Top des films du Studio Ghibli les plus sous-estimés

Top des films du Studio Ghibli les plus sous-estimés

Quand vous pensez au Studio Ghibli, quels sont les premiers films qui vous viennent en tête ? "Mon Voisin Totoro", probablement. "Le Tombeau des Lucioles" vous a sûrement fait pleurer. Vous devez connaître "Princesse Mononoke" et "Le Voyage de Chihiro" sur le bout des doigts... Pourtant, le célèbre studio japonais créé par Hayao Miyazaki et Isao Takahata a produit une bonne quarantaine de films depuis 1985 ! Parmi eux, certains sont moins connus du grand public, mais sont tout aussi magnifiques.

Souvenirs goutte à goutte (1991)

Lorsque l'on évoque le nom d'Isao Takahata, on ne peut s'empêcher de penser au bouleversant Tombeau des Lucioles. Et pourtant, le co-fondateur de Ghibli a pu réaliser bien d'autres longs-métrages tout aussi superbes. A commencer par Souvenirs Goutte à Goutte qui a connu une diffusion à l'international très limitée à l'époque. Cela est un peu dommage car ce film contemplatif de 2 heures est d'une richesse visuelle et scénaristique à couper le souffle. Trois ans après avoir fait pleurer le monde entier, Takahata livre ainsi un film d'animation moins dur que son précédent mais tout aussi émouvant.

Tiré du manga Omoide poro poro, le film se permet d'y apporter quelques modifications. En effet, il était initialement question de l'histoire de la petite Taeko dans les années 1960. Sauf que Takahata décide de rajouter également le récit de Taeko adulte dans les années 80. Souvenirs goutte à goutte marque donc les esprits par cette alternance atypique entre moments actuels et flashbacks vers l'enfance. Ce choix n'est pas anodin de la part du réalisateur japonais puisqu'il met en opposition 2 époques (le Japon d'après-guerre et le Japon Moderne) et 2 sociétés (rurale et campagnarde pour l'une, urbaine et moderne pour l'autre).

Le réalisateur en profite également pour interroger la place délicate de Taeko en tant que femme au sein de la société. Néanmoins, c'est au sein de la campagne qu'elle finit par se trouver, Takahata voulant (comme son compère Miyazaki) montrer l'importance du retour aux valeurs traditionnelles et au respect de la nature. Si vous êtes fan de l'animation japonaise et tout particulièrement de Ghibli, vous avez le devoir de regarder ce film.

Si tu tends l'oreille (1995)

Film issu du manga éponyme de Aoi Hiragi,  Si tu tends l'oreille est réalisé par Yoshifumi Kondo. Avant cela, ce dernier avait exercé 10 ans durant pour le studio Ghibli, remplissant les fonctions d'animateur-clé, de chara-designer ou de chef-animateur. Désigné comme le successeur d'Hayao Miyazaki, il réalise donc ce film pour le studio en 1995, chose rare à l'époque. En effet, cette tache était jusqu'ici réservée à Takahata et Miyazaki. Malheureusement, ce sera le seul film de sa carrière puisqu'il mourra d'une rupture d'anévrisme en 1998. Ce décès aura d'ailleurs des conséquences pour le studio puisque cette perte mènera à une "retraite" de Miyazaki durant trois ans.

Scénarisé par le co-fondateur de Ghibli, Si tu tends l'oreille propose donc de suivre la vie de Shizuku, jeune collégienne qui va découvrir l'amour à travers sa passion pour la littérature, l'écriture et la musique. Se situant entre le merveilleux de Miyazaki et la mélancolie de Takahata, le film adopte complètement les codes du studio. Toutefois, Au-delà des thèmes profonds qui touche aux soubresauts que connaît la société japonaise moderne, le film est surtout un feel-good movie léger. Tout est fin, humble et attendrissant.

Par ailleurs, il faut noter que l'on retrouvera deux personnages mineurs (Muta et Baron) dans un autre manga d'Hiragi : Le Royaume des Chats. Ce dernier est adapté en 2002 par le studio. Nous y revenons ci-dessous...

Le Royaume des Chats (2002)

Après avoir signé un come-back retentissant avec Le Voyage de Chihiro, Miyazaki redevient actif au sein du studio. En effet, on le retrouve en 2002 à la production du premier long-métrage d'Hiroyuki Morita (lui-même animateur-clé de plusieurs films Ghibli). Ce long-métrage se nomme Le Royaume des Chats. Adaptation du manga Baron, neko no danshaku d'Aoi Hiragi, le film est l'occasion de revoir Baron et Muta. Toutefois, ces derniers vont connaître des rôles encore plus importants puisqu'ils se retrouvent intégrés au sein d'un monde particulier que va découvrir une héroïne semblable à Alice.

S'il est souvent cité comme le plus enfantin des films Ghibli par son histoire et son animation, Le Royaume des Chats n'en reste pas moins profondément attachant. A mi-chemin entre Chihiro et Alice aux Pays des Merveilles, le film nous embarque dans une aventure fantastique palpitante au sein d'un univers idéalisé qui sera découvert par une petite fille. Pétri d'une galerie de personnages charismatiques et fantaisistes, le film se distingue des autres films du studio, lorgnant un peu plus sur Disney. D'ailleurs, c'est probablement cette ressemblance avec le studio américain qui a sans doute rebuté le public de l'époque. Est-ce pour autant un mauvais film ? Non.

Arrietty, le petit monde des chapardeurs (2010)

Bien que librement inspiré de The Borrowers, la série littéraire de l’écrivaine britannique Mary NortonArrietty, Le Petit monde des Chapardeurs n’en reste pas moins une production Ghibli. Réalisé par Hiromasa Yonebayashi (dont c'est le premier long-métrage), le film possède une esthétique propre et hyper-fluide. Si le fond reste très miyazakien, (rencontre qui n'aurait jamais dû avoir lieu entre un garçon et une lilliputienne) la forme peut rester toutefois enfantine dans son humour et sa malice.

Néanmoins, il ne faut pas s'y tromper : Arrietty, Le Petit monde des Chapardeurs est un film qui surprend par sa noirceur et son fatalisme. L'existence de ces êtres qui se cachent des humains est en effet loin d'être réjouissante. Récit initiatique d’une grande finesse, le film se passe des oppositions entre la tradition et la modernité mais il sublime par la volonté qu'ont les personnages de s'entraider pour pouvoir survivre. Un brillant film, très émouvant !

La Colline aux Coquelicots (2011)

Avec un nom tel que le sien, Goro Miyazaki est un cinéaste qui doit faire ses preuves. En effet, son simple nom de famille est un héritage lourd à porter pour lui. Un héritage qui d'ailleurs l'avait passablement encombré lorsqu'il avait réalisé son premier long-métrage, Les Contes de TerremerUn film qui a été lourdement critiqué à sa sortie, et pour lequel son père n'avait pas non plus été très tendre à l'époque. Cinq ans plus tard, il réalise donc La Colline aux coquelicots, dont le résultat est bien meilleur que son premier film.

Adaptation du manga éponyme dessiné par Chizuru Takahashi et scénarisé par Tetsurô Sayama, le long-métrage s'articule autour de la vie quotidienne d'une lycéenne Komatsuzaki Umi qui va s'attacher à Mizunuma Shiro, président du conseil des élèves. Tout semble beau et idyllique entre les deux, mais un passé commun va changer à tout jamais leurs vies. 

Si l'animation reste chatoyante mais classique, c'est dans sa reconstitution du Japon des années 60 que Goro excelle véritablement. En effet, l'univers des lycéens de cette période est décrit avec précision, entre nationalisme fervent et grand respect pour les traditions. S'il ne possède aucun élément onirique ou fantastique, La Colline aux Coquelicots charme par ses personnages émouvants et emplis de sentiments simples, profonds et sans nuances. Un bon Ghibli.

Souvenirs Goutte à Goutte, Le Royaume des Chats et Arrietty, Le Petit Monde des Chapardeurs sont disponibles sur Netflix.