Effacer l'historique : pourquoi Corinne Masiero a pleuré pendant cette scène ?

Effacer l'historique : pourquoi Corinne Masiero a pleuré pendant cette scène ?

Sorti en août 2020, "Effacer l’historique" est le dixième film du duo Benoit Delépine et Gustave Kervern. Une nouvelle aventure qui parle de la technologie à outrance et des écarts sociaux dans notre société moderne, notamment via le prisme des gilets jaunes. Une thématique qui a beaucoup touché Corinne Masiero.

Effacer l’historique : une comédie de Benoit Delépine et Gustave Kervern

Initialement, les deux amis sont issus du monde de la télévision. Benoit Delépine et Gustave Kervern ont tous les deux travaillé comme journalistes pour la chaîne Canal+. C’est à cette époque que les deux hommes se rencontrent et décident de s'associer. Grâce à leur humour décalé et provocateur, ils créent et dirigent notamment l’émission parodique Groland. Au début des années 2000, ils décident de lâcher le petit écran pour se lancer dans le monde du cinéma.

Ils réalisent en 2004 Aaltra, leur premier long-métrage. Rapidement, ils se créent un style absurde et agitateur, dont ils se servent pour mettre en évidence les injustices sociales et politiques de notre société française contemporaine. C’est également à eux que l’on doit des films comme Louise-Michel (2008), Mammuth (2010), Le Grand soir (2011) ou encore plus récemment En même temps (2022).

Une critique des nouvelles technologies

Sorti en 2020, Effacer l’historique suit le destin de plusieurs personnages qui sont victimes des nouvelles technologies et des réseaux sociaux. Marie (Blanche Gardin) est aux prises d’un chantage avec un jeune homme (Vincent Lacoste) qui possède une sextape d’elle, Bertrand (Denis Podalydès) a sa fille qui est harcelée au lycée, et enfin, Christine (Corinne Masiero), est une chauffeuse VTC dépitée de voir que les notes de ses clients ne décollent jamais. Ensemble, ils décident de partir en guerre contre les géants d’internet.

Effacer l'historique
Effacer l'historique © Les Films du Worso

Ainsi, avec Effacer l'historique, Benoit Delépine et Gustave Kervern ont donc décidé de faire une critique acerbe et rigolote des nouvelles technologies, et de la manière dont elles asservissent la société moderne. Les deux cinéastes se sont, dans un premier temps, renseignés auprès de véritables hackers pour être le plus fidèles possible à la réalité :

Le principe du cloud, c’est que les infos nous concernant sont réparties dans plusieurs endroits dans le monde. Mais il existe quand même un endroit physique où il est possible de supprimer une information, endroit généralement situé en Californie. C’est pour ça que Marie part à San Francisco.

La réaction de Corinne Masiero

Puis, Benoit Delépine et Gustave Kervern ont ensuite cherché un endroit simple et rustique, pas trop loin de Paris, pour écrire, se mettre dans l’ambiance et tourner Effacer l'historique. Ils ont alors choisi la ville d’Arras. Un mois avant le tournage, ils ont ainsi découvert qu'Arras était la ville d’enfance de leur comédienne Corinne Masiero. Une coïncidence hallucinante comme l’expliquent les deux cinéastes dans le dossier de presse :

Un mois avant le tournage, Corinne nous demande où on va tourner, on lui dit « dans le Nord, près d’Arras ». « Naaan, pas à Saint-Laurent-Blangy ?! ». « Beeeen, si ! ». « Quoi ! Mais vous êtes cinglés ! ». En fait, c’est la ville où elle a passé son enfance, fait les 400 coups, et en a pris aussi plein la tête … Hasard total ! Il y a 35 000 communes en France et on a choisi pile celle-là !

Mais ce n’est pas la seule fois que Corinne Masiero s’est sentie extrêmement impliquée par Effacer l'historique et ses thématiques. En effet, la comédienne a une séquence, au début du film, où elle pleure sur un rond-point, proche du surmenage. Les réalisateurs ont confirmé que la comédienne avait réellement pleuré :

Corinne a vraiment pleuré pendant la scène sur le rond-point. On savait qu’elle était partie prenante dans le mouvement des gilets jaunes, mais on ne savait pas à quel point. Ça a été hyper important pour elle, ça lui a redonné confiance dans la faculté des gens à se mobiliser et s’unir. Elle en avait marre des manifs qui ne menaient à rien et était au bord, elle aussi, du burn-out. Quand t’es Don Quichotte et que tu chasses les moulins à vent, au bout d’un moment, t’en as marre. Les gilets jaunes lui ont redonné la pêche.

Il faut dire que Corinne Masiero vient d’un milieu précaire. Avant de devenir actrice de théâtre, puis de cinéma, elle a même vécu pendant un temps dans la rue, comme SDF. Une période terrible qu’elle évoque régulièrement ouvertement. Cette expérience de sans-abris a profondément marqué sa vision du monde et a influencé son engagement social.

Depuis, elle n'hésite pas à prendre position sur des questions telles que les droits des travailleurs, les inégalités sociales et les problèmes liés à la précarité. Elle a notamment marqué les esprits en se dénudant lors de la cérémonie des César en 2021 pour protester contre la fermeture des lieux culturels et l'impact de la pandémie sur le secteur artistique.