Dans une récente interview au Guardian, James Cameron a donné ses impressions sur "Wonder Woman" et l’auto-congratulation d’Hollywood.
Alors que Wonder Woman a connu un immense succès à travers le monde et a été adoubé par le tout Hollywood, il y en a un qui n’a pas vraiment été convaincu. En effet, James Cameron a remis en question la soi-disant modernité du film. Il a expliqué que pour lui, il ne s’agissait ni plus ni moins du même genre de film que produit Hollywood, avec la même vision masculine.
Je ne dis pas que je n'ai pas aimé le film, mais pour moi, c'est un pas en arrière.
Le problème que relève le cinéaste, est que le personnage soit présenté comme « une icône objectivée ». Et que, pour lui, « c’est juste le Hollywood masculin qui fait encore la même chose ». Pour appuyer son propos, il a rappelé le traitement de son personnage de Sarah Connor dans Terminator.
Sarah Connor n'était pas une icône de beauté. Elle était forte, elle était troublée, c'était une mauvaise mère. Et elle a gagné le respect du public, malgré tout, par sa vista pure. Selon moi, le bénéfice de personnages comme Sarah est tellement évident. Après tout, la moitié du public est féminin ! (...) Il y a beaucoup de femmes de pouvoir à Hollywood et elles se doivent de guider et façonner les prochains films.
Cette sortie est évidemment arrivée aux oreilles de la principale concernée, Patty Jenkins, qui a tenu à lui répondre en remettant en cause son jugement en tant qu'homme.
L'incapacité de James Cameron à comprendre ce qu'est ou représente Wonder Woman pour les femmes partout dans le monde, n'est pas surprenante, car s'il est un grand cinéaste, il n'est pas une femme ! (...) Il n'y a pas de bonne ou de mauvaise femme de pouvoir. Et la vaste audience féminine qui a fait de Wonder Woman un hit peut certainement choisir ses propres icônes progressistes.
Pourtant, ce que développe ici Cameron n’est pas vraiment faux. Bien qu’il s’agisse d’un bon divertissement et une certaine bouffée d’air frais côté DC, Wonder Woman a surtout donné l’illusion d’un personnage féminin intelligemment traité. Une illusion obtenue en mettant en scène une guerrière au premier plan d’un blockbuster. Cependant, le fond du film, et notamment l’écriture du personnage et son rapport aux hommes n’ont rien de bien nouveau. Celle-ci se contentant de suivre les directives de son comparse et d’être sous son influence. Et quant à Patty Jenkins, qui était jusque-là oubliée à Hollywood, son influence sur une aussi grosse production reste à relativiser.
S’il prenait l’exemple de Sarah Connor, James Cameron aurait également pu évoquer Ripley, Mulan, Furiosa, Buffy, Trinity, Ilsa Faust, Rey… Internet s’en est d’ailleurs amusé, tournant en dérision certains commentaires autour du caractère badass et si novateur de Wonder Woman.
Funny or Die, le collectif humoristique sur Youtube, a même imaginé un groupe de support pour le public féminin qui n’aurait pas apprécié le film.
Moderne ou non, Wonder Woman a dans la majorité été bien reçu. Il a d'ailleurs valu à la réalisatrice Patty Jenkins un gain de popularité. Elle est annoncée pour diriger Wonder Woman 2 et devrait devenir ainsi la réalisatrice la mieux payée d’Hollywood. Le film est prévu pour décembre 2019.