilles le fait si souvent. Ici, les animaux ne parlent pas. Qui plus est, la voix-off et les chansons par Bryan Adams destinées à expliciter les sentiments des personnages muets peuvent parfois paraître superflues tant les expressions, les hennissements et le langage corporel des bêtes suffisent à la compréhension. Bravo au département d’animation.

La personnalité du protagoniste est l’un des points forts de cette œuvre visuellement réussie. Dès les premières minutes, le symbolisme est fort lorsqu’il chevauche dans les plaines sous l’ombre impressionnante d’un aigle aux ailes déployées. Clin d’œil évident à Pégase issu de la mythologie grecque. Quoi de mieux pour représenter sa soif de liberté intarissable que la faculté de voler sans chaînes nous entravant ? Au-delà de ce trait de caractère, Spirit est admirable pour sa persévérance, sa ténacité et son empathie qui le pousse à sauver ses semblables au risque de se mettre en danger. Pas question d’être domestiqué alors qu’il n’aspire qu’à retourner auprès des siens. Il n’est pas dépourvu de faiblesses pour autant. Le passage à bord du train est ainsi mémorable et rappelle avec émotion que sa destination finale ne peut être que celle le renvoyant auprès de sa famille.

Dans un tel contexte, sa fierté est admirable et sert la critique de la conquête de l’Ouest (ainsi que de la civilisation en général). À travers le scénario découle cette simple question : de quel droit l’humain se permet-il « d’emprisonner » des êtres libres sur leurs propres terres ? Aucun remord ne semble assaillir les soldats. La scène de séparation entre l’étalon et sa mère est un crève-cœur qui ne les émeut pas le moins du monde. Petit-Nuage est cependant à contre-courant. Le garçon fait preuve d’un tendre dévouement envers sa jument Rivière et parvient même à s’attirer l’amitié d’un Spirit d’abord sceptique. La complicité qui se tisse progressivement entre le trio est touchante à suivre. L’Indien les comprend, les aime, et ils lui rendent bien.

Les éditions commercialisées

Il était grand temps pour Spirit de connaître une sortie en Blu-ray après 17 ans de bons et loyaux services d’un DVD techniquement dépassé. Ainsi, DreamWorks propose une première vague de titres composée de celui-ci, Le Prince d’Égypte (1998) et Gang de requins (2004). Tous sont présentés dans de simples boîtiers plastiques bleus, sans fourreaux ni steelbook. Le choix esthétique des jaquettes ne sera pas au goût de chacun puisque extrêmement simpliste et ne rendant pas justice à la beauté visuelle des œuvres de l’éditeur. Le point positif est que votre collection sera uniforme !

De gauche à droite : DVD, Blu-ray

Test Vidéo/Audio

Le master vidéo est identique à celui utilisé pour la galette bleue américaine parue en 2014. Soigné, sa clarté et sa précision sont à des lieux de leur équivalent en définition standard. Les premières minutes suffisent à donner le topo tandis que le spectateur prend part à un vol spectaculaire où l’impression 3D est saisissante pour la période de création. Cette profondeur factice est fréquente grâce à des paysages s’étendant à perte de vue, y compris verticalement dans les canyons. En outre, les effets numériques tiennent bon et continuent de se marier agréablement à l’animation traditionnelle.

La palette de couleurs composée de tons terreux jusqu’à la robe du personnage principal est tout aussi robuste que vibrante. Elle est également complétée de touches bleu et verte tout en offrant davantage de nuances que le format DVD ultra-compressé. Ici, les teintes sont beaucoup plus fidèles aux intentions artistiques d’origine. Les niveaux de noirs durant les scènes de nuit sont contrôlés puisqu’ils ne sont jamais bouchés. L’unique reproche quant à la qualité d’image est infime puisqu’il s’agit de rares contours blancs se manifestant sans y être invités (« aliasing »). L’animation n’a cependant jamais été aussi nette.

Le doublage français doit se contenter d’un triste Dolby Digital 5.1 recyclé contrairement à la piste originale plus chanceuse qui se voit offrir une cure de jouvence en Dolby TrueHD 5.1. Malheureusement, cet encodage se range plus du côté « satisfaisant » que « décoiffant » dû à une lacune en énergie. L’espace est large avec ses multiples canaux composant une immersion convaincante mais le tout est un peu terne, en particulier la musique et les effets sonores survitaminés. Les dialogues sont centrés et mis en avant.

Test Bonus

Ceux qui s’attendant à approfondir leur connaissance de l’œuvre seront déçus puisqu’il n’y a pas de nouveautés en vue sur le disque. L’intégralité des suppléments proposés sont extraits de la sortie de la décennie passée et sont, par conséquent, en basse qualité. Mieux que rien, surtout qu’ils ne sont pas dénués d’intérêt.

  • Commentaire de l’équipe du film : la productrice Mireille Soria (Madagascar) et le duo de réalisateurs abordent la réalisation de Spirit durant 83 minutes. Genèse, anecdotes, explications techniques, les challenges à relever… L’audio de ce supplément très informatif est encodé en Dolby Digital 2.0.
  • Apprends à dessiner Spirit avec James Baxter (13:48 min) : rencontre avec le chef animateur qui explique en différentes étapes comment donner naissance à Spirit sur le papier. Les outils nécessaires sont précisés.
  • Animer Spirit (7:02 min) : l’équipe s’étend sur ce que le producteur Jeffrey Katzenberg (La route d’El Dorado) qualifie de « réinvention de l’animation » grâce à l’alliage alors récent de l’animation à la main et celle générée par ordinateur. De multiples prévisualisations et ébauches sont dévoilées.
  • Les chansons de Spirit, l’étalon des plaines (9:41 min) : focus sur l’interprète Bryan Adams prêtant sa voix aux titres du film d’animation, le compositeur Hans Zimmer, le développement musical et la fonction des chansons.
  • Storyboards (16:51 min) : revivez les scènes « La capture de Spirit » (3:03 min), « Le colonel monte Spirit » (6:05 min), « Accident de train » (2:55 min) et « Spirit et Petit Nuage traversent le canyon » (4:46 min) sous forme de dessins préparatoires. La lecture se fait en mode enchaîné ou manuel, avec des commentaires facultatifs.
  • Voix de stars internationales (2:31 min) : visite du studio d’enregistrement, où Matt Damon endosse le rôle du narrateur, couplée à une virée internationale des doubleurs.

Note de la rédaction

Film

Vidéo

Audio

Bonus

« Spirit, l’étalon des plaines » est vecteur de valeurs honorables (amitié, liberté…) et est fièrement porté par une histoire émouvante bien que légèrement répétitive mettant l’accent sur la force intérieure. L’animation traditionnelle et 3D resplendit avec un Blu-ray à la hauteur des attentes en dépit du manque de tonus de la piste TrueHD 5.1.

Note spectateur : 4.33 (2 notes)