Anna, un jour : mère au bord de la crise de nerfs

Anna, un jour : mère au bord de la crise de nerfs

CRITIQUE / AVIS FILM - Présenté en compétition à la Semaine de la critique en 2018, « Anna, un jour » de Zsófia Szilágyi rend hommage aux mères en suivant l’une d’entre elles dans un quotidien éreintant. Un film hongrois qui frappe par la justesse de son propos.

La Semaine de la critique 2018 l’avait annoncé : les femmes seront à l’honneur de cette section avec une majorité de réalisatrices participant à cette édition. Avec Anne, un jour (One Day/Egy Nap), film hongrois de la réalisatrice Zsófia Szilágyi, la section annexe du festival de Cannes l’a immédiatement confirmé. Comme son titre l’indique, le film se déroule sur une journée. Mais pas n’importe laquelle. Celle d’une mère de trois enfants. Le fait qu’elle ait des difficultés avec son mariage importe peu dans un sens, si ce n’est pour ajouter une complexité à sa situation. Car tandis que le couple vrille avec une histoire d’infidélité qui hante cette femme, la vie du quotidien doit se poursuivre.

Une réalité pure et simple

Un quotidien qui consiste à se consacrer uniquement, ou presque, aux enfants. Gérer le réveil, préparer le petit-déjeuner, amener les enfants à l’école puis aux activités de danse ou de musique, récupérer le plus jeune à la crèche, retrouver les autres avec un goûter, ne pas oublier le concours de l’un le lendemain, prendre avec soi la copine de l’autre, rentrer tout ce beau monde à la maison et préparer le repas jusqu’au coucher avant que tout ne recommence. Dit comme ça, on pourrait penser que Anna, un jour cherche à écœurer des enfants. Il n’en est rien. Le film regorge, malgré tout, d’amour pour ces enfants. Et ce n’est pas pour rien que durant cette course continuelle s’ajouteront ici et là l’agressivité d’un chauffeur impatient ou une erreur bancaire aberrante. Car le problème ne provient pas des enfants, mais de l’absence de soutien pour pouvoir s’en occuper comme il faut. Certes Anna (très empathique Zsófia Szamosi) pourrait se délaisser d’eux en les laissant à leur grand-mère. Mais cette solution à court terme n’est à l’évidence pas suffisante. Et l’envie de partager des moments avec ses progénitures ne change pas.

Critique Anna, un jour de Zsófia Szilágyi : mère au bord de la crise de nerfs

En introduction du film lors de la Semaine de la critique en 2018, Charles Tesson, délégué général de la section, disait de Anna, un jour qu’il « transforme notre regard sur une réalité qu’on pensait connaître ». En effet, la réalisatrice hongroise retranscrit de la meilleure des manières la vie des mères. Sans artifice, on peut difficilement l’accuser de tricher, d’assombrir faussement la réalité. De plus, Zsófia Szilágyi n’a pas besoin d’en rajouter sur les effets dramatiques. La tension se faisant naturellement sentir. À force, c’est même une forme de crispation, similaire à celle qu’on pouvait ressentir devant les enfants ingérables de Florida Project, qui nous envahi. Pourtant, ces enfants-là n’ont rien d’exceptionnel – pas plus terribles que d’autres. Et en incluant tout de même le père dans sa démarche, la réalisatrice fait preuve d’une justesse à tous les niveaux pour retranscrire la réalité de tout un chacun. Cette universalité du propos et du traitement fait ainsi d’Anna, un jour un film d’une pertinence rare. Et que dire de sa fermeture aussi drôle que dramatique, à laquelle il serait difficile de ne pas s’identifier.

 

Un jour de Zsófia Szilágyi, présenté à la Semaine de la critique de Cannes 2018, en salle le 19 juin 2019. Ci-dessus la bande-annonce. Retrouvez ici toutes nos bandes-annonces.

Conclusion

Note de la rédaction

Osé, "Anna, un jour" de Zsófia Szilágyi montre la journée d'une mère et arrive à en tirer tension, émotion et empathie. Même s’il faut passer par un rythme peu évident, et que l’interminable journée de cette femme se fait fortement ressentir, on ne peut que respecter la démarche jusqu’au-boutiste et la force du propos.

Note spectateur : Sois le premier