Rocks : une bande de filles brillante et attachante

Rocks : une bande de filles brillante et attachante

CRITIQUE/AVIS FILM - Après avoir dirigé des pointures comme Meryl Streep ou Helena Bonham Carter, la réalisatrice Sarah Gavron fait appel à des apprenties comédiennes dans « Rocks ». Ce portrait d’une Londonienne confrontée à la disparition soudaine de sa mère brille grâce à l’improvisation de ses actrices, qui offrent de véritables moments de grâce au film.

Des actrices qui crèvent l’écran

Shola, surnommée « Rocks » par ses amies, est une adolescente qui vit dans le quartier de Hackney, à Londres, avec son petit frère Emmanuel et sa mère Funke. Lorsque cette dernière disparaît soudainement, Rocks est persuadée qu’il s’agit d’un épisode passager et qu’elle sera vite de retour. Mais les jours passent et l’absence de Funke se prolonge, tout comme son silence. Démunie, l’adolescente s’occupe tant bien que mal d’Emmanuel. Pour échapper aux services sociaux, Rocks n’a d’autre choix que de demander de l’aide à ses amies, et la situation lui échappe alors qu’elle fait tout pour préserver ses proches.

Tourné dans le nord-est de la capitale anglaise, Rocks débute sur une scène où une bande d’amies observe les grands immeubles vitrés de la City et se raconte diverses expériences vécues dans le quartier financier. Face à un joli coucher de soleil, leurs échanges savoureux suffisent à marquer le décalage social entre ces copines et les cadres du centre économique londonien. Le long-métrage est traversé par de superbes moments de spontanéité similaires à cette ouverture, qui symbolisent à merveille la volonté de la réalisatrice Sarah Gavron de laisser le plus de place possible à ses excellentes actrices.

Rocks : critique du nouveau film de Sarah Gavron, réalisatrice des "Sufragettes".

Après avoir dirigé des pointures telles que Meryl Streep, Helena Bonham Carter et Carey Mulligan dans Les Suffragettes, la réalisatrice donne la parole à des actrices qui font pour la plupart leurs débuts à l’écran. Le long-métrage est porté par leur énergie, leur humour, leur colère et leur tristesse. Chaque réplique sonne juste et chaque émotion paraît authentique, y compris dans les scènes les plus délicates à jouer à l’image d’une dispute entre Rocks, en détresse, et sa meilleure amie Sumaya, qui tente de lui apporter son aide alors qu’elle est complètement fermée. Une séquence qui, à l’instar de beaucoup d’autres, donne tout son sens au film. En encourageant de jeunes comédiennes comme Bukky Bakray (Rocks) et Kosar Ali (Sumaya) à improviser, Sarah Gavron souligne le caractère insaisissable de l’adolescence et le sentiment de découverte permanente qui l’accompagne.

La jeunesse est un risque à courir

Si Rocks est comparé au travail de Ken Loach, le film s’écarte de la désillusion et la rage qui émanent de certains longs-métrages du réalisateur (Moi, Daniel Blake), et s’avère à l’inverse lumineux. Malgré l’inquiétude grandissante liée à l’absence de sa mère, l’héroïne s’efforce de tenir le coup, en grande partie pour protéger son petit frère. Là encore, leur relation respire le naturel et le jeune D’angelou Osei Kissiedu ne cesse d’impressionner.

Rocks : critique du nouveau film de Sarah Gavron, réalisatrice des "Sufragettes".

La réalisation évite les effets de style inutiles et l’approche naturaliste de Sarah Gavron colle parfaitement à la pudeur de son personnage principal. Face à la vitesse à laquelle les émotions viennent la frapper et au poids des responsabilités déjà conséquent pour son jeune âge, Rocks fait preuve d’une constance qui offre au film de véritables moments de grâce, à l’image de ses dernières minutes.

L’autre aspect fabuleux de Rocks est sa façon d’aborder la notion de fuite, là encore liée à cette période de la vie marquée par l’incertitude, et qui renvoie au parcours du héros de L’Attrape-cœurs. Tout comme Holden Caulfield, personnage principal du roman de J.D. Salinger, Rocks défie l’autorité de manière extrêmement soudaine, et entre dans la transgression sans vraiment s’en rendre compte en évitant les services sociaux. Souvent liés à la jeunesse, ces moments de révolte instinctifs peuvent s’avérer magnifiques, comme c’est le cas dans ce drame où une grande sœur découvre son instinct maternel avant l’heure.

Rocks de Sarah Gavron, en salle le 9 septembre 2020. Ci-dessus la bande-annonce. Retrouvez ici toutes nos bandes-annonces.

Conclusion

Note de la rédaction

Portée par des actrices inexpérimentées qui font des débuts ravageurs au cinéma, « Rocks » est une comédie dramatique qui retranscrit à merveille le caractère insaisissable de l’adolescence.

Note spectateur : Sois le premier