The Nevers : le retour de Joss Whedon sur le petit écran

The Nevers : le retour de Joss Whedon sur le petit écran

CRITIQUE / AVIS SÉRIE - Alors qu'il fait l'actualité pour de mauvaises raisons, Joss Whedon revient sur le petit écran avec "The Nevers". Une série fantastique en pleine époque victorienne menée par des femmes hors normes.

HBO lance son année avec The Nevers

Dans un début d'année où l'offre sérielle n'est pas très stimulante si l'on excepte les "Marveleries" et quelques surprises made in Netflix, on place de bons espoirs en The Nevers. Première cartouche tirée en 2021 par HBO, dont les sorties sont habituellement d'un niveau au-dessus de la moyenne.

Outre la pandémie, la série tombe dans un contexte particulier. Son créateur, Joss Whedon, ne cesse d'être épinglé pour son comportement douteux lors de précédents projets. Pendant que son implication sur Justice League est pointée du doigt, des anciennes collaboratrices dénoncent une tendance au harcèlement. Le papa de la magnifique série Buffy contre les vampires est donc dans la tourmente, à tel point qu'il n'est pas allé au bout de la production de The Nevers, cédant sa place à Philippa Goslett. Sans ce passif, son retour sur le petit écran aurait pu être un vrai motif de réjouissance. Joss Whedon reste quelqu'un qui a apporté des bonnes choses au monde des séries.

The Nevers
The Nevers ©HBO

The Nevers installe son intrigue dans une Grande-Bretagne rétro, en pleine époque victorienne. Lorsqu'un étrange événement survient à Londres, une petite part de la population développe des pouvoirs magiques. Surtout des femmes, qui vont vite être identifiées comme les Touchées et devenir une possible menace aux yeux des autres. Deux d'entre elles vont s'ériger en têtes fortes d'une communauté qui ne trouve pas sa place.

Une série féministe

Dès sa séquence d'ouverture, la série dépeint à travers plusieurs situations la place des femmes dans la société. Il est clair que l'époque qui sert de cadre n'était pas celle qui leur offrait le plus de liberté. Les hommes dominaient, avaient le monopole des décisions et organisaient le monde comme bon leur semblait. The Nevers présente quasiment une redite d'une chasse aux sorcières avec ces femmes possédant des pouvoirs magiques. Elles sont perçues comme une menace parce qu'elles dénotent par rapport aux autres, plus dociles. Un propos qui trouve un écho avec notre époque, où la place des femmes doit être réévaluée pour faire bouger les lignes. Une certaine ironie s'en dégage néanmoins, quand on sait que Joss Whedon a été accusé dernièrement de comportement abusif avec des actrices par le passé.

Le gros atout mis en avant par The Nevers est son univers. Le choix de l'époque victorienne instaure directement une ambiance très précise avec une reconstitution solide. On apprécie plus particulièrement les petites touches steampunks/rétrofuturistes qui se glissent dans le décor. La série a la bonne idée de ne pas abuser avec et de créer un ensemble homogène où chaque élément qui dénote procure une surprise au spectateur.

Ni ratée, ni excellente

À défaut de lorgner vers une originalité renversante, le mélange fonctionne pour conférer à la série une identité assez plaisante. Le cadre installé accueille une galerie de personnages assez large mais cette diversité n'est pas forcément un atout car le traitement accordé à chacun se révèle inégalement intéressant. La caractérisation des deux héroïnes principales fonctionne, ce qui est déjà très important. Par-delà ça, les voir donner des corrections aux hommes n'est clairement pas déplaisant. La première scène de baston lance les hostilités avec un coup bien chargé adressé en direction des parties génitales d'un ennemi. Plus tard, d'autres hommes fuient amochés en voyant qu'ils ne peuvent rivaliser avec Amalia (Laura Donnelly).

The Nevers
Mary Brighton (Eleanor Tomlinson) - The Nevers ©HBO

Une fois le propos et l'univers assimilés, The Nevers met en exergue ses limites assez vite. La proposition, agréable au demeurant, ne passe pas le cap qui la fait entrer dans la catégorie supérieure. Dire que la série ne marche pas serait faux. Elle dispose de qualités honorables et une envie de mêler un propos moderne à une forme divertissante. Ça ne fait hélas pas tout. Cette première partie de six épisodes a plus des allures de brouillon que de franche réussite. Les ingrédients sont sur la table mais le manque, pour l'heure, de raffinement et d'efficacité, fait rapidement plafonner ce programme que l'on a rêvé en première grande réussite de 2021 de la part d'HBO.

 

The Nevers créée par Joss Whedon, à partir du 12 avril 2021 sur OCS en US+24. Ci-dessus la bande-annonce. Retrouvez ici toutes nos bandes-annonces. 

Conclusion

Note de la rédaction

Résultat en demi-teinte pour "The Nevers". La série parvient à instaurer des bonnes choses dans son ambiance et son discours. Sauf qu'elle ne concrétise pas (encore ?) son potentiel. La seconde salve de six épisodes, prévue plus tard, saura peut-être recadrer tout ça.

Note spectateur : Sois le premier