Athena : Romain Gavras dévoile les secrets de son plan-séquence d'introduction

Athena : Romain Gavras dévoile les secrets de son plan-séquence d'introduction

Romain Gavras, réalisateur du spectaculaire "Athena", revient en vidéo sur les coulisses et la fabrication du fameux plan-séquence d'introduction. Une démonstration de réalisation "à l'ancienne", sans usage d'effets numériques et sans couper la caméra.

Secrets de fabrication d'un plan-séquence magistral

Le nouveau film de Romain Gavras, Athena, s'ouvre avec un plan-séquence stupéfiant de plus de dix minutes. Une introduction magistrale pour ce film ultra-spectaculaire, qui comporte d'autres plans-séquences eux aussi complexes et impressionnants. Dans une vidéo diffusée par Netflix (ci-dessous), Romain Gavras fait le commentaire de cette introduction et en dévoile l'intention, ainsi que les secrets de fabrication.

Comme il l'explique d'emblée, le réalisateur commence par un travelling arrière "classique" centré sur le personnage d'Abdel (Dali Benssalah). La caméra reste sur lui jusqu'à se tourner sur son jeune frère Karim (Sami Slimane), qui va engager l'émeute en lançant un cocktail Molotov devant le commissariat. À partir de là, c'est l'embrasement. Pour Romain Gavras, il était important de lier les deux frères dans un même plan, puisqu'ensuite les plans couperont pour passer de l'un à l'autre. L'intention est ici de présenter l'antagonisme entre les deux frères, ainsi que de présenter la quasi-totalité du décor et lieu unique du film : la cité Athena.

On suit donc Karim dans le commissariat, puis dans le fourgon de police qui le conduit jusqu'à la cité. Toujours dans le même plan-séquence, il traverse ensuite à pied la cité, croise et interagit avec différentes personnes, puis se positionne au bord de la dalle centrale, avec ses créneaux qui lui donnent une apparence de château fort. La question qui brûle les lèvres est : comment la caméra passe-t-elle de l'extérieur du camion à son intérieur, en ressort, suit Karim et finit par s'envoler ?

Caméra, scooter et drone

Comme Romain Gavras l'indiquait dans notre interview, il a été essentiel de beaucoup répéter et de se soumettre à une organisation "militaire" pour parvenir à mettre en boîte cette séquence d'Athena. Une séquence qui demandait aussi une implication maximale des acteurs, notamment de Sami Slimane qui doit rester dans son personnage tout le long de la séquence et sur les deux kilomètres parcourus entre le commissariat et la dalle.

Athena
Athena ©Netflix

Il y a les acteurs, et il y a l'équipe derrière la caméra. Et celle-ci, plutôt que d'user de 3D, fonds verts ou raccords "invisibles", a bien filmé l'entièreté de la séquence sur place. Pour passer de l'intérieur à l'extérieur du fourgon en mouvement (à 5'51 dans le film), la caméra est transmise par un opérateur dans le fourgon à un autre opérateur positionné sur un scooter. Pour revenir dans le fourgon (à 6'37), manoeuvre inverse pour la caméra qui passe du scooter aux mains du cameraman dans le fourgon. Celui-ci va ensuite suivre Karim pendant sa traversée de la cité. C'est là qu'une manipulation complexe intervient (à partir de 10'26 dans le film).

Comme l'explique le réalisateur, pour permettre l'envol de la caméra, il a fallu détacher la caméra IMAX du steadicam qui suit latéralement Karim, pour la porter le temps de la clipser à un drone, drone porté par des opérateurs. Une fois la caméra bien arrimée au drone, les hélices de celui-ci se lancent et le plan-séquence peut "s'envoler" et s'éloigner de Karim. Le résultat est spectaculaire, et d'une fluidité exemplaire.

Athena
Athena ©Netflix