Ce soir à la télé : "le meilleur film de guerre" à l'approche unique

Ce soir à la télé : "le meilleur film de guerre" à l'approche unique

"Croix de fer" (1977) est considéré par certains comme le plus grand film sur la guerre. Réalisé par Sam Peckinpah, le long-métrage adopte le point de vue de soldats allemands sur le front russe pendant la Seconde Guerre mondiale.

Croix de fer de Sam Peckinpah : le grand film de guerre du point de vue allemand

À sa sortie en 1977, Croix de fer n'a pas vraiment été un succès. Pourtant, encore aujourd'hui, le long-métrage de Sam Peckinpah est une œuvre fascinante sur l'horreur et l'absurdité de la guerre. Le premier point osé et qui fait son originalité, c'est que le film se place du point de vue de soldats allemand durant la Seconde Guerre mondiale. Plus précisément sur le front russe, lors de la retraite allemande de la péninsule du Kouban vers la Crimée après la défaite de Stalingrad.

James Coburn - Croix de fer ©ITC Entertainment
James Coburn - Croix de fer ©ITC Entertainment

Adapté du livre La Peau des hommes (1956) de Willi Heinrich, lui-même a priori inspiré de la vie du soldat Johann Schwerdfeger, Croix de fer suit une escouade qui voit débarquer le capitaine Stransky qui souhaite obtenir la croix de fer, une médaille de mérite. Face à lui se trouve le caporal Steiner, un homme d'expérience, apprécié de ses soldats. Les deux hommes n'ont pas la même vision et vont entrer en conflit. Le premier est interprété par Maximilian Schell et le second par James Coburn.

Tout en adoptant le point de vue allemand, Sam Peckinpah présente une variété de personnages qui, à cet instant de la guerre, n'ont plus une vision commune. Il n'est plus question de se battre pour la grandeur de leur nation, mais uniquement pour la survie ou des intérêts personnels. Il n'y a donc pas de héros, logique pour Sam Peckinpah qui durant sa carrière a si souvent éloigné ses personnages de tout héroïsme.

Les louanges d'Orson Welles

L'approche est donc unique aussi bien parce qu'on se place du côté allemand (ce qu'a proposé récemment La Zone d'intérêt), et parce que les soldats n'ont plus aucun esprit patriotique. Ce qui permet d'avoir une forme d'empathie et de confronter le spectateur à une horreur crue. Car tout en étant un cinéaste de la violence, Sam Peckinpah était fortement contre la guerre et il prouve avec Croix de fer, comme l'écrivait Plans Américains : "Si son cinéma est réputé violent, Peckinpah est viscéralement contre la guerre qui est la pire invention de l'homme" avant d'ajouter "On ne fait jamais la guerre pour de bonnes raisons, c'est la leçon tirée par Peckinpah".

Croix de fer est un film sur le chaos et à la vision apocalyptique. Une approche qui a plus que convaincu Orson Welles, qui déclara qu'il s'agissait, pour lui, "du meilleur film de guerre depuis À l'Ouest, rien de nouveau (1930)". De plus, Télérama (via Les Acacias) écrivait au sujet du long-métrage :

Au départ, un tournage chaotique accentué par le manque d’argent et l’état de délabrement physique d’un Peckinpah toujours aussi imprévisible et violent. A l’arrivée, un concert de louanges couronné par une lettre d’Orson Welles qui considère Croix de fer comme « le plus fin des films antimilitaristes qu’il ait jamais vus".

De son côté, le réalisateur Christophe Gans s'est également montré élogieux sur Croix de fer en le décrivant comme "le film le plus puissant jamais fait sur la guerre".