Cinéma : le festival de l'Alpe d'Huez pour le renouveau de la comédie

Cinéma : le festival de l'Alpe d'Huez pour le renouveau de la comédie

Emmené par une génération de cinéastes et de comédiens en pleine éclosion, le festival du film de comédie de l'Alpe d'Huez (Isère) ouvre mardi sa 21e édition avec l'ambition renouvelée de rechercher les talents de la prochaine décennie.

Cette année, trois des six films sélectionnés en compétition sont des premières oeuvres.

Leurs auteurs se partagent l'affiche d'une programmation resserrée où figurent toutefois en bonne place les dernières oeuvres d'incontournables du film comique, tel Dany Boon, qui fera l'ouverture avec La ch'tite famille.

L'essence même du festival, c'est d'être révélateur de talents. Nous voulons l'ouvrir sur la prochaine décennie de la comédie. Une nouvelle génération a pris les rênes et s'appuie sur les anciens pour éclore

explique Frédéric Cassoly, le directeur de l'événement.

Pour ces jeunes cinéastes - la plupart sont quadragénaires -, passer à la réalisation d'une comédie a relevé d'une démarche "naturelle", poussée par l'amour d'un genre certes plus facile à produire, mais dont ils cherchent à débrider la mécanique, standardisée sous l'influence américaine.

L'apparition de cette nouvelle vague pourrait, espèrent certains, permettre à la comédie française de sortir de son penchant prononcé pour la vanne potache.

Bousculer les codes

C'est bien qu'un nouveau souffle arrive. Il y avait une forme de facilité qui commençait à s'installer, avec les mêmes acteurs et les mêmes formats car le succès était au rendez-vous. Peut-être aussi parce qu'une comédie, cela reste très difficile à faire, surtout une bonne

analyse Emmanuel Gillibert, qui présentera hors compétition Les dents, pipi et au lit, son premier essai derrière la caméra.

"On a épuisé les formules. On peut donc s'attendre à voir à l'avenir des films plus originaux, sur le fond et sur la forme. Il faut chercher de nouvelles voies, plus ambitieuses", abonde Julien Hallard, qui présentera en compétition Comme des garçons, là aussi un premier long métrage.

Le décalage à l'honneur

Soucieux de bousculer le rythme cadencé et codifié d'un genre s'appuyant sur des séquences très découpées, le cinéaste a choisi de rallonger certains plans pour emmener le spectateur vers une forme d'absurde "à l'anglaise". "Je crois au point de vue de caméra en décalage, qui amène de l'humour. Une mise en scène peut être très drôle", justifie-t-il.

"Écrire pour la blague, c'est quand même toujours ce qui nous attire. Mais le rire, c'est binaire, et c'est en cela que réaliser une comédie n'est pas si simple", souligne de son côté Julien Hervé.

Pour cet ancien auteur des Guignols, sélectionné en compétition avec "Le doudou", un premier film co-réalisé avec Philippe Mechelen, la réussite d'une comédie repose surtout sur une alchimie collective qui doit infuser jusque sur le plateau de tournage.

Une alchimie positive

"De l'écriture au choix des acteurs, la comédie est une aventure humaine dont la teneur influe sur le résultat final. Pour moi, la recette est travailler sérieusement tous ensemble, mais sans se prendre au sérieux. C'est un équilibre difficile à trouver même si on est dans un genre assez codifié", détaille-t-il.

Il rappelle que derrière le rire, les auteurs s'emparent aujourd'hui de vraies problématiques de société pour que le spectateur puisse facilement s'identifier.

Outre ces nouveaux venus, le festival de l'Alpe d'Huez projettera jusqu'à dimanche les longs métrages d'Olivier Barroux (Les Tuches 3), de Franck Dubosc (Tout le monde debout) ou encore de Sophie Marceau (Une voisine si parfaite).

En 2017, la 20e édition anniversaire avait réuni 17.000 spectateurs et récompensé L'Ascension, de Ludovic Bernard. Le film avait été couronné du Grand prix et du Prix du public.