Le grand réaliser Ingmar Bergman est mort il y a déjà 10 ans. Pourtant, aujourd'hui encore, l'oeuvre volumineuse du cinéaste frappe par son inaltérable modernité. C'est l'occasion pour nous de revenir sur la carrière de celui que beaucoup considèrent comme l'un des plus grands maîtres du cinéma, si ce n'est le plus grand.
Des débuts difficiles
C'est à l'université de Stockholm, où il étudie l'Histoire et littérature, que le jeune Bergman se trouve une passion pour le théâtre. Il participe activement à l'association étudiante dédiée au sixième art et met en scène ses premières pièces en reprenant des classiques du genre. Il écourte finalement ses études pour se consacrer au théâtre.
Bergman est ensuite engagé à l'Opéra Royal où il fait ses armes en tant qu'assistant à la mise en scène. Débauché par la Svensk Filmindustri, il découvre le monde du cinéma en tant que scénariste. La société de production lui commande même son premier long métrage en 1946, Crise, qui se soldera toutefois par un échec. Ses trois prochains films seront également très mal reçus par la critique.
Loin de se laisser décourager par ces échecs, le cinéaste entre ensuite dans une période de créativité intense. Ainsi, les années 1950 sont celles de la maturité pour Bergman, qui développe dans les oeuvres de cette période les grands thèmes de sa carrière cinématographique. Parmi eux, on peut citer : le questionnement métaphysique (La Prison), les difficultés de la vie de couple (Sourire d'une Nuit d'Été) ou sa fascination pour la féminité (L'Attente des Femmes).
La reconnaissance
Son film de 1955, Sourire d'une Nuit d'Été, est sélectionné au festival de Cannes. Il y obtient le "prix de l'humour poétique", qui lui permet de se faire connaître au-delà des frontières de la Suède. L'année suivante, son chef-d'oeuvre Le Septième Sceau est acclamé par la critique.
On peut y suivre les péripéties d'un jeune homme que la mort personnifiée attend sur son chemin pendant la peste noire. Il lui propose alors une partie d'échec pour obtenir des réponses à ses questions métaphysiques. Il s'agit sûrement de l'une des oeuvres les plus sombres du cinéaste, véritable allégorie de la mort et du jugement dernier.
En 1958, Bergman remporte l'Ours d'Or du Festival du cinéma pour son excellent film Les Fraises Sauvages. Il y explore les thèmes des relations familiales difficiles et de l'attente anxieuse de la mort.
Les prochains long-métrages du cinéaste remportent un succès inégal. Il réaliste ensuite une trilogie où il aborde à nouveau ses interrogations métaphysiques : A Travers le Miroir, Les Communiants et Le Silence. Ce dernier est d'ailleurs un franc succès critique, et beaucoup le considèrent à nouveau comme un chef-d'oeuvre.
Bergman continue d'exercer son métier de metteur en scène pour le théâtre en parallèle de son métier de réalisateur. Il est d'ailleurs nommé directeur du prestigieux Théâtre Dramatique Royal de Stockholm en 1963.
Bergman, un monument du cinéma
C'est avec Persona, son oeuvre la plus connue, que Bergman entre définitivement dans la postérité. Pourtant, l'élaboration du film avait mal commencé. En effet, celui-ci était à l'origine prévu pour être une grosse production financée par la Svensk Filmindustri. Mais Bergman, qui souffre depuis sa jeunesse d'un ulcère à l'estomac, tombe très malade pendant l'écriture du scénario.
Le script est finalement raccourci et le nombre de personnages revu à la baisse. Pendant la majeure partie du film, il n'y a que deux actrices à l'écran : Bibi Andersson et Liv Ullmann. Il raconte l'histoire d'une actrice devenue soudainement muette pendant une représentation. Elle est ensuite soignée par une infirmière sur une île reculée. Pendant ce séjour, les deux actrices, dont la ressemblance est par ailleurs frappante, connaîtront une véritable crise identitaire.
Le cinéaste réalise ensuite de nombreux films acclamés par la critique comme L'Heure du Loup et Cris et Chuchotements. Mais la société de production du cinéaste est l'objet d'un lourd contrôle fiscal et Bergman est suspecté de fraude. Il est très vite innocenté, mais, très affecté par l'affaire, Bergman s'exile à Munich, où il réalise son chef-d'oeuvre sur la genèse du nazisme, L'Oeuf du Serpent.
Il continue de produire à un rythme important jusqu'au début des années 2000, à la fois pour le cinéma, le théâtre et la télévision (à travers des téléfilms et des séries). Son dernier long-métrage, Sarabande, sort en 2003. Le réalisateur se retire ensuite dans sa maison de l'île de Faro, où il meurt de causes naturelles en 2007.
Ingmar Bergman aura profondément marqué ses contemporains, qui ne tariront jamais d'éloge sur ce grand maître du cinéma. Ainsi, Stanley Kubrick lui dira même, en 1960,
Vous êtes le plus grand cinéaste vivant d'aujourd'hui.
Il aura reçu de nombreuses distinction et honneurs dans sa carrière, dont deux oscars du meilleur film en langue étrangère pour La Source et Fanny et Alexandre.