[Critique] Lucky avec Harry Dean Stanton

[Critique] Lucky avec Harry Dean Stanton

Dans "Lucky", Harry Dean Stanton interprète un vieux cow-boy solitaire qui prend conscience qu'il va mourir. Avec ce rôle écrit pour lui, le comédien livre une ultime performance magistrale et profondément touchante.

Avec Lucky, Harry Dean Stanton a réussi à clore sa filmographie de façon magistrale, grâce à un rôle qui fait écho à sa vie et sa carrière. Dans ce long-métrage réalisé par John Carroll Lynch, le comédien incarne un cow-boy solitaire qui prend conscience qu’il arrive au terme de son existence. Épaulé par une petite communauté à laquelle il refuse d’appartenir, Lucky va peu à peu s’apaiser et se préparer sereinement à l’inéluctable.

Ecrit pour Harry Dean Stanton, Lucky résonne comme un formidable adieu à un acteur qui a traversé les époques dans le cinéma américain. Dès les premières scènes, où le héros fait ses exercices, le regard empli de mélancolie du comédien provoque l’attachement immédiat du spectateur.

Lucky présente une communauté touchante et soudée

Durant tout le long-métrage, chaque situation et dialogue apparemment anodins sont dévoilés de façon pertinente. Lucky a un quotidien extrêmement organisé, qui permet au spectateur de découvrir tous les membres de sa petite communauté. Au milieu du désert et de la chaleur écrasante, le héros va de visite en visite, ce qui donne lieu à des situations savoureuses.

Le protagoniste dévoile des attaches différentes avec chacun des personnages secondaires. Que ce soit avec la gérante d’une épicerie, le patron d’un diner ou ses amis qu’il retrouve au bar, Lucky se révèle bienveillant malgré sa misanthropie apparente. Le spectateur prend un immense plaisir à découvrir chacune de ces relations, au même titre qu’il se régale de voir le cow-boy errer avec énergie dans sa petite ville.

Critique de Lucky réalisé par John Carroll Lynch

Le héros porte bien son prénom puisque malgré son âge et son penchant pour la cigarette, le médecin lui annonce qu’il est en pleine forme. Néanmoins, les signes de sa vieillesse se font de plus en plus nombreux. Alors qu’il voit son corps s’affaiblir, Lucky comprend que son parcours initiatique n’est pas terminé, et qu’il va devoir accepter sa propre mort. Cette prise de conscience débouchera d’ailleurs sur une dernière partie bouleversante.

Un personnage qui se confond brillamment avec Harry Dean Stanton

Peu à peu, le discours du personnage change, ce qui rend le film encore plus doux et agréable. Le choix des cadres lumineux de John Carroll Lynch renforce, à merveille, cette impression.

Le personnage fait face à ses souvenirs, alors qu’il comprend qu’il ne lui reste que peu de temps. Certains d’entre eux font d’ailleurs directement référence à la vie de Harry Dean Stanton. Comme Lucky, l’acteur a lui aussi servi dans la marine, en tant que cuisinier, durant la Seconde Guerre mondiale.

Le spectateur ne fait donc quasiment pas de différence entre le personnage et son interprète. De plus, la présence au casting de certains de ses amis, à l’image de David Lynch ou Ed Begley Jr., accentue ce sentiment. Lorsque Lucky explique sa perception de la vie dans le dernier acte, l’émotion est logiquement à son paroxysme. Durant cette scène, le spectateur se dit qu’Harry Dean Stanton, décédé en septembre dernier, n’aurait pas pu mieux tirer sa révérence.

Critique de Lucky avec Harry Dean Stanton et David Lynch

A l’écoute des autres personnages qui l’influencent à travers de petits détails, Lucky permet au comédien de révéler une dernière fois sa palette d’émotions large et extrêmement singulières. Tout comme David Lynch a su le faire dans la dernière saison de Twin Peaks, John Carroll Lynch a parfaitement capté la profondeur et la magnifique tranquillité de Harry Dean Stanton.

Le réalisateur offre avec Lucky un très beau film sur la mort et les peurs qu’elle nous inspire. Acteur que l’on a vu notamment dans Zodiac ou Shutter Island, John Carroll Lynch a su, pour son premier long-métrage, s’effacer pour mieux faire rayonner son interprète. Quant à Harry Dean Stanton, qui va profondément manquer au cinéma américain, le comédien a trouvé avec Lucky le dernier grand rôle de sa vie.

 

Lucky de John Carroll Lynch, en salle le 13 décembre 2017. Ci-dessus la bande-annonce.

Conclusion

Note de la rédaction

Harry Dean Stanton fait ses adieux de façon bouleversante dans "Lucky".

Bilan très positif

Note spectateur : Sois le premier