800 professionnels du cinéma demandent la réouverture des salles au président de la République

Une situation toujours plus absurde et cruelle

800 professionnels du cinéma demandent la réouverture des salles au président de la République

Plus de quatre mois après la fermeture des salles de cinéma, de nombreux professionnels du milieu viennent de signer une lettre ouverte adressée au président. Ils y demandent la réouverture des cinémas.

Le cinéma français uni pour la réouverture des salles

Cela fait maintenant plus de 4 mois que les salles de cinéma sont fermées en France. Depuis le 26 octobre dernier, on ne peut plus se rendre dans les salles obscures. Et donc découvrir les nouvelles sorties sur grand écran. Les professionnels du cinéma poussent depuis de longs mois pour inciter le gouvernement à changer sa position sur la question. Ils lui demandent de rouvrir les salles.

La situation les empêchant de prévoir leur stratégie pour les prochains mois, beaucoup se montrent très inquiets pour leur futur. Dans ce contexte, 800 professionnels du cinéma français viennent de se mobiliser. Ils ont signé une lettre ouverte directement adressée à Emmanuel Macron.

Une lettre qui souligne l'injustice que subit le milieu du cinéma

Publiée sur le site de la SFR (la Société de Réalisateurs de Films), la tribune demande la réouverture des salles immédiate en posant la question « Qu’est-ce qu’on attend exactement ? ». La demande s’appuie sur plusieurs études. Celles-ci ont prouvé que les salles de spectacles ne sont pas des lieux où le virus se propagerait de manière significative. De nombreux noms prestigieux sont à retrouver parmi les signataires. On peut citer par exemple Guillaume Canet, Jacques Audiard, Louise BourgoinMarion Cotillard, Cédric Klapisch, Léa Seydoux, Karin Viard ou encore Gaspard Ulliel.

Guillaume Canet, Marion Cotillard
Guillaume Canet, Marion Cotillard © Borde-Moreau, BestImage

Voici l’intégralité de la lettre en question :

"UN JOUR SANS FIN
Qu'est-ce qu'on attend exactement ?

Aujourd'hui, et depuis de très longs mois, les 5 913 écrans des 2 046 cinémas de France sont maintenus fermés au nom d'un principe de précaution sanitaire pourtant contredit par un avis du Conseil scientifique du 26 octobre et par l'étude ComCor de l'Institut Pasteur du 10 décembre 2020.

Aujourd'hui nous pourrons donc, encore et toujours, faire la queue pour aller acheter des baskets ou une glace, nous entasser dans les supermarchés ou prendre le train, même bondé, mais nous ne pourrons pas aller au cinéma. Ni au théâtre. Et cela malgré la mise en place d'un protocole sanitaire des plus stricts et des plus fiables dès le premier jour du déconfinement.

Au gré des chiffres, des variants, des politiques d'image, d'annonce, de culpabilisation ou d'intimidation, nous avons le sentiment d'être éradiqués. Et alors quoi ? On reste fermé un an, deux ans ? Pour toujours ?

Monsieur le Président, nous voudrions préciser une chose que l'opinion publique ne sait pas, mais que, bien plus grave, vous ne semblez pas savoir non plus : le cauchemar que vit l'industrie du cinéma, ses travailleurs et travailleuses, n'est pas tant celui de l'année passée, certes extrêmement difficile, mais bel et bien celui des deux voire trois années à venir. Chaque semaine de fermeture ajoute à la catastrophe en marche.

C'est l'avenir d'une profession qui est hypothéqué, à mesure que les films terminés s'empilent chaque semaine sur les étagères des distributeurs. C'est le "tout plateforme" qui s'installe dans les habitudes et dévalorise nos ambitions et nos droits. C'est une filière industrielle économique forte de 340 000 emplois qui coule. C'est un monde de débats et d'idées qui s'appauvrit considérablement. Car le cinéma ne se préoccupe pas que du cinéma. Il se préoccupe de tout ce qui fait société, ouvre à la réflexion, à la discussion, amène la rencontre avec ce public qui nous manque à hurler. Et à qui l'on manque.

Quel gâchis.
Quelle violence.
Quelle injustice.

Combien de fois faudra-t-il répéter qu'aucun théâtre, lieu de culture ou salle de cinéma n'a été un cluster ? Combien de fois faudra-t-il répéter que nous ne sommes ni des troubadours égoïstes et déconnectés, ni des divas dans des tours d'ivoire mais bel et bien des femmes et des hommes responsables, conscients de la gravité de la situation ? Que le cinéma français est la troisième cinématographie la plus importante du monde, et que vous risquez de la faire s'effondrer en à peine un an.

Monsieur le Président, une étude allemande menée par l'Institut Hermann Rietschel (Université de Berlin) vient de conclure que les salles de cinéma sont deux fois plus sûres que les supermarchés et trois fois plus sûres que les voyages en train. Lisez-la !

Votre silence et celui de votre gouvernement sont en train de tuer le cinéma français, et plus généralement une grande partie de notre culture.

Dans le respect des gestes barrières, de la distanciation physique et d'une jauge qui permette à chacun d'être en sécurité : ré-ouvrez les salles ! Maintenant !"