Gonjiam : Haunted Asylum, terreur en direct

Gonjiam : Haunted Asylum, terreur en direct

CRITIQUE FILM - S'il y a bien quelque chose qu'on recherche à Halloween, c'est à se faire peur. Pour cela, "Gonjiam : Haunted Asylum" joue la carte du found footage et met en scène un groupe de jeunes partant à la découverte d'un des lieux hantés les plus célèbres, dans le but de vérifier l’existence ou non d'esprits maléfiques.

En plaçant le festival du film coréen à Paris entre la fin du mois d’octobre et le début du mois de novembre, les programmateurs ont pris pour habitude de proposer une petite parenthèse horrifique à l’occasion d’Halloween. Une séance un peu à part durant laquelle les sensations fortes sont avant tout recherchées par les festivaliers, forcément dans l’ambiance de la fête folklorique. Cette année, c’est avec Gonjiam : Haunted Asylium qu’on espérait se recroqueviller dans notre siège et pousser quelques hurlements. Le tout, en restant civilisé, contrairement à ce qui se produit malheureusement trop souvent durant les séances de films d’horreur dans des grands complexes cinématographiques.

D’un point de vue des sensations, Gonjiam aura donc pleinement rempli son office. Nous laissant avec les jambes en cotons à la sortie de la salle. Il faut dire que le pitch annoncé plantait déjà le décor parfait : dans les années 1970, les patients d’un asile psychiatrique sont tous décédés dans d’étranges circonstances. Des années après, les membres d’une émission pour le web décident de se rendre sur les lieux pour vérifier l’exactitude des phénomènes paranormaux constatés dedans. Soit l’idée la plus stupide qu’on puisse avoir dans un film d’horreur. Tous accompagnés d’une multitude de caméras (Go pro et autres), permettant de filmer les réactions et ce qu’ils voient, seront alors dirigés par un capitaine à la régie chargé de diffuser en direct les images sur internet.

Fais-moi peur !

Le genre du found footage a déjà été usé jusqu’à la moelle depuis Le projet Blair Witch, trouvant une seconde vie durant les années 2000 avec Cloverfield, Paranormal Activity ou encore Rec. Gonjiam en fait néanmoins un usage assez pertinent, à la manière de Rec justement, mais avec plus de possibilités de mise en scène et de rythme grâce aux nombreuses caméras filmant en permanence. Comme dans la production espagnole, une longue première partie se concentre sur les protagonistes loin de tout danger. Dans un bar, pour répéter la démarche du projet, puis sur la route où les moments de détente seront nombreux avant l’action à proprement parlé. Le cinéma coréen est habitué à jouer avec les genres. Pas étonnant alors de voir, dans un premier temps, Gonjiam tendre carrément vers la comédie et le road movie. Il en sera de même une fois entré dans le fameux asile psychiatrique laissé à l’abandon, où il ne se passera strictement rien durant de longues minutes.

Gonjiam : Haunted Asylum, terreur en ligne

Jung Bum-shik parvient ainsi à créer une tension uniquement par la situation annoncée et en rendant ses personnages très humains. Comme eux, on redoute à s’aventurer dans les locaux. Mais tandis qu’ils parviennent à garder une attitude relativement zen, gardant à l’esprit d’animer le tout en commentant face caméra ce qu’ils font pour les spectateurs en ligne, on ne se permet, de notre côté, aucun relâchement. Attendant impatiemment le jump scare qui fera sursauter. Un peu comme Blair Witch, dont les décors – une forêt, la nuit, une grande tante pour la régie et une vieille habitation – font évidemment écho.

Là encore, le réalisateur garde ses armes pour le dernier moment. Jouant avec nos nerfs, et s’amusant avec les codes du genre, tournés presque en dérision par un premier twist. Ce ne sera donc qu’une fois à point que la déferlante horrifique sera lâchées, provoquant les sensations tant attendues. Tant pis alors s’il bascule plus d’une fois dans le grotesque, pouvant autant amuser qu’effrayer. Les sensations sont bien là, et c’est tout ce que recherche le film. Bien que le réalisateur critique très vaguement la course aux vues et à l’audimat – le capitaine refusant que son équipe abandonne avant d’avoir atteint 1 million de spectateurs -, l’absence de fond dans Gonjiam est flagrante. C’est pour cette raison que le film en reste au stade du divertissement basique, consommé, apprécié, et aussitôt oublié – du moins après une bonne descente d’adrénaline.

 

Gonjiam : Haunted Asylum de Jumg Bum-shik, présenté lors du 13e festival du film coréen à Paris du 30 octobre au 6 novembre 2018. Ci-dessus la bande-annonce.

Conclusion

Note de la rédaction

Dans le genre épouvante, "Gonjiam" fait le boulot pour mettre un bon coup de flippe, à défaut de raconter quelque chose de profond.

Note spectateur : Sois le premier