"De grandes espérances" voit Rebecca Marder faire face à Benjamin Lavernhe dans un thriller politique captivant. Leur relation et leurs précédentes collaborations au théâtre ont été un atout pour ce tournage plus complexe qu'il n'y paraît.
De grandes espérances, un thriller politique "novateur et saisissant"
De grandes espérances débute en Corse, où Madeleine et son compagnon Antoine se sont rendus pour réviser les oraux de l'ENA. Profitant de la maison de vacances du père d'Antoine, ils vont néanmoins faire une rencontre qui va bouleverser leur vie. Des mois plus tard, Antoine ne s'est pas remis de cet événement et s'est éloigné de Madeleine. Cette dernière en profite pour se concentrer sur son travail, désormais aux côtés de Gabrielle, femme politique admirable (aux yeux de Madeleine) qui pourrait viser les hautes sphères de l'Etat.
Avec ce thriller politique, Sylvain Desclous, qui est parti de son vécu, propose un film tendu dont la finalité ne se laisse pas deviner. C'est justement cette particularité du scénario qui a frappé Rebecca Marder et Benjamin Lavernhe. La comédienne nous confiait avoir été, dès la lecture, "très tendue", tandis que l'interprète d'Antoine notait lui à quel point ce genre de scénario pouvait être rare.
On ne sait pas où ça va. Et on est mené comme ça pendant tout le film. On avait la même sensation avec Rebecca de ne pas savoir ce qui allait se passer.
Avec De grandes espérances, Rebecca Marder a, de plus, l'occasion de composer avec un personnage de femme original. Une héroïne complexe, ambitieuse, mais toujours empathique, même lorsqu'elle se retrouve au bord d'une folie obsessionnelle, pour un résultat "très novateur et saisissant" d'après Benjamin Lavernhe.
C’est un personnage très ambigu, un personnage féminin qui est assez rare au cinéma je trouve. D’ailleurs, Sylvain nous disait qu’au moment de financer le film, les gens se demandaient si elle était vraiment morale. Ils se questionnaient sur son ambition. Car l’ambition au féminin n’est pas vue comme une qualité, alors que c'est l'inverse pour les hommes. Donc j’étais contente de défendre une jeune femme qui a envie de pouvoir pour changer le monde, qui a encore foi en l’avenir.
L'évidence du duo Rebecca Marder / Benjamin Lavernhe
Pour porter ce film, Sylvain Desclous a donc opté pour deux comédiens talentueux, au parcours similaire et qui se connaissent bien. Rebecca Marder et Benjamin Lavernhe sont tous les deux passés par la Comédie-Française avant d'avoir une nomination aux César. Du meilleur espoir masculin en 2018 avec Le Sens de la fête pour Benjamin Lavernhe (puis nommé au César du meilleur acteur dans un second rôle en 2020 et 2021), et du Meilleur espoir féminin en 2023 avec Une jeune fille qui va bien pour Rebecca Marder. Pourtant, cette dernière n'était pas le premier choix pour De grandes espérances.
Je n’étais pas le premier choix. Cela devait être une autre actrice, mais elle s’est retrouvée à travailler sur un autre tournage. Benjamin n'était pas au courant et je me suis retrouvée simplement à passer un casting.
Ce retournement s'est avéré payant tant le duo est juste dans le film, jusque dans les scènes les plus anodines qui peuvent, d'après Rebecca Marder, être les plus difficiles à jouer. Leur complicité, et le fait d'avoir joué ensemble au théâtre, leur a permis alors de s'entre-aider sur le tournage, notamment "en se disant les choses plus rapidement". À ce sujet, Benjamin Lavernhe nous disait :
On se dirigeait un peu nous deux. En douce, on se permettait de gagner du temps en se donnant des indications. Ce qu’on ne fait jamais d’habitude avec ses partenaires. Mais le fait de se connaître, d’être amis et d’avoir travaillé ensemble aide en cela.
Une aide précieuse pour un tournage plus complexe qu'il n'y paraît. Sylvain Desclous ayant fait le choix de tourner en grande partie en plan-séquence, comme nous le confiait Benjamin Lavernhe :
On a beaucoup tourné en plan-séquence. On nous filmait dans la longueur et il fallait vraiment que tout le monde soit bien ensemble. C’est un procédé qui peut s'apparenter au théâtre. Mais, du coup, on avait peu de prises car on tournait beaucoup de séquences. Jusqu’à 4 ou 5 par jour.
Même si les scènes sont redécoupées dans le résultat final, le cinéaste a utilisé cette méthode pour capter ce naturel. Un choix, là aussi, pertinent qui ajoute à la qualité du film.
De grandes espérances est à découvrir dans les salles le 22 mars 2023.