Quand nous étions sorcières : fascinants sortilèges

Quand nous étions sorcières : fascinants sortilèges

CRITIQUE / AVIS FILM - Remasterisé et réadapté pour nos écrans, le premier film mythique interprété par Björk, écrit, produit et réalisé par l'américaine Nietzchka Keene, "Quand nous étions sorcières", est aussi envoûtant que déstabilisant. À voir absolument au cinéma.

Il a fallu, du temps pour que nous puissions enfin voir cette œuvre presque maudite. Nous sommes en 1986 et la cinéaste américaine Nietzchka Keene, aussi habituée à la casquette de productrice, tourne le film dont elle a toujours rêvé. Direction les magnifiques terres islandaises, pleines d'histoires, de ressources, de mystères. Le décor parfait pour faire vivre le fantastique. Ainsi commence le tournage de The Juniper Tree, traduit chez nous par Quand nous étions sorcières, avec la grande et majestueuse musicienne (et désormais actrice) Björk, la vingtaine, mais déjà dans son élément.

Adaptation libre et libératrice du célèbre Conte du genévrier des frères Grimm, le film n'a malheureusement pas pu toucher un public tout de suite. C'est quatre ans plus tard, en 1990, que la réalisatrice réussit à présenter le long-métrage au festival de Sundance, nommé pour le Grand Prix du Jury. Quand nous étions sorcières se bâtit donc une petite réputation, mais n'est pour autant que très peu visible pendant les trente années qui suivirent. C'est le AFI Fest, l'année dernière, qui le présente pour la première fois en version restaurée et cela permet enfin au film de trouver un distributeur et de prendre le chemin vers nos salles.

© Les Bookmakers / Capricci Films

Magie noire et blanche

Mais alors finalement, que vaut cette œuvre tant convoitée ? Quand nous étions sorcières n'est peut-être pas aussi mystérieux qu'on peut le penser ; d'abord en terme de durée, le film ne dépasse pas les 1h20, il reste évasif et ancré dans un moment précis. De sa mise en scène originale - les paysages sont sublimes - le film déploie ainsi dans toute sa splendeur le caractère mystique de chacun de ses personnages. Tout commence sur un triangle amoureux : la jeune et ingénue Margit (Björk, magnétique) et sa sœur aînée Katla sont contraintes de fuir en direction des montagnes, après que leur mère a été brûlée, accusée de sorcellerie. Quand les deux jeunes femmes rencontrent le paysan Jóhann, une amitié se lie, rapidement pervertie par le désir, puis l'amour.

Plongés dans l'époque du Moyen Âge, on pourrait donc penser à un film rétrograde. Mais Keene retranscrit audacieusement les mœurs de l'époque à sa manière - en élaborant des thèmes féministes subtiles. Quand nous étions sorcières, qui est d'ailleurs une merveille pour les yeux (le noir et blanc ajoute à la fantaisie indéniable des paysages islandais) est aussi une œuvre foncièrement en avance sur son temps. Où la marginalité n'a pas de visage, où des personnages féminins possèdent chaque plan, nous saisissent du regard. Ensorcelant.

 

Quand nous étions sorcières de Nietzchka Keene, en salle le 8 mai 2019. Ci-dessus la bande-annonce. Retrouvez ici toutes nos bandes-annonces.

Conclusion

Note de la rédaction

"Quand nous étions sorcières" est une œuvre en avance sur son temps. Où la marginalité n'a pas de visage, où des personnages féminins possèdent chaque plan, nous saisissent du regard. Ensorcelant.

Note spectateur : Sois le premier