Dune : retour sur une production chaotique

Dune : retour sur une production chaotique

« Dune » est un film culte pour beaucoup de cinéphiles. Pourtant, c’est un long-métrage qui a rencontré de nombreuses difficultés, et que son auteur a tout simplement décidé de renier. Retour sur un film chaotique.

Dune : un classique indéniable

Sorti en 1985, Dune est considéré comme un véritable classique par une partie de la communauté cinéphile. Porté par Kyle MacLachlan, Jürgen Prochnow, Francesca Annis et le chanteur Sting, c’est une prouesse technique pour son époque. Adaptée du roman éponyme de Frank Herbert, l’histoire raconte le destin de Paul, héritier des Atréides. Malheureusement, Dune n’a pas rencontré le succès escompté au moment de sa sortie. Pour un budget de 40 millions de dollars, il n’en a rapporté que 30,9 millions.

Quand Alejandro Jodorowsky devait réaliser le film

C’est en 1971 que le producteur Arthur P. Jacobs acquiert les droits du roman de Frank Herbert. Célèbre pour avoir produit la saga La Planète des Singes il est désireux que David Lean mette en scène l’adaptation de Dune. En 1973, le projet change de mains. Le producteur Michel Seydoux s’associe avec le réalisateur Alejandro Jodorowsky pour créer ce film inédit. Ce cinéaste visionnaire voit les choses en grand puisque, du côté du casting, des stars internationales se bousculent avec notamment Mick Jagger, Orson Welles, Salvador Dali et David Carradine attendus dans le film. Pink Floyd et le groupe français Magma sont approchés pour composer la bande originale de Dune.

Dune dimanche 9 août sur Arte : retour sur une production chaotique

Alejandro Jodorowsky s’entoure d’artistes extrêmement talentueux pour mettre en scène cette adaptation. Le dessinateur français Moebius, le scénariste Dan O’Bannon (Alien) et le concepteur H.G Giger (le futur créateur du Xénomorphe) devaient travailler sur l’œuvre. Mais après deux ans de travail acharné, le projet tombe à l’eau faute de producteurs et d’un budget suffisant pour donner vie à la vision ambitieuse de Jodorowsky. De cette histoire, Frank Pavich a réalisé un documentaire passionnant sorti en 2016 : Jodorowsky’s Dune.

Une gestation chaotique

En 1976, c’est Dino De Laurentiis qui récupère les droits d’exploitation du roman. A partir de ce moment-là, une valse des réalisateurs débute. Le producteur veut confier cette adaptation à Frank Herbert lui-même, mais son scénario est jugé inexploitable. Ensuite, il approche Ridley Scott, qui abandonne le navire, n’ayant pas encore les épaules pour supporter un tournage de cette envergure. Sur les conseils de sa fille, Laurentiis approche David Lynch, qui sort tout juste de Elephant Man, un énorme succès critique et populaire. Ce dernier venait de refuser Le Retour du Jedi, mais accepte Dune car Dino De Laurentiis lui certifie qu’il produira son prochain film : Blue Velvet.

Un film détesté par David Lynch

Mais David Lynch rencontre de gros problèmes pendant le tournage de Dune. L’équipe s’installe pendant un an au Mexique. Elle se retrouve confrontée aux maladies, aux tempêtes de sable, à la chaleur étouffante et aux autorités locales corrompues. Pour ne rien arranger, David Lynch est obligé de partager le studio avec Richard Fleischer qui tourne au même moment Conan le destructeur. Il s’agit d’une autre production de Dino De Laurentiis qui réduit alors le budget de Dune. David Lynch finit par livrer une version de 4h. Evidemment, les producteurs l’obligent à réduire la durée du film. Après négociations, Dune ne durera finalement que 2h20.

Dune dimanche 9 août sur Arte : retour sur une production chaotique

Face à l’échec financier de la production, la suite sur laquelle travaillait déjà David Lynch est abandonnée. Très rapidement, face à cette expérience traumatisante, David Lynch a renié Dune, refusant que son nom soit crédité au générique. Le cinéaste garde une profonde amertume envers cette production ambitieuse, qui est pourtant devenue culte.