Ce soir à la TV : l'autre très grand film de procès de 2023

Ce soir à la TV : l'autre très grand film de procès de 2023

Nommé huit fois aux César 2024, "Le Procès Goldman" est l'autre formidable film de procès français de l'année passée. Un grand film pour un fascinant portrait, adapté de l'histoire vraie de Pierre Goldman, célèbre activiste et bandit des années 60-70, diffusé ce soir sur Canal+.

Le Procès Goldman, une quête de vérité et d'humanité

L'année 2023 a consacré la cinéaste Justine Triet avec l'immense succès d'Anatomie d'une chute. Palme d'or du Festival de Cannes, Golden Globe et Oscar du Meilleur scénario original, six César obtenus sur onze nominations... Un triomphe historique qui a solidifié le statut prestigieux du cinéma français dans le monde. Mais qui a aussi, malgré lui, aussi fait de l'ombre à d'autres formidables réalisations. Notamment, au film de Cédric Kahn Le Procès Goldman, adaptation au cinéma du second procès et de l'acquittement du militant d'extrême-gauche et bandit Pierre Goldman, à Amiens en 1976.

Pierre Goldman (Arieh Worthalter) - Le Procès Goldman
Pierre Goldman (Arieh Worthalter) - Le Procès Goldman ©Ad Vitam Distribution

À la différence d'Anatomie d'une chute, Le Procès Goldman est un huis clos entre les murs du tribunal - à l'exception d'une séquence d'introduction dans le cabinet de son avocat Georges Kiejman. Le dispositif est donc très technique et c'est un pari : il revient essentiellement aux acteurs - notamment à Arieh Worthalter dans le rôle de Pierre Goldman, Arthur Harari dans le rôle de Georges Kiejman et Nicolas Briançon dans le rôle de l'avocat Henri-René Garaud - d'établir une vérité que la caméra de Cédric Khan tente alors de capter (notre critique ici).

En avril 1976, débute le deuxième procès de Pierre Goldman, militant d’extrême gauche, condamné en première instance à la réclusion criminelle à perpétuité pour quatre braquages à main armée, dont un ayant entraîné la mort de deux pharmaciennes. Il clame son innocence dans cette dernière affaire et devient en quelques semaines l’icône de la gauche intellectuelle. Georges Kiejman, jeune avocat, assure sa défense. Très vite, leurs rapports se tendent. Goldman, insaisissable et provocateur, risque la peine capitale et rend l’issue du procès incertaine.

Une performance majeure et grand succès critique

Rassemblant plus de 350 000 spectateurs dans les cinémas français, Le Procès Goldman se distingue surtout sur le plan critique, avec une presse unanime relevant les très nombreuses grandes qualités du film, et au premier rang de celles-ci la prestation de l'acteur principal Arieh Worthalter. Il est ainsi nommé huit fois aux César 2024, et remporte le César du Meilleur acteur pour Arieh Worthalter, auteur d'une performance d'une intensité et d'une précision rares. Il est à noter qu'Arthur Harari est aussi nommé à cette même soirée au César du Meilleur acteur dans un second rôle, et lors de laquelle il remporte le César du Meilleur scénario original pour Anatomie d'une chute, dont il est co-scénariste et acteur.

"Il ne défend pas la peau de Goldman, mais sa propre peau"

Rencontré au Festival d'Angoulême 2023, où il présentait alors Le Procès Goldman en avant-première, Cédric Kahn nous avait partagé son témoignage sur le travail d'Arieh Worthalter pour ce rôle.

"C'est un grand acteur qui rencontre un grand rôle. Je suis très obsessionnel sur le choix des acteurs. Si je ne le sens pas, si je trouve qu'il y a trop d'écart entre l'acteur et le rôle...  Je ne fais pas tellement confiance à la composition, à la fabrication. J'ai besoin de sentir que l'acteur va être inspiré par le rôle, qu'il va pouvoir faire entrer le personnage en lui. Mais une fois que j'ai cette confiance-là, je confie le rôle à l'acteur, je n'aime pas trop intervenir dans sa "chimie" intérieure. Arieh était très habité, il a bossé comme un fou, il a lu les bouquins, et il connaissait le texte sur le bout des doigts. Ce qui pour un film comme ça est essentiel."

Je le regardais faire et je me disais : "Il ne défend pas la peau de Goldman, mais sa propre peau." Je le sentais très habité par son personnage, donc je ne parlais pas beaucoup. De temps en temps, il se compliquait la vie. Il voulait refaire une prise, et je trouvais ça moins bien. Je lui disais alors : "Arieh, tu te compliques la vie. Ton premier instinct est le bon." Mon rôle était plutôt de l'apaiser, de le mettre en confiance, et de le filmer au maximum.