Irresistible : Steve Carell s’attaque au système électoral américain

Irresistible : Steve Carell s’attaque au système électoral américain

CRITIQUE/AVIS FILM - Dans « Irresistible », Steve Carell incarne un consultant politique démocrate exécrable, qui organise la campagne d’un ancien militaire pour les élections municipales d’une petite ville du Wisconsin. Satire qui s’attaque férocement au système électoral en vigueur aux États-Unis, cette comédie réalisée par Jon Stewart a-t-elle l’étoffe d’un grand film politique ?

Un personnage taillé pour Steve Carell

Irresistible débute en novembre 2016, au lendemain de l’élection du 45e président des États-Unis. Donald Trump se prépare à prendre les rênes. Les Américains sont sous le choc, du moins les démocrates. La gueule de bois est terrible pour Gary Zimmer (Steve Carell), consultant politique en première ligne pendant la campagne d’Hillary Clinton. Mais lorsqu’il découvre une vidéo sur laquelle Jake Hastings (Chris Cooper), un ancien colonel de la Marine, lance un appel pour venir en aide aux migrants dans sa petite ville du Wisconsin, Gary entrevoit une lueur d’espoir pour son parti. Il quitte Washington pour lui proposer de se présenter aux élections municipales, et accepte d’organiser sa campagne. Sa rivale républicaine Faith Brewster (Rose Byrne) ne tarde pas à venir lui mettre des bâtons dans les roues.

"Irresistible" : Critique de la comédie politique de Jon Stewart avec Steve Carell et Rose Byrne.

Deuxième long-métrage réalisé par Jon Stewart après le drame Rosewater, inédit en France, Irresistible descend point par point toutes les dérives du système électoral américain. En se plaçant du point de vue du consultant politique incarné par l’excellent Steve Carell, le réalisateur s’en prend d’emblée à la condescendance des cols blancs de Washington vis-à-vis de la population rurale.

Gary Zimmer est suffisamment exécrable pour que le spectateur garde une distance et rit de lui. Steve Carell atteint des sommets lors de ses joutes avec Rose Byrne, qui retrouve la froideur hilarante des personnages de Mes meilleures amies et Spy. Leurs confrontations face aux médias, durant lesquelles ils s’attaquent à l’aide d’insultes et de fake news, offrent au film ses moments les plus drôles. Leur manière de prendre de haut les habitants de la ville de Deerlaken avec un sourire pincé donne également lieu à plusieurs scènes mémorables, à commencer par les échanges gênants entre Gary et une pâtissière soucieuse de lui remettre chaque jour son petit déjeuner.

Une morale poussive

Grâce à la présence de personnages secondaires volontairement effacés, à commencer par le candidat Jake Hastings et sa fille Diana interprétée par Mackenzie Davis, Irresistible rappelle avec subtilité que les jeux politiques n’arrivent plus à duper une population laissée sur le carreau. Pour dénoncer la course aux dollars incessante d’un système corrompu, Jon Stewart laisse Steve Carell et Rose Byrne se déchaîner devant les experts de CNN et Fox News, et enchaîner les échanges hypocrites à des galas de charité. Il n’en fallait presque pas plus pour que le film s’impose comme une comédie réussie.

"Irresistible" : Critique de la comédie politique de Jon Stewart avec Steve Carell et Rose Byrne.

Mais le point d’orgue du récit repose sur un pivot revanchard qui fait la part belle aux oubliés du long-métrage, et finit d’imposer les consultants politiques comme les dindons de la farce. Les rôles sont inversés, et l’opportunisme de ceux qui se présentaient comme des sauveurs ne fait définitivement plus illusion. Jon Stewart ne s’arrête pas là et finit de ridiculiser ses cibles dans une conclusion poussive, qui rabâche au spectateur que tout ceci aurait pu être une histoire vraie. La finesse du reste du film s’est malheureusement envolée dans ces dernières minutes. Malgré cet écart, Irresistible mérite le détour, ne serait-ce que pour le duo formé par deux acteurs en très grande forme.

Irresistible, de Jon Stewart, en salle le 1er juillet 2020. Ci-dessus la bande-annonce. Retrouvez ici toutes nos bandes-annonces.

Conclusion

Note de la rédaction

Comédie politique efficace malgré ses lourdeurs dans le dernier acte, « Irresistible » vaut beaucoup pour le duo formé par Steve Carell et Rose Byrne, excellents dans les rôles de deux consultants politiques rivaux et cyniques.

Note spectateur : Sois le premier