Grâce à Dieu : pourquoi le tournage à Lyon a été très compliqué pour François Ozon ?

Grâce à Dieu : pourquoi le tournage à Lyon a été très compliqué pour François Ozon ?

Long-métrage centré sur les faits de pédocriminalité commis au sein de l'Église catholique et plus particulièrement sur l'affaire Bernard Preynat, "Grâce à Dieu" se déroule en grande partie à Lyon. Une ville où le réalisateur François Ozon et son équipe n'ont quasiment pas pu tourner.

Grâce à Dieu : une affaire sordide

Sorti en 2019, Grâce à Dieu s'inspire de l'affaire Bernard Preynat. En 2020, le prêtre lyonnais est condamné à cinq d'emprisonnement pour des abus sexuels commis sur des mineurs entre 1971 et 1991, connus de plusieurs cardinaux. Le long-métrage de François Ozon revient sur ces événements.

Victime d'abus alors qu'il était scout dans sa jeunesse, Alexandre (Melvil Poupaud) apprend que son agresseur a été maintenu en fonctions par le diocèse de Lyon. Il se lance dans un combat pour révéler la vérité, et est rejoint par François (Denis Ménochet) et Emmanuel (Swann Arlaud), victimes de faits similaires durant leur enfance. Leur engagement pour la libération de la parole bouleverse leurs vies respectives.

Grâce à Dieu
Grâce à Dieu ©Mars Films

Éric Caravaca, Josiane Balasko, Hélène Vincent, Frédéric Pierrot, François Marthouret et Bernard Verley complètent la distribution du drame. Le long-métrage est nommé à cinq César et réunit plus de 900 000 spectateurs français au cinéma.

Un tournage très compliqué à Lyon

La production de Grâce à Dieu est remplie d'épreuves pour François Ozon. Lorsqu'ils tournent à Lyon, le réalisateur et son équipe optent pour le titre provisoire Alexandre, l'expression "grâce à Dieu" étant très connue dans la ville, ayant été utilisée par Philippe Barbarin en 2016 lors d'une conférence de presse. S'exprimant sur les accusations de pédophilie visant Bernard Preynat, l'ancien archevêque de Lyon déclare alors :

La majorité des faits, grâce à Dieu, sont prescrits.

Grâce à Dieu
Grâce à Dieu ©Mars Films

Si François Ozon ne souhaite pas révéler le véritable titre et par conséquent le sujet de son long-métrage dans la ville, c'est pour éviter de subir des pressions qui auraient nui au tournage. En 2019, le cinéaste explique à Ouest-France :

Je ne connaissais pas Lyon. Des contacts sur place m’ont fait comprendre que l’Église possède de nombreux réseaux et un pouvoir énorme dans cette ville. Si j’arrivais à découvert, ça n’allait pas bien se passer. J’ai décidé de tourner les scènes d’églises en Belgique et au Luxembourg, beaucoup en région parisienne et en quatre jours au printemps 2018, les scènes d’extérieur à Lyon, sous un nom de code. (...)  Il a, par ailleurs, été plus difficile à financer que mes précédents…

Le réalisateur assure également au Parisien avoir tourné les scènes d'église à l'étranger "pour ne pas avoir à demander l'autorisation à l'évêque de Lyon", et "donc à Barbarin". Il ajoute :

Mais ce n'est pas un film contre l'Eglise : c'est un film qui vise à aider l'Eglise à comprendre toutes les maladresses et toutes les erreurs qui ont été commises. Il n'y a pas de jugement dans ce long-métrage, juste des questions. L'idée est de créer un débat et de faire en sorte que ces crimes ne se reproduisent plus et soient sanctionnés.