Nightmare Island : le cauchemar est dans le titre

Nightmare Island : le cauchemar est dans le titre

CRITIQUE / AVIS FILM – Après avoir réalisé « Action ou Vérité », Jeff Wadlow collabore une nouvelle fois avec Blumhouse pour « Nightmare Island », une adaptation supposée horrifique de la série des années 1970-1980 « L’Île fantastique ».

Depuis plusieurs années maintenant Blumhouse s’est imposé comme une source plus ou moins sûre dans le paysage horrifique américain. Proposant des films à concepts, entre comédie et horreur, et si possible portés par des auteurs capables de se débrouiller avec un budget minime. Le studio a notamment permis à Night Shyamalan de revenir sur le devant de la scène avec The Visit, qui pour seulement 5 millions de dollars en a rapporté quasiment 100 millions dans le monde. Mais après quelques gros succès critiques et publics, Blumhouse a parfois donné l’impression de tomber dans la sur-production. Proposant des films qui, au-delà d’un concept sympathique, peuvent s’avérer assez anecdotiques, et auraient donc pu être évité. Happy Birthdead était déjà à la limite, mais se rattrapait par une bonne dose d’humour et d’autodérision. Ce qui n’est pas le cas de Nightmare Island, dernière sortie en date du studio.

Une version pas si effrayante de L’Île fantastique

L’idée était pourtant intrigante. Proposer une adaptation remake de la série L’Île fantastique (1977-1984) en poussant l’histoire de base vers l’horreur. Dans la série, monsieur Roarke, assisté du nain Tattoo, accueille ses hôtes sur une île paradisiaque où n'importe quel désir peut se réaliser. Nightmare Island (titre français qui, pour une fois, est plutôt cohérent avec le film) reprend donc le principe, avec le même lieu où les invités peuvent laisser libre cours à leur imagination. Tout y va. Du duo de frangins qui veut "la totale", avec grosse soirée dans une villa et mannequins hommes et femmes à leur service, à celle qui souhaite se venger de la brute du lycée, en passant par celui qui veut jouer à la guerre et celle qui veut revivre une demande en mariage qu’elle avait déclinée dans le passé. Evidemment, les rêves de chacun vont vite se transformer en cauchemars lorsqu’ils se rendront compte que le propriétaire des lieux ne fait pas qu’une mise en scène de leurs fantasmes, mais que tout est vrai, avec tir à balles réelles et torture à la Saw.

CRITIQUE / AVIS FILM Nightmare Island : le cauchemar est dans le titre

On pouvait alors s’attendre à ce que Nightmare Island dérape totalement dans une sorte de gore burlesque, où les corps se feraient découper à outrance comme pour tourner en dérision des classiques du genre. A la place, le réalisateur et scénariste Jeff Wadlow (Kick Ass 2, Action ou Vérité) se montre extrêmement sage et bavard à force de vouloir offrir à tous ses protagonistes un background ennuyeux au possible. Le summum étant atteint avec Randall (Austin Stowell), qui souhaite donc entrer dans l’armée pour rendre hommage à son père décédé lors d’une mission. On assiste alors à des moments clichés qui ne sont malheureusement pas traités sur le ton de la parodie. Et c’est bien là le problème de Nightmare Island. Car tout en jouant sur différents codes (horreur, thriller, mais aussi film de guerre, drame…), en se voulant trop moralisateur (par le biais des personnages qui doivent faire la paix avec leur passé), le film perd tout le second degré nécessaire.

Ainsi Nightmare Island reste dans un entre-deux. Pas suffisamment riche (visuellement et scénaristiquement) pour être un thriller horrifique sérieux et tendu, et pas assez fauché pour devenir une sympathique série B qui ne se prendrait pas au sérieux. D’ailleurs, il n’y a qu’à jeter un œil au casting pour comprendre. Faisant appel en grande partie à des acteurs et actrices de séries, mais généralement vu.e.s dans des seconds rôles. Si Maggie Q a une certaine réputation, c’est moins le cas de Ryan Hansen (Veronica Mars), Jimmy O. Yang (Silicon Valley), Austin Stowell (Catch-22) et même Lucy Hale (Pretty Little Liars, Action ou Vérité), qui ne parviennent pas à surprendre. Seul Michael Peña aurait pu amener un peu de piquant en monsieur Roarke, mais son jeu trop discret et apathique n’offre finalement rien de remarquable. Une prestation finalement à l’image de Nightmare Island, qui sans être cauchemardesque plongera facilement dans un doux sommeil.

Nightmare Island de Jeff Wadlow, en salle le 12 février 2020. Ci-dessus la bande-annonce. Retrouvez ici toutes nos bandes-annonces.

Conclusion

Note de la rédaction

Sans être un film profondément mauvais, « Nightmare Island » n’est pas pour autant très passionnant. Ennuyeux, bavard et trop sérieux, il manque cruellement de folie pour être le divertissement fun qu’on attendait.

Note spectateur : 2.03 (3 notes)