OSS 117 Alerte rouge en Afrique noire : un retour éphémère

OSS 117 Alerte rouge en Afrique noire : un retour éphémère

CRITIQUE / AVIS FILM - Jean Dujardin reprend son rôle d'idiot sympathique dans "OSS 117 : Alerte rouge en Afrique noire" cette fois sous la direction de Nicolas Bedos qui tente doucement de poser son style.

OSS 117 : comédie à la française

Avec OSS 117, Michel Hazanavicius a offert deux des meilleures comédies françaises des années 2000. D’abord en 2006 avec OSS 117 : Le Caire, nid d’espions, puis en 2009 avec OSS 117 : Rio ne répond plus. Deux films librement adaptés des romans de Jean Bruce et parfaitement menés par Jean Dujardin qui excelle dans les rôles d’idiots. Il y interprète Hubert Bonisseur de la Bath, le meilleur agent des services secrets français pour certains, un macho égocentrique qui doit le succès de ses missions à la chance pour d’autres.

C’est là que réside tout l’aspect comique des OSS. Dans ce personnage aux innombrables défauts et idées reçues. De la Bath est “très français”, bloqué dans les années René Coty et voue une admiration sans faille au Général de Gaulle, mais reste éminemment sympathique grâce au parfait équilibre trouvé par Hazanavicius et le scénariste Jean-François Halin.

OSS 117 : Alerte rouge en Afrique noire
OSS 117 : Alerte rouge en Afrique noire ©Christophe Brachet - MANDARIN PRODUCTION – GAUMONT – M6 FILMS – SCOPE PICTURES

Plus de dix ans après le second film, de la Bath est de retour dans OSS 117 : Alerte rouge en Afrique noire. Si Jean-François Halin est toujours présent, Michel Hazanavicius a lui été remplacé par Nicolas Bedos. Un changement qui se remarque dès le générique du film qui annonce une parodie bien plus assumée à James Bond. En effet, après une introduction musclée, le réalisateur propose un générique musical avec tous les codes visuels bondiens, jusque dans le titre du morceau, From Africa with Love, évoquant directement From Russia with Love.

Bedos reste discret

Cela pourrait sembler anodin. Mais c'est révélateur d’une intention différente entre les deux cinéastes, et donc une variation de style à venir. Nous sommes maintenant en 1981. De la Bath est définitivement has been et pourrait se faire remplacer par la jeunesse incarnée par l’agent 1001 (Pierre Niney). Un temps mis au placard avec les geeks de l’informatique, il va finalement retourner sur le terrain pour retrouver 1001 qui n’a plus donné de signe de vie. Direction l’Afrique donc, mais attention à ne pas fâcher les amis de la France et risquer l’incident diplomatique.

OSS 117 : Alerte rouge en Afrique noire
OSS 117 : Alerte rouge en Afrique noire ©Christophe Brachet - MANDARIN PRODUCTION – GAUMONT – M6 FILMS – SCOPE PICTURES

Aussitôt arrivé, on comprend que les temps ont changé. Désormais, OSS tente de s’adapter et d’éviter toute remarque déplacée, en dépit d'une maladresse chronique. Évidemment, à trop vouloir éviter les propos racistes, c’est l’effet inverse qui se produit. Nicolas Bedos, connu pour son caractère clivant, s’amuse ainsi avec son personnage et en profite pour lâcher des piques à la bien-pensance. Un clin d’œil pas des plus pertinent à #MeToo témoigne notamment de ce plaisir enfantin de vouloir irriter ses détracteurs.

Heureusement, ses opinions personnelles ne débordent pas trop sur le film. OSS 117 : Alerte rouge en Afrique noire propose comme espéré des passages extrêmement drôles durant lesquels Hubert perd toujours plus de sa superbe ce qui renforce notre sympathie pour lui. Comme le jeu de drague loin d’être concluant avec la maître d'hôtel, interprétée avec brio par Natacha Lindinger. De son côté, Pierre Niney n’est pas en reste et participe également à désacraliser l’image que 117 a de lui-même.

Une comédie de l'instant

OSS 117 : Alerte rouge en Afrique noire ne fait donc pas vraiment de fausses notes. Le film amuse et Jean Dujardin prend toujours autant de plaisir à incarner ce personnage qui lui va si bien. Néanmoins, quelque chose manque à ce troisième opus. Une histoire, ou plutôt une mission globale, mieux construite et plus passionnante notamment. Et surtout, de meilleures trouvailles dans les dialogues. Il n’a pas fallu longtemps pour que les deux premiers opus acquièrent un statut de film culte. En atteste les nombreuses répliques utilisées au quotidien. “Faisons comme ça”, “les boules de Noël”, “le jeu en vaut la chandelle”... La liste est longue.

OSS 117 : Alerte rouge en Afrique noire
OSS 117 : Alerte rouge en Afrique noire ©Christophe Brachet - MANDARIN PRODUCTION – GAUMONT – M6 FILMS – SCOPE PICTURES

Que reste-t-il de ce troisième OSS après coup ? Au final, pas grand chose malheureusement. Quelques situations comiques mais rien de mémorable. Comme s’il manquait cette petite étincelle que parvenait à insuffler Michel Hazanavicius dans chacun de ses plans. Car, si le scénario pourrait être le premier remis en cause, la mise en scène effacée de Nicolas Bedos est à prendre en compte. Suffisant pour divertir sur le moment, mais probablement pas pour marquer sur la durée.

On en vient alors à une comparaison avec Jamais plus jamais, “faux James Bond” produit indépendamment des autres films de la saga. Un remake médiocre d’Opération Tonnerre qui sert surtout à offrir à Sean Connery sa dernière incarnation en agent 007, tout comme Jean Dujardin a l’occasion ici de porter, probablement pour la dernière fois, le costume de 117. Deux figures essoufflées qui auront bénéficiées d'un dernier tour de piste anecdotique.

OSS 117 : Alerte rouge en Afrique noire de Nicolas Bedos, en salle le 4 août 2021. Ci-dessus la bande-annonce. Retrouvez ici toutes nos bandes-annonces.

Conclusion

Note de la rédaction

"OSS 117 : Alerte rouge en Afrique noire" est une comédie efficace toujours bien emmenée par Jean Dujardin et les seconds rôles. Un ensemble convaincant mais pas aussi marquant que les précédents opus.

Note spectateur : 4 (1 notes)