Les Hommes préfèrent les Blondes : retour sur une comédie mythique

Les Hommes préfèrent les Blondes : retour sur une comédie mythique

Voilà 65 ans que la comédie musicale de Howard Hawks, "Les Hommes Préfèrent les Blondes" a vu le jour. Marilyn Monroe et Jane Russell ont percé l'écran et rayonné aux quatre coins du globe, faisant fantasmer bien des spectateurs, auprès de qui elles sont devenues, surtout la blonde, de véritables symboles de séduction. Retour sur un film qui a marqué son époque et qui a révélé Monroe dans la comédie.

On est en 1954. Cette année là, Audrey Hepburn partage l'affiche avec Humphrey Bogart et William Holden de Sabrina, jouant les romantiques devant la caméra de Billy Wilder. Bien que le film rayonne avec une telle équipe, qu'il rencontre le succès et qu'il soit applaudi par la critique, le public, lui, est enchanté par un tout autre long-métrage qui a su marquer les spectateurs des salles obscures.

Quelques mois avant, la Fox sort une toute nouvelle production. Au casting on retrouve Jane Russell, que les studios se sont offert pour 150.000 dollars, et une étoile montante qui a transpercé l'écran avec sa moue et ses formes dans Niagara : Marilyn Monroe. Payée bien moins cher, à peine 15.000 dollars, les studios ont préféré l'embaucher elle plutôt que Betty Grable, une autre blonde, bien plus connue, qui a cette époque est incontournable et fait exploser le box office, mais qui a aussi des jambes assurées à 1 million de dollar chacune. Raison pour laquelle la Fox a préféré opter pour une actrice moins coûteuse.

Ce nouveau film, c'est une comédie, signée Howard Hawks, nommée Les Hommes Préfèrent les Blondes et adaptée de la pièce éponyme de Broadway joué entre 1949 et 1951. Deux vedettes de music-hall, Loreleï (Marilyn Monroe) la blonde explosive qui n'est attirée que par le patrimoine financier des hommes et Dorothy (Jane Russell) la brune foudroyante qui apprécie une belle musculature et l'aventure embarquent sur un paquebot en direction de la France...

Au simple nom du film, on comprend que la vedette n'a pas été choisie au hasard. Bien qu'à cette époque Russell soit l'une des actrices les plus cotées d'Hollywood, c'est Monroe qui se démarque et dont la plupart se rappelleront après la sortie du film et même aujourd'hui. Suite à la sortie de deux longs-métrages au registre dramatique, la jeune actrice, en contrat avec la Fox, accepte le rôle de Lorelei Lee, caricature absolue de l'idée qu'on se fait de la femme blonde, un personnage avide d'argent, qui séduit malgré elle et se révèle être un individu à la cervelle vide. La bimbo par excellence. Tout ce que Marilyn Monroe n'était pas, contrairement à ce que beaucoup ont toujours pensé. Pour Hawks, le parallèle entre l'actrice et son personnage était ce qui l'intéressait. Le jour de ses 26 ans, elle apprend que le réalisateur veut d'elle dans l'un des deux rôles titres de son film. Un choix que le cinéaste regrettera...

Une fois le tournage commencé, c'est une Marilyn Monroe irritante qui se présente sur le plateau. Éternelle insatisfaite, elle demande sans cesse à ce que les scènes soient refaites. Hawks est pourtant ravi du résultat, mais la comédienne, bègue depuis un traumatisme d'enfance et ayant un énorme souci de mémoire (Billy Wilder en deviendra fou sur le tournage de Sept Ans de Réflexion), ne fléchit pas. Pour ses scènes chantées, la production se demande s'il n'est pas préférable de la doubler. Des essais se font avec Marni Nixon (qui doublera Hepburn dans My Fair Lady en 1964) mais le résultat est une pure catastrophe. Ils décident alors de garder Monroe, bien qu'il ait été question pendant un tant de changer l'actrice, trop ingérable.

Avec un personnage qui reflette tout ce que désirent les hommes : une femme pulpeuse, aux courbes subtilement dessinées et aux allures d'une Jessica Rabbit, il était prévu que le rôle de Marilyn Monroe soit davantage creusé. La robe rose qu'elle porte lorsqu'elle chante Diamonds Are Girls Best Friendsentourée de soupirants, n'était pas la tenue choisie pour l'actrice au départ. Initialement, il était question d'une tenue faite de bandes de velours à strass, qui lui aurait enveloppée le corps. Mais finalement, le second choix aura tout autant marqué les esprits, permettant à la scène en question de devenir absolument culte.

En parallèle, Jane Russell, actrice archi-professionnelle fait un sans faute tout le long de la production du film. Hormis sa chute dans une piscine, que, de toute manière, le studio décidera de garder au montage du film. Avec un rôle tout aussi sorti de la réalité que celui de sa partenaire à l'écran, elle temporise le film, jouant la séductrice tout en subtilité, s'offrant une bande d'athlètes tout le long du film. Après tout on oublie pas les années 1940 qui ont fait de Jane Russell une célèbre pin-up.

L'alchimie qui se dégage de son duo avec Monroe enchante le public, et permettra aux deux actrices de laisser leurs empreintes devant le célèbre Chinese Theatre. Une consécration. Après ce film, les deux femmes sont d'ailleurs devenues très proches.

Résultat des courses : un film qui révèle Monroe dans le registre comique, bien qu'il finisse par un peu trop lui coller à la peau, et un box-office qui cartonne. 5,3 millions de dollars contre 4 millions pour Sabrina. Cela n'empêchera pas à Audrey Hepburn d'être révélée pour de bon, cette même année. Seule différence : elle n'a rien à voir avec les actrices séductrices du moment, se voit être nommée aux Oscars pour son rôle dans Sabrina et brillera à l'écran en 1961, au moment ou Monroe rencontrera un énorme creux de vague, grâce à Diamants sur Canapé, avec 14 millions de dollars au box-office.Un vrai jeu de chaises musicales...