American Gangster : Frank Lucas a-t-il réellement exécuté un rival en pleine rue ?

American Gangster : Frank Lucas a-t-il réellement exécuté un rival en pleine rue ?

S'il comporte des éléments fictifs, "American Gangster" se base sur de nombreuses anecdotes réelles de la vie de Frank Lucas. Parmi elles, l'exécution en pleine rue d'un redoutable caïd nommé Tango, interprété par Idris Elba dans le film de Ridley Scott.

American Gangster : l'ascension et la chute de Frank Lucas

En 2007, après le péplum Gladiator, le film de guerre La Chute du faucon noir ou encore la fresque historique Kingdom of Heaven, Ridley Scott s'essaie au film de gangsters avec American Gangster. Un long-métrage avec lequel il retrouve Russell Crowe et qui lui permet de collaborer avec Denzel Washington, l'acteur fétiche de son frère Tony (USS AlabamaMan on Fire). Le comédien prête ses traits à Frank Lucas, figure du crime new-yorkais.

American Gangster
Frank Lucas (Denzel Washington) - American Gangster ©Universal Pictures

Homme de main de Bumpy Johnson (Clarence Williams III), le seigneur de Harlem, Lucas tente de prendre le contrôle du quartier après la mort de son mentor, n'hésitant pas à concurrencer d'autres mafieux, parmi lesquels Nicky Barnes (Cuba Gooding Jr.). Pour s'imposer, il profite de la guerre du Vietnam pour importer de l'héroïne pure, qu'il commercialise sous le nom de "Blue Magic". Alors qu'il fait tout pour mener ses affaires discrètement avec ses frères, il finit par attirer l'attention du flic corrompu Trupo (Josh Brolin) et du policier tenace Richie Roberts (Russell Crowe), qui met tout en oeuvre pour le coincer.

"Ce scénario n'est pas un documentaire"

Ruby Dee, Chiwetel Ejiofor, Lymari Nadal, Ted Levine, John Hawkes, RZA, T.I., Common, Carla Gugino, John Ortiz, Armand Assante ou encore Joe Morton complètent la distribution colossale d'American Gangster. Un long-métrage inspiré d'une histoire vraie mais qui comporte une part de fiction, comme l'explique Russell Crowe durant la production (via Allociné) :

Ce scénario n'est pas un documentaire. Il donne une vision nécessairement partielle des événements et contient aussi certains détails fictifs.

American Gangster
American Gangster ©Universal Pictures

Néanmoins, le scénariste Steven Zaillian (Gangs of New YorkThe Irishman) inclut évidemment de nombreux faits réels de la vie de Frank Lucas. Ce dernier s'est par exemple effectivement servi des cercueils de soldats américains morts au Vietnam pour faire transiter sa drogue. Il a également porté cette fameuse fourrure offerte par sa femme, qui aurait attiré l'attention des forces de l'ordre et précipité sa chute selon lui.

L'exécution bien réelle de Tango

Par ailleurs, le gangster a bel et bien tué un rival dans une rue bondée de Harlem. Dans le film, Frank Lucas explique sa philosophie à ses frères dans un café lorsqu'il sort brusquement pour aller à la rencontre de Tango, incarné par Idris Elba, un criminel qui ne cesse de le narguer et qui finit avec une balle dans la tête quelques secondes plus tard.

American Gangster
American Gangster ©Universal Pictures

Une anecdote apparemment inspirée d'une véritable exécution, que Frank Lucas raconte à sa manière au journaliste Mark Jacobson pour son article The Return of Superfly publié en 2000 dans le New York Magazine, qui sert de base à American Gangster. L'ancien trafiquant se souvient à propos de cet épisode qui serait survenu au cours de l'été 1965 ou 1966, sans la présence de ses frères :

Quand vous êtes dans le genre de travail que je faisais, (...) vous devez montrer jusqu'où vous êtes prêts à aller. Tout le monde, Goldfinger Terrell, Willie Abraham, Hollywood Harold, parlait de ce grand mec, Tango. Environ deux mètres, 120 kilos, rapide. Il avait tué deux ou trois types à mains nues. (...) Tout le monde avait peur de lui. Donc je me suis dit : 'Tango, tu es mon homme'.

Je suis allé le voir, je lui ai demandé s'il voulait faire des affaires. Je lui ai donné 5000 dollars de marchandise. Parce que je savais qu'il allait merder. (...) Deux semaines plus tard, je vais lui parler et je lui dis : 'Mec, quand est-ce que tu vas me payer ?'

Il a commencé à se lancer dans un de ses numéros. (...) Il a commencé à jurer, à dire qu'il allait faire de moi sa chienne et qu'il allait faire pareil de ma mère. À partir de là, il était mort. Donc je l'ai laissé parler. Un mort a le droit de dire ce qu'il veut. À ce moment-là, tout le bloc est là pour voir si je vais me dégonfler. Donc je lui ai dit : 'Quand tu auras fini, fais-le moi savoir'. (...) Puis je lui ai tiré dessus. Quatre fois : bam, bam, bam, bam. Le gars n'avait plus de tête.

C'était mon rite d'initiation pour prendre le contrôle de Harlem. Je venais de tuer l'enfoiré le plus méchant. Pas seulement de Harlem, mais du monde entier.