Le Grand Bleu : le film a créé des tensions entre Luc Besson et Jacques Mayol

Eternels Jacques et Enzo…

Le Grand Bleu : le film a créé des tensions entre Luc Besson et Jacques Mayol

En 1988, Luc Besson est couronné avec "Le Grand Bleu", film générationnel inspiré des vies de Jacques Mayol et Enzo Maiorca. Pourtant, le succès commercial et critique du film a cristallisé les tensions entre le réalisateur et le célèbre plongeur français. D'ailleurs, Mayol n'est pas le seul à qui Besson a déplu suite à la sortie du long-métrage...

Le triomphe de Luc Besson

Révélé par un second film intitulé Subway, Luc Besson accède définitivement à la consécration en 1988. En effet, cet amoureux de la plongée sous-marine a toujours souhaité devenir delphinologue. Malheureusement, un grave accident de plongée l'empêchera de poursuivre son rêve. Par conséquent, il se "plongera" dans une autre passion : le cinéma. Bouleversé par un documentaire consacré au plongeur Jacques Mayol, le metteur en scène va donc réaliser un film inspiré de la vie de ce dernier, ainsi que la rivalité qui l'opposait au plongeur italien Enzo Maiorca.

Commercialement, Le Grand Bleu sera un grand succès. En effet, avec 9,2 millions de spectateurs, il atteindra la première place du box-office en 1988. Par ailleurs, le film remportera deux César sur huit nominations. Néanmoins, cela ne va pas empêcher le film de subir les foudres de la presse. Ainsi, comme avec ses précédents films, les critiques vont reprocher à Besson la faiblesse de son scénario et sa mise en scène de clip vidéo. Dès lors, ce sera le début d'une éternelle animosité entre le réalisateur et les journalistes ciné.

Le Grand Bleu
Jacques Mayol (Jean-Marc Barr) dans Le Grand Bleu ©Gaumont

Tensions entre Besson et Mayol

Cinq ans avant la sortie du film, Jacques Mayol et Luc Besson se rencontrent pour la première fois à Marseille. Le réalisateur lui parle de son projet, dans lequel l'histoire du personnage sera romancée par rapport à la réalité. Surtout, Mayol est recruté en tant que consultant sur le métrage. Les relations sont bonnes entre les deux hommes jusqu'à l'énorme carton du film. Paradoxalement, c'est durant ce triomphe que le réalisateur et le plongeur vont se fâcher. En effet, suite au succès du Grand Bleu, Mayol va tenter de renégocier un contrat jugé bien trop modeste pour lui (son nom n'apparait même pas dans le générique !). Toutefois, il n'obtiendra pas gain de cause, ce qui brouillera leur relation durant les années suivantes.

Dépressif, souffrant de la solitude et du manque de reconnaissance, il se suicidera le 22 décembre 2001.

Jean-Marc Barr et Enzo Maiorca également en conflit avec Luc Besson.

En plus de Jacques Mayol, son rival Enzo Maiorca a également un contentieux avec le metteur en scène français. En effet, l'apnéiste italien n'avait pas été averti du projet (cela explique pourquoi il a été rebaptisé Enzo Molinari dans le film). Il décide donc d'engager une procédure en diffamation contre Luc Besson, ce qui aura pour conséquence le blocage de la sortie du film en Italie ! Finalement, Le Grand Bleu n'y sortira qu'en 2002 avec plusieurs scènes coupées, à la demande de Maiorca. Malgré la fin du procès judiciaire, le plongeur ne pardonnera jamais à Besson de le dépeindre sous un rôle aussi déplaisant et caricatural dans le film.

Autre homme en conflit avec Luc Besson : Jean-Marc Barr. Celui qui joue le rôle de Jacques Mayol est devenu une icone pour les jeunes spectateurs de l'époque. Toutefois, cette image de romantique savamment entretenue par Besson va rapidement lui coller à la peau, chose qu'il aura du mal à vivre (en plus d'avoir l'impression de trahir l'existence réelle de son ami Jacques Mayol). A la différence de Jean Reno (interprète d'Enzo Molinari) qui va multiplier les collaborations avec le réalisateur, Jean-Marc Barr va rapidement choisir de s'en éloigner. En outre, dans une interview au Parisien en 2018, l'acteur va non seulement signifier qu'il n'a jamais regardé Le Grand Bleu jusqu'au bout, mais il va également confirmer sa relation froide avec le réalisateur :

On s'est perdus de vuej'essaie de ne pas prendre ce métier au sérieux et j'ai un sens de l'humour un peu poussé. Et celui de Luc est limité… Ça ne fait rien, moi je l'aime toujours mais c'est lui qui n'apprécie pas mon sens de l'humour, c'est tout !