"Les Enfants du marais" a divisé la presse française à sa sortie en 1999, se faisant notamment qualifier de "pâté de campagne" et taxer de "pétainisme light". Des critiques qui ont blessé son réalisateur Jean Becker. Le film passe ce soir sur C8.
Les Enfants du marais : le havre de paix de Jean Becker
Avant Un crime au paradis et Effroyables jardins, Jean Becker dirige Jacques Villeret dans son cinquième long-métrage, Les Enfants du marais. Dans cette comédie dramatique sortie en 1999 et se déroulant en 1932, l'acteur prête ses traits à Riton, un homme simple qui noie un chagrin d'amour dans l'alcool et passe le plus clair de son temps avec Garris (Jacques Gamblin), rêveur profondément marqué par la Première Guerre mondiale.
Entre deux petits boulots, ils se retrouvent au bord de l'eau et sont souvent rejoints par Amédée (André Dussollier), Pépé la Rainette (Michel Serrault), enfant du coin ayant fait fortune et Marie (Isabelle Carré), domestique de laquelle Garris est amoureux. Suzanne Flon, Éric Cantona, Gisèle Casadesus, Jacques Boudet et Julie Marboeuf complètent la distribution du film, qui trouve son public en salles. Si le film réunit plus de 2,1 millions de spectateurs français à sa sortie, il se fait massacrer par une partie de la presse.
"Pâté de campagne", "pétainisme light"...
Tandis que Le Dauphiné Libéré vante le fait de "retrouver le plaisir d'un cinéma d'autrefois" et que Le Figaro compare Les Enfants du marais à "une bombe verte" dans "le paysage cinématographique français, plutôt noir et citadin", Libération n'est pas tendre avec le long-métrage. Dans les colonnes du quotidien, il est possible de lire (via Le Temps) :
Après avoir étalé la touffe d'Adjani devant la France ébahie dans son triomphal Eté meurtrier, Jean Becker signe Les Enfants du marais, pâté de campagne qu'il vend ces jours-ci sur l'air du film érigé contre la violence et le sexe au cinéma. On croit rêver.
Même son de cloche dans Le Monde :
Les figures de la mémé gâteau, du vilain bourgeois ou de la belle inaccessible fournissent le matériau de numéros de franchouillardises béates qui n'auraient pas paru de la première fraîcheur au temps des Branquignols. Personnages, paysages et péripéties ont à peu près l'ambition et le tonus des images qui accompagnaient autrefois les tablettes de chocolat: aujourd'hui, sur grand écran, ils relèvent au mieux d'un doux gâtisme, au pire d'un pétainisme light pour feuilleton télé.
Des critiques qui blessent Jean Becker à l'époque, comme il le confie au micro d'Allociné en 2012 :
Comme tout un circuit de critiques n'aime pas ce que je fais, d'une façon générale ils m'assassinent. Maintenant c'est passé, je m'en fous, ils peuvent dire ce qu'ils veulent, ça ne me touche plus. Mais à un moment donné, ça m'a touché, surtout sur ce film-là parce que j'ai lu le livre (de Georges Montforez, ndlr) à 20 ans, et j'ai dit un jour j'en ferai un film, pour montrer justement ce qu'était la ruralité, la vie simple. (...) Et que l'autre crétin me targue d'avoir fait un film pétainiste, alors là j'en suis pas revenu.