Deauville 2019 : double biopic pour Kristen Stewart avec Seberg et JT Leroy

Deauville 2019 : double biopic pour Kristen Stewart avec Seberg et JT Leroy

A Deauville on a eu droit à une double dose de Kristen Stewart avec deux biopics assez opposés : "Seberg" et "JT Leroy". Deux films portés par l'actrice mais dont l'incarnation n'est vraiment au rendez-vous qu'une fois.

Cette année le festival de Deauville remettait à Kristen Stewart un Deauville Talent Awards,mettant à l'honneur sa carrière déjà impressionnante. Pour l'occasion, le festival avait programmé deux avant-premières avec la comédienne dans le rôle principal. Deux biopics, Seberg et JT Leroy, qu'étonnamment presque tout oppose.

Seberg, une page Wikipédia en image

D'un côté Seberg, qui revient sur une partie de la vie de Jean Seberg, icône de la Nouvelle Vague, qui à la fin des années 1960 défend ouvertement la cause des Black Panthers. Mais c'est surtout sa liaison avec Hakim Abdullah Jamal, président de l'Organisation de l'unité afro-américaine, qui la met dans le viseur du FBI. Mise sur écoute et surveillée, elle devient la cible du gouvernement. Dans le film, Kristen Stewart a la lourde tâche de jouer Jean Seberg. Seulement rapidement on se rend compte que Stewart ne pourra pas incarner véritablement Seberg. S'il n'y a rien à redire au talent de la comédienne, il faut malgré tout admettre que ce rôle n'était peut-être pas fait pour elle. Dans l'attitude, le parlé, la posture, Stewart, sans avoir un mauvais jeu (au contraire), n'a rien d'une Seberg. On ne voit ainsi que Stewart à l'écran plutôt que Seberg, ce qui provoque alors une distance malheureuse avec le personnage.

Durant le festival de Deauville, Sienna Miller nous disait justement regretter qu'il n'y ait pas davantage de courage dans le cinéma, que les producteurs devraient chercher à réunir les personnes les plus adaptées pour un projet, à la réalisation comme au casting - voir notre interview. Seberg est l'exemple même d'une production qui se laisse porter par son interprète principale, qui se repose sur son image et le potentiel que cela pourra avoir lors de la promo du film. Une autre actrice moins célèbre aurait certainement pu se fondre davantage dans la peau de Jean Seberg, mais évidemment il aurait alors été difficile de cacher les lacunes du film qui reste en surface de tout. Il y avait pourtant la possibilité de faire un portrait passionnant de l'Amérique dans l'époque. C'est loin d'être le cas.

JT Leroy, un biopic sombre et torturé

A l'inverse, JT Leroy se voit justement grandi par la performance de Kristen Stewart, cette fois parfaite pour interpréter Savannah Knoop, qui après avoir fait la rencontre de Laura Albert, une auteure écrivant sous le pseudonyme du personnage fictif de JT Leroy, accepta de se faire passer pour Leroy auprès du publique. La jeune fille donna alors l'illusion d'être un garçon androgyne, portant perruques, grosses lunettes et toutes sortes de déguisements. Par ce personnage, mais également celui de Laura Albert (Laura Dern), le film questionne le rapport au corps. Comment accepter un physique qu'on n'a pas choisi ? Cela passe par le malaise de Savannah par rapport à sa ligne et qui se forme une seconde peau en étant Leroy, et par la création même de ce pseudonyme qui permet à Laura d'être ce qu'elle désire en se faisant passer, elle, pour Leroy lors d'interviews téléphoniques.

En s'éloignant du biopic classique, JT Leroy se forge une personnalité. Certes on retrouve une écriture relativement classique, mais c'est cette fois la complexité de deux personnages qui gravitent l'un autour de l'autre qui permet d'offrir un regard pertinent sur le monde, l'accès à la célébrité, l'acceptation de soi, ou encore sur les moyens d'expression comme outil psychanalytique. Sans hésitation la proposition qu'il fallait retenir de ce "double programme".