De grandes espérances : cet incident vécu par le réalisateur, point de départ du film

De grandes espérances : cet incident vécu par le réalisateur, point de départ du film

Rebecca Marder et Benjamin Lavernhe se retrouvent liés par un tragique événement dans "De grandes espérances". Pour imaginer ce thriller politique, le réalisateur Sylvain Desclous est parti d'une violente confrontation qu'il a vécue.

De grandes espérances : descente aux enfers pour une jeune première

Dans De grandes espérances, Rebecca Marder (Mon crime) interprète Madeleine, une femme brillante qui s'apprête à passer l'oral de l'ENA. Pour s'y préparer, elle passe quelques jours en Corse, dans la maison de vacances de son compagnon, Antoine (Benjamin Lavernhe), également promis à un bel avenir en politique. Sauf que lors d'une virée en voiture, le couple est confronté à un Corse qui prend assez mal l'attitude au volant d'un Antoine pressé et énervé. En conséquence, l'homme les arrête et compte donner une leçon à Antoine. L'humiliation dégénère lorsque Madeleine se saisit d'une arme.

De cette première partie saisissante, Sylvain Desclous déroule un thriller prenant dans l'univers de la politique. Après avoir caché les faits avec Antoine, Madeleine va parvenir à se faire une place comme conseillère au sein de l'équipe de Gabrielle, une femme politique qui partage ses convictions et ses idéaux. Si son objectif est désormais de mener Gabrielle au plus haut niveau de la sphère politique, son désir va être mis à mal par le retour d'Antoine et l'amour obsessionnel qu'il a pour elle.

Rebecca Marder - De grandes espérances ©The Jokers
Rebecca Marder - De grandes espérances ©The Jokers

Ainsi, De grandes espérances présente des personnages complexes et ambigus, à commencer par Madeleine, parfaitement portée par Rebecca Marder - comme toujours d'une grande justesse. Il est intéressant de la voir au bord de la bascule, jusqu'à frôler la folie de par son obsession pour Gabrielle. Un personnage de femme pour le moins original tandis que Benjamin Lavernhe présente un Antoine à l'opposé, sensible et fragile mais qui vire également en requin.

Un événement humiliant qui inspire Sylvain Desclous

Bien qu'il s'agisse d'une fiction évidente, De grandes espérances a pour point de départ un événement réel vécu par le réalisateur Sylvain Desclous. Comme il nous l'expliquait en interview, lui aussi se retrouva dans une confrontation violente sur une route Corse.

L’incident routier c’est quelque chose qui m’est arrivé et qui était suffisamment fort pour que je me dise que ça pouvait être le point de départ de fiction. Ce qu'il s'est passé ressemble au film, jusqu’au fusil. Le déclenchement est le même, j’avais juste fait des appels de phares. Quand ça m’est arrivé, j’étais assez humilié. Mais de cela, il faut ensuite arriver à un équivalent avec le personnage d’Antoine, l’amener à mal parler au Corse. Donc j'ai imaginé la dispute avec son père et tous ces détails.

Benjamin Lavernhe - De grandes espérances ©The Jokers
Benjamin Lavernhe - De grandes espérances ©The Jokers

Évidemment, la conclusion fut différente pour le réalisateur. Mais de ce point de départ, Sylvain Desclous a tissé son histoire avec comme objectif de traiter d'une "trajectoire d’extraction sociale dans le milieu de la politique".

Cela fait longtemps que je voulais raconter une histoire qui se passe dans le milieu politique, qui me fascine. C’était aussi un moyen de parler de moi, d’idées que j’aime et que je veux défendre.

Un pur thriller nourri par la politique

Prenant trois ans pour écrire le scénario avec Pierre Erwan Guillaume, il fit également appel à Raphaël Chevènement, fils de Jean-Pierre Chevènement et surtout scénariste sur Le Bureau des Légendes et Baron Noir. Une intervention quelques mois avant le tournage pour s'assurer de la justesse des éléments politiques.

J’avais peur d’avoir dit des erreurs donc j’avais besoin d’une relecture de quelqu’un qui connaît bien le milieu. Et il ne le connaît pas uniquement en tant que "fils de", mais surtout en tant que scénariste. Donc il a passé au crible toutes les scènes qui parlaient de politique et fait des ajustements.

Benjamin Lavernhe - De grandes espérances ©The Jokers
Benjamin Lavernhe - De grandes espérances ©The Jokers

Comme dit précédemment, De grandes espérances est un pur thriller dans l'univers politique. Mais le film reste avant tout un film de genre qui n'a pas vocation à émettre une critique sur ce monde. Et c'est ce qui le rend si captivant. Une histoire à suspense dans laquelle les personnages et leurs actes ne sont pas jugés. Ainsi, une question morale peut se poser dans la conclusion de l'œuvre, et Sylvain Desclous a même un temps envisagé une autre fin avant de privilégier la liberté offerte par le cinéma.

Moralement, je me suis posé la question. J’avais écrit une fin différente à un moment pour voir ce que ça donnait. Mais je trouvais ça décevant cinématographiquement. Or, c’est justement là, avec le cinéma, qu’on peut se permettre des choses différentes par rapport à la vraie vie.

De grandes espérances est à découvrir dans les salles le 22 mars.