Summer of 84 : traquer un serial killer en Blu-ray

Un nouveau mystère vous attend. « Stranger Things », « Les Goonies », « Stand By Me » et « Ça » de Stephen King… Tant de titres qui viennent à l’esprit de tout initiés à ces monuments culturels lors du visionnage de « Summer of 84 ». Clairement destiné aux mordus des thrillers frissonnants et dramatiques, ces derniers sont attendus dès maintenant dans les rayonnages DVD et Blu-ray pour prendre part à l’enquête.

Une équipe musclée fut composée dans le but d’optimiser le potentiel de Summer of 84 en se reposant notamment sur les réalisateurs à la barre de Turbo Kid en 2015, soit le canadien François Simard, Anouk Whissell et enfin Yoann-Karl Whissell. La liste ne s’interrompt pas là puisque le trio a été rejoint par deux scénaristes à savoir Matt Leslie (N.W.A : Straight Outta Compton) ainsi que Stephen J. Smith (Polybius). De quoi assurer des séances de brainstorming intenses aboutissant à une qualité artistique suffisante pour s’imposer dans l’univers cinématographique ? Pas vraiment puisque l’œuvre saluée au festival Sundance n’est pas révolutionnaire mais n’en demeure pas moins à regarder avec attention !

Summer of 84 : présentation et critique

« Ne faites confiance à personne ! » Voici l’une des morales à tirer de ce long-métrage se tenant dans les banlieues américaines des années 80. Dans un espace où semble régner la tranquillité, comment savoir ce qui se dissimule réellement derrière les portes closes ? Et si un sociopathe ou plus effrayant encore vous fait office de voisin ? C’est ce que va tenter de vérifier l’adolescent détective en herbe Davey Armstrong (Graham Verchere) accompagné de ses acolytes Tommy Eaton (Judah Lewis), Dale Woodworth (Caleb Emery) et Curtis Farraday (Cory Gruter-Andrew) tandis que des garçons dans leurs âges disparaissent sans laisser la moindre trace. Est-ce que le policier Wayne Mackey (Rich Sommer) est impliqué ? Davey en est persuadé depuis qu’il l’a surpris en compagnie d’un disparu. Du moins le pense-t-il. Et s’il avait tort ? Une chose est certaine : plus cette quête de vérité progresse, plus la bande s’aventure dans une affaire risquant de mettre leurs existences en péril.

À l’ouverture de Summer of 84, rien ne suggère que le scénario se conclura de façon brutale et choquante. Le spectateur fait la connaissance de personnages attachants bien qu’assez clichés au premier abord tant ils décalquent l’adolescent classique couplé à son insouciance. L’équipe insiste sur cette période de transition en se focalisant sur les hormones en ébullition des protagonistes : sous-entendus graveleux, magazines érotiques à gogo, etc. À outrance pour certains probablement. Et comme dans toute représentation qui se respecte semble-t-il, un fantasme masculin est mis en avant : l’amie d’enfance de Davey, Nikki Kaszuba (Tiera Skovbye). Cette dernière se révèle heureusement être bien plus que ça de par son caractère provocateur, aventureux et loyal tandis qu’elle s’ajoute au gang (ce qui lui vaudra une découverte macabre).

Le final implacable n’en est donc que plus surprenant. Et violent. Sans trop en raconter, il surprend en n’adoptant pas des codes évidents mais au contraire en s’empêchant de se tirer de la noirceur s’accentuant au fil des minutes. Difficile de ne pas arrêter le générique de fin en étant possédé par un certain malaise. Cela rehausse le suspens après un mystère autour de l’identité du psychopathe relativement mince. Oui, on doute. Mais c’est évident malgré tout. L'interprète joue admirablement son rôle (comme l'intégralité de la distribution) en parvenant à s'approprier les deux personnalités contraires de celui-ci : l'une protectrice et chaleureuse, l'autre à prendre ses jambes à son cou.

Les parallèles entre la série Netflix à succès et Summer of 84 paraissent inévitables tant les pitch de départ sont similaires. Pourtant, après une vingtaine de minutes chacun s’octroient sa propre voie. Peu étonnant puisque le film est entré en développement un an avant la diffusion du premier épisode de Stranger Things et que le fond fantastique est aux abonnés absents. Impossible de crier au plagiat. Qui plus est, cela remet aussi sérieusement en doute les jugements accusant le trio de cinéastes d’être opportuniste en surfant sur le raz-de-marée nostalgique provoqué par la création de Matt et Ross Duffer. Argument complémentaire : le refus à la surenchère de la pop-culture issue de cette époque a contrario de Ready Player One (2018) qui en tirait un de ses piliers fondamentaux. Pourtant, choisir les années 1980 n’est pas anodin. Mais l’argument commercial n’est tout simplement pas prioritaire puisque l’aspect « historique » prime. Effectivement, c’est durant cette décennie et la précédente que les « suburbs » ont vu leur image se ternir lorsque des affaires criminelles s’y succèdent. Pogo, le « clown tueur » ayant sévi à Chicago (ou plus exactement John Wayne Gacy), en est l’une des figures emblématiques tout comme le récemment arrêté Joseph James DeAngelo après 40 ans d’investigations.

Les éditions commercialisées

Édité par L'Atelier d'Images, Summer of 84 est une sortie physique standard ne bénéficiant pas d’une galette 4K mais bel et bien d’un DVD et d’un Blu-ray. Les amateurs d’éditions collectors devront par conséquent se tourner vers nos amis allemands qui n’y sont pas allés de main morte avec un mediabook contenant les deux supports ainsi que la bande originale. Ces trois disques se retrouvent aussi dans un packaging retro type VHS spécialement dédié aux nostalgiques. Le hic –car il y en a un- est l’absence de sous-titres et de langue française. Dans tous les cas, il est bien sûr conseillé d’investir auprès de nos propres éditeurs, en particulier lorsque le transfert est irréprochable comme ici.

De gauche à droite : DVD, Blu-ray

Test Vidéo/Audio

Bien qu’une caméra Red Epic Dragon ait été utilisée lors du tournage, aucune information n’est disponible quant à la résolution du master final. La présentation en Full HD est en tous les cas d’excellente facture puisqu’elle évite majoritairement les différentes formes de compression aisément visibles telles que le banding en dépit du challenge que représentent les scènes avec les lampes torches pointées vers le spectateur. Pour rappel, ce terme technique désigne une gradation non-continue entre les nuances claires et sombres provoquant des blocs non-esthétiques. Ce point est rassurant puisque le film est fréquemment plongé dans l’obscurité presque totale avec des noirs d’encre évitant de se boucher.

Le piqué et la délinéation sont à la hauteur des espérances avec des détails ne manquant pas de s’approprier la texture de la peau, des habits typiques de l’époque, mais aussi des indénombrables décorations agrémentant ces quartiers résidentiels où flotte une menace permanente. Ces dernières, aussi bien en extérieur qu’en intérieur, sont identifiables au point de faciliter le public à saisir la personnalité des personnages y vivant. Les couleurs sont elles assez vives bien que parfois légèrement désaturées avec une palette jaunâtre accentuée renforçant la sensation de chaleur estivale.

Le doublage français tout comme la version originale sont proposées via un mixage DTS-HD Master Audio 5.1. La seconde est recommandée pour son naturel mais les deux sont très compétentes et immersives. Elles capturent des bruits d’ambiance efficaces que ce soit au cœur de la forêt, par les piétinements dans les jardins ou encore le caractère feutré de la médiathèque. La musique de Le Matos composée au synthé est directement tirée des années 80 et souligne en douceur les scènes de recherche. À l’opposé, le score se veut brutal en cas d’action, mobilisant les basses de façon percutante.

Test Bonus

En dehors de son riche commentaire audio, l’interactivité de la galette bleue est limitée mais s’il n’existe pas de scènes inédites ni de making-of comment les inventer ? Le seul supplément manquant comparé au disque américain est une galerie de photographies mêlées à des storyboards.

  • Commentaires audio des réalisateurs : les cinéastes abordent le processus créatif ayant été nécessaire à l’élaboration du long-métrage. Explications sur le casting, l’écriture, les personnages, la photographie de Jean-Philippe Bernier (Turbo Kid) et autres choix artistiques sont mentionnées. Parfait aussi pour travailler son accent. La piste est au format Dolby Digital 2.0.
  • Bêtisier (4:22 min) : gaffes, improvisations, grimaces et oublis sont au menu. Tout aussi distrayant qu’appréciable tant l’ambiance jure avec celle de Summer of 84.
  • Bandes-annonces : Detour (1:57 min), War on everyone (1:40 min) et Les Faucons de la nuit (1:43 min).

Summer of 84 est disponible ici en DVD et Blu-Ray.

Note de la rédaction

Film

Vidéo

Audio

Bonus

« Summer of 84 » confronte l’apparente paisibilité des banlieues d’apparence immaculée à l’horreur que celles-ci peuvent dissimuler. Tension, insécurité, jump scare, humour et violence sont autant d’ingrédients faisant de ce film un moment de cinéma rythmé avec soin. Le Blu-ray est techniquement sans faute et les minces suppléments un véritable atout à cette édition.

Note spectateur : Sois le premier