The Dead Don't Die : à mort les références

The Dead Don't Die : à mort les références

CRITIQUE / AVIS FILM - Trois ans après son documentaire "Gimme Danger" et le délicat "Paterson", Jim Jarmusch change totalement de bord et aborde le film de genre dans toute sa splendeur : des personnages nés d'un autre monde, un univers loufoque et décalé... Du sang. "The Dead Don't Die" est un sacré tour de manège (dé)enchanté. Étrangement réjouissant.

On vous assure, dans cette petite ville de Centerville, au premier abord tranquille et innocente, il ne fait pas bon vivre. Le cinéaste américain Jim Jarmusch y pose le décor de son nouveau long-métrage, probablement le plus surprenant depuis Ghost Dog : La voix du samouraï (1999) et le bal des vampires dans Only Lovers Left Alive (2014). Dès le départ, le pitch semblait farfelu : un film de zombie... Fait part Jim Jarmusch ? Si en 1995, le réalisateur présentait à Cannes sa révision du western avec le culte Dead Man, il revient cette année, en ouverture de l'édition 2019 (s'il vous plaît !) avec The Dead Don't Die. Un hommage affriolant les fans de zombies, exaspérant à contrario les partisans du Jarmusch contemplatif et touchant de Broken Flowers (2005) et Paterson (2016). Oui mais voilà, un objet non-identifié ne vient pas de nulle part : The Dead Don't Die est autant un film de genre que Jarmusch un auteur confirmé insaisissable.

Critique The Dead Don't Die : à mort les références

Grande chorale sanguinolente

Nous voilà plongés dans l'Amérique profonde, où les flics sont à la ramasse totale (Bill Murray, Adam Driver et Chloë Sevigny excellents), où les pompes funèbres sont habitées par des croquemorts passionnés d'arts martiaux (Tilda Swinton, comme d'habitude totalement barrée, et donc géniale), où les habitants de la campagne profonde pourrissent le monde d'aujourd'hui (Steve Buscemi, ça faisait longtemps), où les morts se réveillent, où Iggy Pop sort de sa tombe... Quoi ? Le spectateur est aussi dubitatif que les personnages, enfermés dans cette ville hors du temps. Jarmusch réunit un reste de casting scintillant : Tom Waits, Selena Gomez, Danny Glover et RZA et construit une fable comique et grinçante, parfois mordante.

The Dead Don't Die ne laisse pourtant qu'une infime partie à l'émotion - ici, le cinéaste creuse un énorme fossé avec ses précédents films - préférant se concentrer sur l'absurde et l'établissement de références toutes assumées. Du cinéma de George Romero (le maestro du genre) à la culture geek en passant par l'inévitable Amérique de Trump - on pourrait même trouver cela un peu ringard, voire totalement contre-productif (a t-on encore besoin d'évoquer cet état de "zombification" que subit la société aujourd'hui ?). Malgré tout, Jarmusch est toujours aussi à l'aise derrière la caméra. Il s'amuse, filme les mésaventures de ses personnages qu'on adore voir dans de mauvaises postures. La fin du monde est proche et apparemment, il faudrait mieux en rire qu'en mourir.

 

The Dead Don't Die de Jim Jarmusch, présenté au Festival de Cannes, en salle le 15 mai 2019. Ci-dessus la bande-annonce. Retrouvez ici toutes nos bandes-annonces.

Conclusion

Note de la rédaction

Jim Jarmusch creuse un énorme fossé avec ses précédents films - préférant se concentrer sur l'absurde et l'établissement de références toutes assumées. Drôle mais pas révolutionnaire.

Note spectateur : 2.65 (2 notes)