À contretemps : c'est quoi ce film haletant avec Penélope Cruz ?

À contretemps : c'est quoi ce film haletant avec Penélope Cruz ?

Penélope Cruz et Luis Tosar se lancent dans une course contre les injustices dans le drame "À contretemps". Un film magistral sur les ravages de la crise financière en Espagne où les expulsions locatives se multiplient depuis des années, qui prend la forme d'un thriller haletant.

À contretemps : une course contre la montre poignante

La puissance émotionnelle d'À contretemps, premier long-métrage du comédien Juan Diego Botto se perçoit dès l'introduction magistrale, qui présente plusieurs personnages sur le point de vivre une journée déterminante. Badía (Somaya Taoufiki) laisse sa fille chez elle alors qu'elle part au travail. Peu de temps après, les autorités constatent que la fillette est toute seule et l'embarquent par précaution.

Témoin de la scène, Rafa (Luis Tosar), avocat de Badía, essaie de les rattraper mais échoue et se lance à la recherche de la mère pour ne pas qu'elle perde la garde de son enfant. De son côté, Azucena (Penélope Cruz) continue de se battre la veille de son expulsion. Enfin, Germán (Font García) est un ouvrier qui ignore les appels de sa mère Teodora (Adelfa Calvo), qui a pourtant une nouvelle capitale à lui annoncer.

À contretemps
Rafa (Luis Tosar) - À contretemps ©Condor Distribution

Tous ces individus se croisent ou se cherchent dans les rues de Madrid, menant chacun leur propre combat. Comme Éric Gravel l'a brillamment fait avec le personnage incarné par Laure Calamy dans À plein temps, Juan Diego Botto filme leur lutte comme un thriller. Il se sert de tous les éléments pour intensifier le rythme ou au contraire le calmer, embarquant son spectateur à leurs côtés et parvenant à lui faire ressentir de manière viscérale leurs moments de désespoir et leur acharnement face aux injustices.

Une leçon d'écriture

Ici, une rue bloquée, un appel manqué ou une impossibilité administrative peuvent devenir une source d'angoisse. Et les angoisses sur lesquelles Juan Diego Botto se penche sont concrètes et tangibles, et les conséquences que les personnages redoutent sont imminentes. Le réalisateur ne se consacre d'ailleurs pas qu'aux conséquences matérielles, dévoilant avant tout des familles qui se disloquent, des proches qui s'éloignent et se perdent ainsi que des individus qui s'isolent.

Il ne contourne pas la fatalité de certains destins mais montre aussi la solidarité salvatrice face à des institutions toutes puissantes mais invisibles, alors que les décisions de ces mêmes institutions sont à l'origine de la plupart des situations du long-métrage.

À contretemps
Azucena (Penélope Cruz) - À contretemps ©Condor Distribution

Avec ces différentes courses contre la montre, À contretemps se concentre sur les actes plutôt que sur les discours pour dénoncer les dérives d'un système où les expulsions directement liées à la crise financière de 2008 et à l'augmentation record du chômage se comptent par dizaines de milliers. Cette volonté de se focaliser sur les actions mises en œuvre pour lutter se ressent d'ailleurs au cours d'un échange final bouleversant où Azucena, formidablement incarnée par Penélope Cruz, explique à son mari joué par Juan Diego Botto pourquoi elle n'a cessé de se mobiliser, là où lui a préféré baisser les bras par honte et désillusion.

Haletant, nerveux et poignant, À contretemps est une leçon d'écriture, d'interprétation et de mise en scène. Le film est à découvrir au cinéma dès le 5 juillet 2023.